Autrescitations de G.W.F. HEGEL : Heureux celui qui a conformĂ© sa vie Ă  ses projets. L’homme n’est rien d’autre que la sĂ©rie de ses actes. L’histoire est l’effort de l’esprit pour atteindre la libertĂ©. Parce qu’il est esprit, l’homme a une double existence. Écouter la forĂȘt qui pousse plutĂŽt que l’arbre qui tombe. RĂ©sumĂ© du document La conscience est utilisĂ©e d'un point de vue moral mais aussi psychologique. Ainsi, la conscience dĂ©signe l'Ă©tat intĂ©rieur d'un sujet mais aussi son devoir. La conscience morale semble fiable dans la mesure oĂč le devoir est compris comme une obĂ©issance Ă  une loi universelle. Cependant, la conscience psychologique s'avĂšre, dĂšs que la notion d'inconscient apparaĂźt, nĂ©cessairement trompeuse ... Sommaire IntroductionI Les ambitions de la conscience classiqueII L'Ă©branlement de l'inconscient freudienIII Qu'est-ce que la conscience ? Extraits [...] Dissertation philosophique La conscience peut-elle nous tromper ? La conscience est utilisĂ©e d'un point de vue moral mais aussi psychologique. Ainsi, la conscience dĂ©signe l'Ă©tat intĂ©rieur d'un sujet mais aussi son devoir. La conscience morale semble fiable dans la mesure oĂč le devoir soit compris comme une obĂ©issance Ă  une loi universelle. Cependant, la conscience psychologique s'avĂšre, dĂšs que la notion d'inconscient apparait, nĂ©cessairement trompeuse. Ainsi, nous verrons tout d'abord les ambitions de la conscience classique pour ensuit Ă©voquer l'inconscient freudien. [...] [...] Ainsi, il nous arrive frĂ©quemment de prendre conscience d'idĂ©es sans que nous en comprenions l'origine. MalgrĂ© que nous essayions de la trouver et que, par chance, nous la trouvons, il reste nĂ©anmoins Ă  comprendre pourquoi telle action a eu tel effet. DĂšs lors, Descartes trouve pour cause de son attirance envers les personnes louches, son amour de jeunesse qui louchait. Mais ne fait pas part au lecteur du pourquoi son esprit Ă  retenue cette particularitĂ© et pourquoi serait-elle la consĂ©quence de cette attirance. [...] [...] DĂšs lors, l'inconscient qui pĂ©nĂštre dans la conscience risque d'ĂȘtre superficielle et surtout trompeur. C. La conscience est moindre face Ă  l'inconscient Ce qui rend la thĂšse de l'inconscient vraisemblable, c'est qu'il permet d'expliquer des phĂ©nomĂšnes dont seule la conscience est apte Ă  se rendre compte. Ainsi, Freud montre, Ă  travers la thĂ©orie des rĂȘves, que leur contenu apparent et leur sens profond sont gĂ©nĂ©ralement des choses refoulĂ©es par l'homme. De plus, les nĂ©vroses ne peuvent ĂȘtre soignĂ©es uniquement parce que nous connaissons la prĂ©sence d'un inconscient capable d'influencer leurs comportements Qu'est-ce que la conscience ? [...] [...] La conscience, un effet ? Selon Marx, la conscience ne dĂ©termine pas l'existence de l'homme mais c'est l'existence de l'homme qui dĂ©termine sa conscience. Ainsi, en pensant que la conscience dĂ©termine l'homme, celui-ci se fait beaucoup d'illusions dans la mesure oĂč le sujet est contraint Ă  penser ou agir d'une façon par son appartenance Ă  sa classe sociale. B. Une conscience aliĂ©nĂ©e Or la conscience collective, autrement dit de classe n'est pas fiable car sen fonction des diffĂ©rentes classes on assiste Ă  une classification des consciences la bourgeoisie pense ĂȘtre seule alors que celle des ouvriers est aliĂ©nĂ©e. [...] [...] Cependant, cette prise de conscience de soi ainsi que de la nature n'est pas sans consĂ©quence. En effet, elle suppose que l'homme a la possibilitĂ© de maintenir le contrĂŽle de soi et de ses rĂ©actions face au monde extĂ©rieur. C'est en se connaissant le mieux que l'homme pourra maitriser ses rĂ©actions. C. La connaissance de soi constitue le sujet Ainsi, la prise de conscience commence indĂ©niablement par le fait de prononcer le je DĂšs lors, la conscience apparait comme constante Ă  travers tous les changements qu'elle peut subir. [...]
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1 La conscience, prise en charge de soi, pensĂ©e de soi. 2. L’intentionnalitĂ© ou la conscience comme sortie de soi, aller au-delĂ  de son petit soi, s’ouvrir. 3. La conscience comme lien de

Fiche de cours la conscience Conscience psychologique La conscience est Ă©tymologiquement un savoir » accompagnant l'existence, la pensĂ©e et l'action d'un sujet. Comme prĂ©sence Ă  soi et aux choses, la conscience est dite psychologique. I/ Conscience morale En se distanciant des objets sur lesquels elle porte, la conscience peut les juger elle peut Ă©valuer ce qui est les faits d'aprĂšs ce qui doit ĂȘtre les valeurs. En ce sens, la conscience est morale. A La conscience peut-elle nous tromper ? La conscience, illusion du sujet ? La conscience est ambiguĂ« si rien n'est connaissable sans elle comment savoir quelque chose sans en avoir conscience ?, elle n'en est pas moins sujette Ă  l'erreur et Ă  l'illusion. En effet, le sujet tend Ă  prendre ce dont il a conscience son point de vue particulier pour la seule rĂ©alitĂ© existante, et ainsi Ă  s'illusionner sur le rĂ©el. Le sujet, illusion de la conscience ? Or, l'illusion fondamentale du sujet conscient ne porte-t-elle pas sur lui-mĂȘme ? La conscience d'ĂȘtre un sujet vĂ©ritable n'est-elle pas la plus grande illusion ? Kant nous assure du contraire Le je prouve que j'agis par moi-mĂȘme, que je suis un principe et non un rĂ©sultat ». Se dire libre c'est se poser comme le sujet de ses actions et de sa pensĂ©e c'est moi qui agis et qui pense. C'est avoir conscience de soi comme d'un ĂȘtre ayant une identitĂ© personnelle unifiĂ©e, stable, et capable de se dĂ©terminer lui-mĂȘme. Mais cette conscience est-elle fiable ? La conscience d'exister comme sujet pensant prouve-t-elle vraiment l'existence d'un tel sujet, ou n'est-elle qu'une illusion ? Faut-il dire cogito je pense » avec Descartes, ou cogitatur ça pense » avec Nietzsche ? Mais si le sujet n'existe pas comme principe, disparaĂźt-il alors moralement, c'est-Ă -dire comme valeur ? L'idĂ©e de sujet conscient perd-elle toute valeur ? La rĂ©ponse de Descartes Le doute retournĂ© contre le scepticisme C'est pour vaincre le scepticisme, donc pour fonder le dogmatisme Ă©tablir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences », que Descartes entreprend de douter de tout. En effet, il voit dans le doute le moyen d'atteindre l'indubitable une pensĂ©e absolument certaine rĂ©sistant absolument au doute. Ce doute mĂ©thodique repose principalement sur les arguments du rĂȘve ne produis-je pas moi-mĂȘme toutes mes pensĂ©es ? et du malin gĂ©nie ne serais-je pas le jouet d'un ĂȘtre trompeur ?. Quelle garantie ai-je d'ĂȘtre bien rĂ©glĂ© » ou bien calibrĂ© » comme on le dit d'un instrument de mesure ? Qu'est-ce qui me prouve que ce Ă  quoi je pense existe vraiment et que mes idĂ©es correspondent Ă  la rĂ©alitĂ© ? Le cogito je pense donc je suis Descartes dĂ©couvre qu'une pensĂ©e rĂ©siste au doute c'est qu'il est vrai que j'existe, moi qui pense cogito, — si je n'existais pas, je ne pourrais ni penser ni douter de mon existence ! Je ne peux pas ne pas ĂȘtre, quand je pense que je suis. L'existence du sujet pensant ou doutant est une Ă©vidence indubitable. Mais que suis-je ? Je suis une chose pensante », une substance pensante et consciente un sujet absolu, un esprit, une Ăąme. La conscience est l'Ă©vidence fondamentale, la connaissance constituant le fondement et le modĂšle de toute vĂ©ritĂ© . Comment trouver des cours de philo ? B Avoir conscience, est-ce juger ? Une relation de soi aux choses et de soi Ă  soi Selon l'Ă©tymologie latine, la conscience est un savoir accompagnant quelque chose. Elle signifie donc que quelque chose est su par le sujet ; le sujet se sait en relation avec une rĂ©alitĂ©, perçue plus ou moins clairement. Conscience psychologique et conscience morale La conscience peut porter sur des faits ce qui est ou sur des valeurs ce qui doit ĂȘtre. Dans le premier cas, la conscience est dite psychologique. Elle est spontanĂ©e et/ou rĂ©flĂ©chie. Son objet est extĂ©rieur les choses ou intĂ©rieur la vie subjective ; prĂ©sent attention..., passĂ© souvenir, regret... ou futur attente, projet... ; possible hypothĂšse... ou impossible imagination, illusion.... Elle Ă©met des jugements de fait ou d'existence il y a ceci, ceci est cela
. Dans le second cas, la conscience est dite morale elle Ă©met des jugements de valeur. Elle est alors comme un juge intĂ©rieur, Ă©valuant ce qui est faits, actes, pensĂ©es
 d'aprĂšs ce qui doit ĂȘtre, c'est-Ă -dire d'aprĂšs des valeurs ou des normes morales, religieuses, politiques, juridiques, esthĂ©tiques.... Toute conscience est-elle morale ? Mais faut-il vraiment sĂ©parer la conscience psychologique de la conscience morale ? Ne serait-ce pas, comme le dirait Descartes, prendre une distinction formelle valable seulement en pensĂ©e pour une distinction rĂ©elle valable dans la rĂ©alitĂ© ? En effet, toute conscience est toujours un certain Ă©cart par rapport Ă  ce qui est. Or, toute prise de distance n'implique-t-elle pas une certaine Ă©valuation et un certain choix ? La conscience n'est-elle pas alors essentiellement morale ? La rĂ©ponse de Alain La conscience fait face Ă  ce qui est... Perdre conscience s'Ă©vanouir, c'est cesser d'ĂȘtre prĂ©sent Ă  soi et au monde. Au contraire, revenir Ă  soi, c'est revenir au monde, c'est-Ă -dire prĂ©cisĂ©ment Ă  autre chose que soi » Paul ValĂ©ry. La conscience psychologique fait qu'un ĂȘtre n'est pas seulement dans le monde une chose parmi les choses, mais est aussi devant le monde un sujet face Ă  un objet, ou face Ă  d'autres sujets . ... et le juge au nom des valeurs Or, parce qu'elle est l'acte par lequel l'esprit se dĂ©double et s'Ă©loigne Ă  la fois de lui-mĂȘme et des choses », la conscience permet la reprise critique de ce qui est. Parce qu'elle oppose ce qui doit ĂȘtre la norme Ă  ce qui est le fait, la conscience est toujours morale elle juge et elle incite Ă  rectifier ce qui n'est pas fidĂšle Ă  ses valeurs. La morale consiste Ă  se savoir esprit et, Ă  ce titre, obligĂ© absolument car noblesse oblige », conclut Alain.
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Ainsion comprend que la connaissance de soi est Ă  la fois un savoir et un dĂ©sir, qui ouvre sur un Ă©quilibre entre volontĂ© et humilitĂ© par lequel nous trouvons notre juste place dans le cosmos. Sans doute, l'injonction moderne du "connais-toi toi mĂȘme" qui s'exprime dans les expressions, comme "savoir s'affirmer", "avoir confiance en soi Quelques pistes La conscience est proche du savoir. Si elle n’est pas elle mĂȘme savoir, c’est en son sein que l’on peut dĂ©partager cette zone claire de la connaissance et celle obscure de l’ignorance. Il est possible d’avoir conscience de son ignorance, mais cette conscience est dĂ©jĂ  savoir de ses limites, des limites de sa connaissance. Ce savoir obscure n’est certes pas connaissance scientifique pas d’emblĂ©e, mais dĂ©sir de connaissance. Et il y a dĂ©jĂ  dans ce dĂ©sir le principe des connaissances Ă  venir qui sont dĂ©jĂ  anticipĂ©e sur le mode du pressentiment. La conscience n’est pas le savoir, mais le point d’entrĂ©e dans le savoir ; toute conscience n’est pas savoir, mais tout savoir apparaĂźt comme conscient, Ă  un certain degrĂ© de lui mĂȘme. L’étymologie le dit ce qui se fait avec conscience, se fait avec » science ». Ainsi, il est possible de faire quelque chose sans mĂ©thode, de rĂ©ussir en s’en remettant Ă  la chance, mais cette rĂ©ussite sera due au hasard et ne saura pas ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©e. Elle n’est vĂ©ritable rĂ©ussite, si en plus du rĂ©sultat s’adjoint ce rĂ©sultat supplĂ©mentaire qu’est la connaissance. Ce savoir n’est pas seulement le savoir de la chose, mais du processus qui a permis de la produire ou du moins de la viser, de la rencontre, de la saisir et de la connaĂźtre. La conscience est le prĂ©supposĂ© de toute connaissance, et tout connaissance, est la rationalisation de phĂ©nomĂšne conscients c’est Ă  dire l’ordonnancement selon les lois de la nature, des reprĂ©sentations que l’on s’en fait. La conscience ne saurait ĂȘtre dĂšs lors illusoire. Elle ne pourrait ĂȘtre Ă  la marge, mais seulement par dĂ©faut ce serait parce que l’on serait insuffisamment conscient que nous serions dans l’erreur. Mais en rĂ©alitĂ©, si l’on devenait pleinement conscient, la part des reprĂ©sentations qui sont admises se rĂ©duirait Ă  peau de chagrin, et il ne resterait plus que des certitudes, dont l’apodicticitĂ© nous assurait de la science. La conscience absolue est scientifique, et elle est ce qui met Ă  distance l’illusion et l’erreur. La conscience est source de clartĂ© et de connaissance, et non pas d’illusions. * I. A Descartes semble avoir ouvert la voie en ce qui concerne la mise en convergence de la science et de l’illusion. Ainsi, en dĂ©couvrant la conscience, Descartes rencontre le rĂ©el. Quand il cherche cette premiĂšre certitude, socle sur lequel fondĂ© son nouvel Ă©difice de savoir, il a rencontre cette chose qu’est la conscience en latin, chose se dit res », qui a donnĂ© rĂ©alitĂ© ». La rĂ©alitĂ© de la conscience, est cette premiĂšre certitude, cette rĂ©alitĂ© dont on ne peut pas douter et dont la prĂ©sence, la facticitĂ© se prĂ©sente avec le caractĂšre d’une Ă©vidence telle qu’on ne peut que reconnaĂźtre qu’elle existe. La conscience est une chose, et la connaissance de cette chose est assurĂ©e par l’évidence Ă  laquelle la conscience se prĂ©sente. La conscience a conscience d’elle mĂȘme sans l’ombre d’un doute, et cette absence de doute est le critĂšre de la connaissance. La conscience de soi, est immĂ©diate et par lĂ  la conscience se saisit se conçoit, se connaĂźt comme chose pensante. DĂšs lors, la conscience n’est pas source de l’illusion. Elle est source de pensĂ©es on pourrait reprĂ©senter les pensĂ©es effectivement comme un flux elles ne se juxtaposent pas dans l’espace, mais se dispose diachroniquement selon la ligne du temps, mais toutes ces pensĂ©es, qui s’écoulent dans le temps qu’ouvre la conscience, sont toutes rapportĂ©es au sujet, Ă  l’ñme dont l’attribue essentielle est la pensĂ©e. L’acte permanent de la pensĂ©e est ce par quoi la continuitĂ© dans le temps signale la substantialitĂ© du sujet. L’ñme est substance pensante. Et cela ne saurait ĂȘtre une source d’illusions. B. Pour autant, la conscience est source de toutes les reprĂ©sentations sur le rĂ©el. DĂšs lors, elle est source des reprĂ©sentations justes et des reprĂ©sentations fausses. Aussi si le fait de la conscience, ou mĂȘme le fait mĂ©taphysique de la rĂ©alitĂ© substantielle de l’ñme conçue comme chose pensante ne fait pas doute pour le rationaliste cartĂ©sien, il n’empĂȘche que des reprĂ©sentations fausses peuvent ĂȘtre reçue en la crĂ©ance de l’ĂȘtre conscient de lui mĂȘme. Tel est le destin de celui qui se fie aux opinions. Or, mĂȘme Descartes le reconnait dans la premiĂšre de ses trois maximes de la morale par provision, il n’est pas possible de faire autrement que de cĂ©der sur l’exigence de vĂ©rification de la science pour rĂ©pondre aux nĂ©cessitĂ©s de la vie. La vie imposant sans dĂ©lais de se positionner dans l’existence, il nous faut nous appuyer sur ces jugements prĂ©caires que sont les opinions pour nous orienter dans l’existence. Ainsi, la conscience en tant qu’elle n’est pas seulement le point de dĂ©part d’une reconstruction solide, selon les canons de la sciences, et de la mathĂ©sis universalis, en suivant des chaines dĂ©ductives Ă  partir de principes assurĂ©s, mais aussi le principe de l’action dans un environnement oĂč le possible et le contingent laisse place Ă  la dĂ©libĂ©ration et Ă  une part de latence dans la dĂ©termination, la conscience doit avoir Ă  s’y prendre Ă  des illusions qu’elle accepte en elle. Est ce Ă  dire pour autant que la conscience serait source de ces illusions qu’elle prend en sa crĂ©ance ? Les opinions, sont la plupart du temps, des opinions reçues. Il ne s’agit pas d’illusion produite mais reçue. Les jugements sont des prĂ©jugĂ©s, des jugements produits par d’autres. Certes il nous revient de nous assurer que ce que nous affirmons est vrai, et non pas prendre pour argent content ce que l’on nous assure ĂȘtre vrai, mais nĂ©anmoins il nous faire aussi confiance dans une certaine mesure, dans les tĂ©moignages pour des choses qui sont hors de notre portĂ©e. Il en va autrement en ce qui concerne le tĂ©moignage des sens. En effet, ce dernier est plus intĂ©rieur Ă  notre psychiques que les tĂ©moignages des autres, et si notre perception Ă©tait source d’illusion, Ă©tant donnĂ© qu’elle est part de notre conscience on parle de conscience perceptive alors, on pourrait dire que la conscience est trompeuse. Et il est vrai que dans la premiĂšre mĂ©ditation mĂ©taphysique, Descartes Ă©voque ce cas des illusions de sens, qui jette le discrĂ©dit sur l’ensemble de leur tĂ©moignage. S’ils ont pu nous tromper une fois, ils le peuvent sans doute Ă  nouveau. NĂ©anmoins, une puissance en nous semble Ă©chapper Ă  cette dĂ©rive, et c’est l’entendement le jugement, est ce qui rectifie les donnĂ©es illusoires de sens. Ce n’est pas les sens qui sont trompeurs, c’est le jugement qui est mal ajustĂ©. Dans les rĂ©ponses aux objections, Descartes donne alors l’exemple du bĂąton brisĂ© le jugement est ce qui rĂ©tablit la rĂ©alitĂ© de la rectitude du bĂąton, alors que les sens du fait de la diffraction de la lumiĂšre diffĂ©rente en fonction du changement de milieu. Il reste que le jugement n’est pas assurĂ© lui mĂȘme de ses fondements. On pourrait imaginer une forme de folie intĂ©rieure Ă  la conscience qui le soutient. C. C’est cette hypothĂšse que fait Descartes dans la premiĂšre mĂ©ditation. mais quoi ce sont des fous ? » cette phrase qui Ă©carte en apparence la possibilitĂ© de la folie, la rĂ©tablit en rĂ©alitĂ©, car Descartes s’adressant Ă  lui mĂȘme est comme dĂ©doublĂ©. Il y a en effet en lui une tendance Ă  jouer contre lui mĂȘme il se prĂ©sente l’hypothĂšse d’un rĂȘve, d’une illusion totale. Cet argument du rĂȘve, mis en scĂšne par le théùtre l’illusion Comique de Corneille ou le cinĂ©ma Inception de Nolan va jusqu’à affirmer la possibilitĂ© d’un malin gĂ©nie, d’un Dieu trompeur. La conscience serait soumise donc Ă  des manipulations et sujette Ă  des illusions. Elle serait comme source d’illusion. DĂ©jĂ  Platon avait soulevĂ© cette possibilitĂ© avec son allĂ©gorie de la caverne, mais la manipulation Ă©tait extĂ©rieure, et il Ă©tait toujours loisible au prisonnier sous le coup d’une illusion cinĂ©matographique de sortir de la caverne. LĂ , ce que l’on voit, c’est au contraire c’est que les illusions sont intĂ©rieures Ă  la conscience, et que le malin gĂ©nie est cette instance qui fait percevoir comme vraie car certaine, c’est Ă  dire claires et distinctes donc Ă©videntes des vĂ©ritĂ©s qui ne le sont pas. Ce n’est pas que le tĂ©moignage des sens qui est douteux, c’est le tĂ©moignage par notre esprit de l’expĂ©rience de la vĂ©ritĂ© qui l’est. NĂ©anmoins Descartes le montre, mĂȘme si la conscience est source d’illusion, il y a en pĂ©riphĂ©rie de ce monde inquiĂ©tant et familier, une certitude absolument indubitable celle de sa propre conscience. Si la conscience est sources d’illusions ne peut-elle pas ĂȘtre s’illusionner sur sa propre nature, et son propre pouvoir ? * II. A. La conscience peut s’illusionner sur la nature extĂ©rieure et constant que les limites de son pouvoir de connaĂźtre sont plus proches d’elle qu’elle ne le soupçonnait, rentrer dans un moment sceptique. Mais, ce doute peut Ă©galement, alors rebondir sur elle mĂȘme, se redoubler en doute de son pouvoir. Peut ĂȘtre que la libertĂ© qui semblait ĂȘtre la consĂ©quence de l’autarcie initiale dont une conscience se saisissant dans son concept est capable, est illusoire. Spinoza est celui qui objecte ainsi Ă  Descartes que le libre arbitre est une illusion, et les neuro sciences semblent lui donner raison dans une certaine mesure. La conscience serait alors non seulement sources d’illusions, mais elle serait en tant qu’entitĂ© autonome, et autarcique, entitĂ© mĂ©taphysique certaine de sa substantialitĂ© une illusion. Non seulement ce dont nous nous serions conscience seraient possiblement des illusions nous serions comme dans l’idĂ©alisme de Beckley en prĂ©sence des seules reprĂ©sentations de la rĂ©alitĂ©, sans jamais ĂȘtre certain de rencontrer la rĂ©alitĂ©, mais en plus, la conscience immĂ©diate que nous aurions de nous mĂȘmes seraient une illusion. Ou plutĂŽt il serait une illusion de dĂ©duire de cette conscience, une connaissance. Nous nous supposons peut ĂȘtre entitĂ© substantielle, mais cette supposition pour nĂ©cessaire qu’elle soit pour ordonner nos reprĂ©sentation n’en est pas pour autant une connaissance. Le moi, n’est qu’une pensĂ©e qui accompagne les autres pensĂ©es. Comme le dit Kant le je pense » accompagne toute mes reprĂ©sentations », mais il faut bien se garder de lui donner une rĂ©alitĂ© et de prĂ©tendre le connaĂźtre. B. Sans doute la thĂšse de Spinoza qui consiste Ă  faire de la conscience une Ă©mergence, n’est pas mois rĂ©ductrice que celle de Descartes qui en fait une chose pensante ». La chose qu’est la conscience serait alors assimilable au cerveau dont la conscience ne serait que l’émergence. La pensĂ©e n’est qu’un attribut d’une mĂȘme substance, le fantĂŽme qui surnage, Ă  travers les enchaĂźnements d’idĂ©e qui la traverse en parallĂšle des relations entre les corps qu’ils reflĂštent. L’illusion qu’est cette conscience ectoplasmique est expliquĂ©e par Spinoza comme Ă©tant, l’entretient d’une forme d’ignorance. Pour ce cacher cette vĂ©ritĂ© dĂ©rangeante, la conscience conspire contre elle, et fomente une obscuritĂ© qu’elle jette sur les causes rĂ©elles de ce qui lui arrive. Elle constate dans le corps dont elle est l’idĂ©e des changements dont elle se croit l’origine, alors que les causes lui sont extĂ©rieures. Cette ignorance des causes, et l’origine de l’illusion du libre arbitre. Cette illusion est doublement dommageable, car l’erreur se redouble en ignorance de cette erreur. Et cette boucle ferme la possibilitĂ© d’une correction possible. Il faut pour ĂȘtre plus libre, ĂȘtre conscience d’ĂȘtre plus dĂ©terminĂ© que l’on ne croit l’ĂȘtre. La conscience qui se prĂ©cipite dans le monde ne comprend pas que ce qui dĂ©termine l’action de l’individu qu’elle croit pilotĂ©e est extĂ©rieur Ă  cet individu. Ce qui lui revient en propre est de commencer Ă  se faire des idĂ©es justes sur le monde et donc Ă  commencer Ă  s’éclairer, Ă  se dĂ©ciller sur les illusions produites par l’imagination. C’est par une mĂ©taphore que Spinoza montre la voie les dĂ©monstrations sont les yeux de l’esprit ». Il faut ouvrir les yeux de l’esprit, et cesser de se laisser subjuguer par les illusions des sens, qui imprĂšgnent notre esprit Ă  travers cette facultĂ© hybride qu’est l’imagination. La connaissance est donc source d’illusion quand elle ne se soumet pas Ă  la rĂšgle logique es enchaĂźnement dĂ©ductif, par quoi l’ordre des choses s’impose Ă  elle Ă  l’encontre de l’ordre de ses reprĂ©sentations oĂč elle tend Ă  se faire le centre de tout. C. L’illusion commune Ă  Spinoza et Ă  Descartes, est l’illusion chosiste. Elle consiste Ă  passer du plan psychologique et descriptif de la conscience, ou plan ontologique et normatif de la connaissance. La conscience n’est pas une chose ni chose pensante, ni cerveau. Sa dĂ©couverte est Ă  la fois l’émergence d’une forme de modernitĂ© par quoi elle s’affirme comme point d’entrĂ©e d’un sujet Ă  partir de quoi le monde se dĂ©ploie dans son objectivitĂ© selon une perspective particuliĂšre, et en mĂȘme temps cette dĂ©couverte, cette surrection est immĂ©diatement l’objet d’une mĂ©prise. La connaissance prĂ©tendue de sa nature ontologique bouche la voie de l’exploration du champ qu’elle constitue. C’est l’empirisme d’un Locke, qui, par exemple viendra dĂ©crire les associations d’idĂ©es, les relations et comment Ă  partir de ces relations s’engendre comme terme supplĂ©mentaire la conscience de ces relations dans le champ mĂȘme que dĂ©gage Descartes par l’expĂ©rience du cogito. C’est expĂ©rience de la conscience, pour illusoire qu’elle soit quant Ă  la perception de ce qui la conditionne matĂ©riellement dans l’obscuritĂ© de notre organisme ne peut ĂȘtre niĂ© en tant que vĂ©cu. Et les reprĂ©sentations telles qu’elles sont vĂ©cues, peuvent ĂȘtre dĂ©crites avec quelque vĂ©ritĂ© si l’on se tourne vers elles avec une attention suffisante. La conscience une fois l’illusion chosiste levĂ©e, est la ressource d’une enquĂȘte sur notre vie de l’esprit. La suspension phĂ©nomĂ©nologique de la thĂšse du monde donne alors la marge de manƓuvre nĂ©cessaire Ă  la description de cette rĂ©gion de l’ĂȘtre par quoi l’ĂȘtre se manifeste. Elle n’est pas source d’illusion, mais le lieu de l’apparaĂźtre du vrai. III. A. La raison de l’illusion chosiste n’est peut ĂȘtre pas une raison contingente, une erreur d’inattention. Si la posture phĂ©nomĂ©nologique, la rĂ©duction qu’elle est nĂ©cessaire, et Ă  contretemps de l’attitude naturelle et nĂ©cessite une conversion du regard, c’est que la faute initiale que cette torsion, cette rĂ©volution copernicienne corrige n’est rien moins qu’accidentelle il s’agit au contraire d’une faute qui peut mĂȘme relevĂ©e d’une responsabilitĂ© morale, et qui comme le dit Blaise Pascal tient de notre propension Ă  nous faire le centre de tout. Ce qui vient faire Ă©cran au rĂ©el n’est pas une opinion mal examinĂ©e, mais une illusion secrĂ©tĂ©e par la conscience le moi ». Ce que Pascal dĂ©signe par la substantivation d’un adverbe, c’est cette substantialisation du sujet, produit spontanĂ©e de l’amour propre. Le moi est tyrannique, car alors mĂȘme qu’il n’a rien de particulier et d’une mĂ©chante banalitĂ© puisqu’il ne peut mĂȘme pas se dire autrement que par ce petit mot de deux lettres que tout le monde a en commun en français je », il s’estime comme Ă©tant le roi du monde. Cette absurditĂ© Ă©vidente et pourtant, et c’est le plus Ă©trange, une illusion trĂšs commune et rĂ©pandue, Ă  telle point que son Ă©normitĂ© passe totalement inaperçue. C’est pour expliquer la possibilitĂ© d’un tel paradoxe monstrueux, d’une telle auto hypnose collective que l’auteur des PensĂ©es en appelle Ă  la puissance explicative de l’imagination que Descartes appelle aussi la folle du logis ». Celle-ci est trompeuse, et d’autant plus qu’elle dit parfois la vĂ©ritĂ©. Elle n’est pas fiable mais extrĂȘmement persuasive elle s’adresse avant tout au sens, et mĂȘme si la raison la dĂ©ment, elle continue Ă  faire son effet. L’imagination est la reine du monde dit Pascal, en effet, elle est ce qui rĂ©git les rapports entre les hommes, mais Ă©galement les rapports de soi avec soi. Les ĂȘtres humains sont si peu enclins Ă  la vĂ©ritĂ© quant Ă  leur propre ĂȘtre, et surtout leur existence tournĂ© vers l’inessentiel au lieu de s’intĂ©resser aux questions les plus brulantes d’importance qu’ils ne peuvent accĂ©der Ă  la connaissance de soi qu’à travers le dĂ©centrement maximal conversion que leur propose la religion selon Pascal, Ă  travers la reconnaissance et l’imitation de JĂ©sus Christ. L’imagination est source d’illusion et la conscience est tramĂ©e d’imaginaire. Cette soi disant conscience de soi, est en rĂ©alitĂ© une imagination de ce que nous sommes, qui nous gĂ©nĂ©ralement une reprĂ©sentation sinon complĂštement fausse en tout cas tronquĂ© de nous mĂȘmes. Nous nous reprĂ©sentons comme nous voudrions qu’ils nous voient, et nous demandons aux autres comme Oronte dans le Misanthrope qu’ils nous disent ĂȘtre ce que nous voulons paraĂźtre. Tout ce théùtre lĂ  montre assez bien que le cƓur de l’ĂȘtre humain est vanitĂ©, et que, comme le dit si bien Shakespeare nous sommes faits de la mĂȘmes Ă©toffes que le songes et notre infime est cernĂ©e de brouillard ». La conscience jette de l’illusion sur le monde, afin de mieux se mĂ©connaĂźtre. B. Pour autant, l’ignorance dans laquelle nous sommes n’est pas totale, puisque nous pouvons la soupçonner. Et Socrate n’a pas tors de faire dĂ©boucher son connais toi toi-mĂȘme » sur le constat de ses limites la connaissance de son ignorance, puisque c’est le dĂ©but d’un savoir vĂ©ritable un savoir qui connaĂźtre les limites de son application possible, c’est Ă  dire un savoir critique. Nous ne sommes dans l’illusion non par ignorance absolument, mais par l’ignorance de ce qui limite nos connaissances. Nos connaissances sont partielles, mais elles sont suffisantes pour nous mettre en quĂȘte de connaissance vĂ©ritable, authentique, mĂȘme si celles ci sont paradoxales toutes les vĂ©ritĂ©s ne peuvent obtenir le mĂȘme degrĂ© de clartĂ© que les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques, c’est lĂ  une limite au platonisme. Il convient donc de chercher, mĂȘme si l’on n’est pas sur de trouver. La conscience se dĂ©couvre par lĂ , Ă  la fois avoir une texture inattendu non seulement, ce n’est plus une chose tendanciellement solide, ou en tout cas identifiable comme occupant une place donnĂ©e mais un flux, un ĂȘtre temporel qui s’écoule dans le temps ; mais en plus, cette conscience fluente, tramĂ©e d’illusion, mais de la mĂȘme texture que le temps dont elle explore le paradoxe d’une Ă©vidence rĂ©ticente Ă  ĂȘtre dite, a quelque chose d’un fonctionnement Ă  la dĂ©pense. Plus elle se dĂ©ploie dans la domaine de la quĂȘte de l’absolu qui viendrait complĂ©ter la misĂšre que la connaissance de soi rĂ©vĂšle l’absence de fond, de fondement, plus elle dĂ©couvre de ressource. La conscience apparaĂźt alors comme la ressource d’un dĂ©sir infini de vĂ©ritĂ©, si bien que quelque chose de cette vĂ©ritĂ© se rĂ©vĂšle au cƓur de ce dĂ©sir. C. Il y a dans l’expĂ©rience de la littĂ©rature, un tel paradoxe Ă  l’Ɠuvre certaines grandes Ɠuvres ont justement cette propriĂ©tĂ© Ă©trange de s’enrichir Ă  chaque fois que l’on vient y puiser, et finalement de se rĂ©vĂ©ler inĂ©puisable. Ainsi, l’usage ne les use pas, mais les enrichit. Ainsi, la recherche du temps perdu est Ă  la fois un exemple de ce type qu’une communautĂ© de lecteurs fidĂšles chĂ©rissent, mais aussi la thĂ©orisation d’un tel fonctionnement dans la maniĂšre dont Marcel devient Proust, Ă  travers la dĂ©couverte de l’épaisseur d’une temporalitĂ© qui double l’éternel prĂ©sent d’une vie mondaine frivole. De la mĂȘme maniĂšre la conscience, est s’il faut la voir comme un courant de pensĂ©e, un Ă©lixir de jeunesse par lequel l’individu rajeunit quand le corps d’un individu suit la pente inĂ©luctable du devenir des choses matĂ©rielles c’est Ă  dire la corruption. La conscience s’intensifie, se vivifie, et voit de plus en plus clairement des choses qui dans la dispersion de la jeunesse apparaissaient comme confuse. Ramasser en elle mĂȘme, elle revient Ă  une certaine intensitĂ© et clartĂ© qui illumine ceux qui avec une pauvretĂ© de moyens se laissent Ă©clairer par elle. * * * ElĂšve 2 La conscience apparaĂźt avec le vivant. On pourrait reconstituer ce concept chez Aristote Ă  travers la notion d’ñme. Il distingue trois types d’ñme vĂ©gĂ©tative, sensitive et noĂ©tique. L’ñme et par lĂ  la conscience serait liĂ©e Ă  la question du mouvement ; la conscience serait la conscience d’un mouvement et par lĂ  mĂȘme d’un Ă©cart avec un repos quelque chose qui reste identique Ă  soi. La conscience est par soi-mĂȘme mouvement, Ă©cart avec soi mĂȘme, extase par quoi elle se tourne vers l’autre que soi l’en soi est la nourriture du pour soi » de la conscience dans la phĂ©nomĂ©nologie. Cette conscience mouvante, et ce pour quoi il y a du mouvement, et par lĂ  mĂȘme aussi de la durĂ©e. La perception du temps et des Ă©carts entre temporalitĂ©s diffĂ©rentes est ce qui rend nĂ©cessaire la conscience. Ces diffĂ©rentes types de conscience, sont hiĂ©rarchiquement classĂ©es chez Aristote la conscience la plus haute est la conscience noĂ©tique, car c’est le pensĂ©e du devenir en gĂ©nĂ©ral. La pensĂ©e de ce qui meut toute chose, mais qui ne se meut pas le premier moteur est accessible par intermittence Ă  la pensĂ©e noĂ©tique. La phĂ©nomĂ©nologie, en hĂ©ritiĂšre de l’aristotĂ©lisme, suspend la rĂ©alitĂ© du monde pour la faire se reflĂ©ter dans le champ de la conscience transcendantale. Elle pense l’a priori corrĂ©lationnel, c’est Ă  dire les condition d’apparition des choses, des phĂ©nomĂšnes qui disparaissent au moment oĂč les phĂ©nomĂšnes apparaissent eux mĂȘmes. C’est cette conscience noĂ©tique, qui analyse le corrĂ©lat noĂ©tico-noĂ©matique de tout apparaĂźtre pour qui il y a du sens du monde, et qui apparaĂźt capable de dĂ©jouer les prĂ©jugĂ©s de l’attitude naturelle, c’est Ă  dire les illusions. Pour les autres types de conscience, si la part d’illusion est plus grande que la part de vĂ©ritĂ©, c’est qu’elle a une fonction vitale, et qu’elle est nĂ©cessaire Ă  la vie. Est ce que la conscience est spontanĂ©ment source d’illusions, Ă  quoi seule la conversion du regard phĂ©nomĂ©nologique fait exception ou au contraire, il y au delĂ  des illusions une part de vĂ©ritĂ© irrĂ©ductibles Ă  quoi la phĂ©nomĂ©nologie ne fait que retourner, en rendant la conscience rĂ©flexive par sa mĂ©thode de rĂ©duction ? En phĂ©nomĂ©nologie, il est nĂ©cessaire de distinguer l’apparence du phĂ©nomĂšne. Le phĂ©nomĂšne est ce qui apparaĂźt, mais n’est pas forcĂ©ment une apparence. Le phĂ©nomĂšne, c’est la chose telle qu’elle nous apparaĂźt. La chose n’est jamais dissociĂ©e de son mode d’apparaĂźtre ; c’est lĂ  l’apport de la phĂ©nomĂ©nologie. La science elle-mĂȘme, qui prĂ©tend dĂ©crire le monde tel qu’en lui mĂȘme, qui l’objective, et qui le dĂ©crit indĂ©pendamment du point d’observateur que l’on a construit sur lui, est le prolongement de l’attitude naturelle, en soi naĂŻve. La science a des prĂ©supposĂ©s, qu’elle n’interroge pas et dont elle se soutient. Il ne s’agit pas avec le sceptique de critiquer la science, et de la dĂ©couvrir non objective. Au contraire, c’est son objectivitĂ© qui la rend nĂ©cessairement doublĂ©e de prĂ©supposĂ©s ininterrogĂ©s. La phĂ©nomĂ©nologie interroge les conditions de l’apparaĂźtre des choses, que n’interroge pas la science et qui en cela recouvre le champ de la conscience, le masque par l’attitude objectivante de la science. L’illusion n’est donc pas du cĂŽtĂ© de celui qui rĂ©affirme la nĂ©cessitĂ© de dĂ©crire le vĂ©cu de la conscience, mais du cĂŽtĂ© de celui qui croit pouvoir sauter au dessus de son ombre et dĂ©crire les choses telles qu’en elles-mĂȘmes, sans jamais prĂ©juger de ce qu’elles sont. Le neurocentrisme est par exemple une attitude soutenue par des prĂ©supposĂ©s nĂ©cessaires. Il est possible de dire deux choses donc qui ne sont qu’en apparence contradictoires d’une part, la conscience d’objet scientifique ou du commun en masquant les conditions d’apparaĂźtre, est source d’illusion l’objectivitĂ© est une illusion, d’autre part, la conscience en tant qu’elle est capable de devenir conscience rĂ©flexive est la source du dĂ©passement des illusions, et de l’interrogation des prĂ©supposĂ©s. Kant fait lui aussi la diffĂ©rence entre phĂ©nomĂšne et noumĂšne. Le noumĂšne, la chose en soi, est ce qui ne peut qu’ĂȘtre pensĂ© et ne pas ĂȘtre connu. Il serait illusoire de croire que nous puissions la connaĂźtre. Nous n’avons accĂšs qu’à l’apparaĂźtre des choses, qui sont en rĂ©alitĂ© conditionnĂ©e par la subjectivitĂ© transcendantale de notre espĂšce les phĂ©nomĂšnes apparaissent dans l’espace et dans le temps, dans la rĂ©alitĂ© qu’il appelle Wirklichkeit », c’est-Ă -dire le monde du devenir, Ă  quoi l’on ne peut pas Ă©chapper. Les noumĂšnes sont au contraire sur un autre plan Ă  quoi l’on ne peut pas accĂ©der. On peut juste penser qu’il y a quelque chose Ă  quoi l’on ne peut pas accĂ©der et qui nous est pourtant nĂ©cessaire pour penser la cohĂ©rence du plan phĂ©nomĂ©nal. Si l’intĂ©gralitĂ© des reprĂ©sentations d’une chose doit avoir une cohĂ©rence, c’est qu’elles sont toutes rapportables Ă  cette idĂ©e transcendantale, la chose en soi, qui est l’horizon unifiant de toutes les reprĂ©sentations que nous en avons. Elle s’esquive et s’esquisse derriĂšre chacune des phĂ©nomĂ©nalisations que l’on en a. Les objets du monde, font partie de ces choses que l’on vise Ă  travers les reprĂ©sentations que l’on a d’elles, mais les sujets conscients que nous sommes le sont aussi ; ils le sont mĂȘme en premier lieu. Le noumĂšne ici, cette chose en soi, est rĂ©ellement sur un autre plan que ces entitĂ©s phĂ©nomĂ©nales, car contrairement Ă  elles qui sont soumises aux lois de la nature, qui circonscrivent le possible, et explicitent les interactions dont sont capables les objets, par des lois nĂ©cessaires, les sujets sont libres. On devine alors que cet en-soi du sujet libre est ce qui Ă©chappe par excellence Ă  l’individu en question. LĂ©vinas est un phĂ©nomĂ©nologue qui voit dans le rapport au visage, l’apparaĂźtre de la transcendance, quelque chose d’inobjectivable la libertĂ©, l’absolue singularitĂ© d’autrui. L’objectivation du visage la reconnaissance faciale, le dĂ©tail des Ă©lĂ©ments qui le composent
 n’est pas le rapport au visage, c’est Ă  dire Ă  la personne. C’est le rapport Ă  la face, Ă  ce qui est matĂ©riel, est visible, factuellement identifiable. L’identitĂ© dont il s’agit dans cette façon de se laisser troubler par l’apparaĂźtre de l’autre, qui vient me dĂ©ranger dans mon propre rapport rĂ©flexif Ă  mon identitĂ© consciente, c’est l’ipsĂ©itĂ©. L’identitĂ© dans la diffĂ©rence, l’identitĂ© de la conscience avec elle mĂȘme, n’est jamais figĂ©e comme dans l’en soi des choses, elle est mobile et vivante. Elle se rĂ©cupĂšre Ă  travers l’infinie variĂ©tĂ©s des modulations vĂ©cues, des Ă©tats de conscience l’autre est avant tout ce qui vient, dans une vĂ©ritable rencontre, perturber ce rapport de moi Ă  moi, en s’adressant Ă  moi, de maniĂšre tacite, par la simple exposition de sa vulnĂ©rabilitĂ©, de la nuditĂ© de sa face, demander d’ĂȘtre pris en charge. Il y a quelque chose ici d’une relation singuliĂšre et Ă©thique, qui ne peut pas ĂȘtre rĂ©sorbĂ©e dans le dĂ©jĂ  connu, qui s’impose comme Ă©vĂ©nement et comme nouveautĂ©. Si la relation est Ă©thique, c’est qu’elle transforme et bouleverse ; elle impose Ă  l’individu de s’engager, et de neutraliser sa tendance au repli, au quant Ă  soi on ne peut pas dire, comme dans la mauvaise foi sartrienne, ce n’était pas moi », je n’y Ă©tais pas ». On est convoquĂ© en personne. On cesse alors de jouer un personnage », de faire comme si le rĂŽle auquel nous nous adaptons Ă©tait Ă©crit d’avance. Nous sommes dĂ©muni, jetĂ© dans le monde, en charge de la responsabilitĂ© de nos actes, voire de la responsabilitĂ© de ce que les autres font en notre nom. La conscience en dĂ©passant l’illusion de l’objectivitĂ©, devient vĂ©ritablement Ă©thique, sincĂšre et engagĂ©e subjectivement, par quoi elle rencontre un Ă©clat de vĂ©ritĂ© quant au sens de son existence. * ElĂšve 3 L’illusion est dans sa forme sociale, une tromperie, une manipulation. L’illusionniste, est celui qui en manipulant des objets cartes, foulards, articles de foire etc. produit des effets Ă©tonnants, et inattendus. Nous nous attendons Ă  voir quelque chose et autre chose, qui semble dĂ©roger aux lois de la causalitĂ© surgit un lapin hors d’un chapeau, une cigarette d’une oreille etc.. En allant voir un illusionniste nous nous attendons Ă  ĂȘtre surpris, et nous sommes heureux de l’ĂȘtre quand le tour fonctionne. C’est ce qui le distingue du pick pocket on paye pour ĂȘtre trompĂ© quand on va au spectacle alors que l’on est en colĂšre de s’ĂȘtre fait dĂ©rober de l’argent dans l’autre cas. L’illusionniste de talent est celui qui instrumentalise nos rĂ©flexes perceptifs afin de faire croire Ă  un enchantement, un mirage en dĂ©tournant l’attention de ce qu’il y a Ă  voir pour que l’escamotage puisse avoir lieu et que la carte rĂ©apparaisse dans un endroit que l’on ignorait auparavant, le miracle du spectacle a lieu. Personne n’est dupe, mais l’illusion n’est pas seulement celle basĂ©e sur les conventions théùtrales, faisant voir Oreste lĂ  oĂč un acteur joue un rĂŽle ; le tour a pris quand le trucage que tout le monde prĂ©suppose derriĂšre l’apparence, n’apparaĂźt pas. Il demande Ă  ce qu’on le suive, l’écoute, il joue avec notre attention et en rĂ©alitĂ©, il se joue de notre attention, en dĂ©jouant sa vigilance. Nous sommes heureux qu’il nous trompe car nous savons qu’en rĂ©alitĂ©, le principe de non contradiction les mĂȘmes choses produisent les mĂȘmes effets » n’est pas dĂ©jouĂ©. La contradiction n’est pas dans les choses, mais dans le discours qui nous demande notre confiance pour la trahir naturellement, il y a un contrat de confiance initiale qui rend Ă©trange cette confiance que l’on donne pour se faire tromper. Cette attention qu’il nous demande est doublĂ©e par un intĂ©rĂȘt Ă©trange qui consiste Ă  la fois Ă  dĂ©sirer ĂȘtre trompĂ©, et en mĂȘme temps, dĂ©sirer relever le dĂ©fi consistant confondre le truqueur, ĂȘtre plus malin que lui, avoir un coup d’avance sur lui. Cela arrive rarement, mais c’est ce mĂȘme intĂ©rĂȘt, trĂšs puissant, que l’on suscite quand on produit du sensationnel, quand on veut attirer par des rĂ©vĂ©lations, la prĂ©sentation des choses cachĂ©es les foires, les monstres, les curiositĂ©s etc. Les films de Fellini interrogent cette pulsion au cƓur de l’ñme humaine Ginger et Fred, Fellini Roma etc. Ces films dĂ©montrent que le trucage fonctionne encore, quand il s’agit non pas tant de le faire fonctionner, que de montrer comment il fonctionne. L’illusion, la duperie est peut ĂȘtre d’ailleurs d’autant plus grande qu’on prĂ©tend nous rĂ©vĂ©ler l’arriĂšre du dĂ©cors. C’est lĂ  ce que dĂ©nonçait dans les annĂ©es 70 Guy Debord dans la sociĂ©tĂ© du spectacle » rien n’échappait au rĂšgne du spectaculaire, mĂȘme la critique Ă©tait rĂ©intĂ©grĂ©e au socle de cet univers qu’elle critiquait. Le critique de la sociĂ©tĂ© du spectacle est interviewĂ©, passe sur les plateaux tĂ©lĂ© etc. C’est dire si la conscience est Ă  la fois ce qui prĂ©tend distinguer le vrai du faux, et en mĂȘme temps ce qui se laisse tromper alors mĂȘme qu’elle se croit rĂ©aliste. Peut ĂȘtre que cette illusion cette demande de spectaculaire est une demande profonde de la conscience, peut ĂȘtre que ce besoin trahit le fait qu’elle est l’origine de cette illusion, et que c’est elle qui est la ressource de ce mensonge. La conscience qui est au spectacle est toujours en train de voir comme, et ne voit jamais que ce qu’elle sait ou prĂ©tend savoir. Elle n’est qu’en contact avec elle mĂȘme et ses prĂ©jugĂ©s. Notre cerveau, par le biais de raccourcis qui lui sont nĂ©cessaires et qui sont adossĂ©s sur l’habitude laisse la place Ă  des illusions possibles. Des croyances conscientes d’ĂȘtre des croyances glissent alors peu Ă  peu dans la catĂ©gorie des croyance ignorantes d’elles mĂȘmes des croyances qui se prennent pour le savoir. Les individus qui sont habituellement attentifs Ă  la situation qui les environnent, deviennent caricaturaux ils rĂ©pĂštent des gestes qu’ils ont dĂ©jĂ  fait, dĂ©rapent en se rĂ©fĂ©rant Ă  d’autres contextes qui ne sont pas les bons, et paraissent alors hors d’eux mĂȘmes, dĂ©boussolĂ©s, dĂ©calĂ©s. Ils font rire ou ils inquiĂštent, ils sont semblables Ă  des automates ou Ă  des zombis le rire du Bergson, c est du mĂ©canique plaquĂ© sur du vivant ». Bergson parle d’une illusion propre Ă  la conscience qu’il nomme illusion cinĂ©matographique ». Sa conscience fonctionne comme le cinĂ©matographe, elle recompose le mouvement Ă  partir d’une sĂ©rie de position fixe. Ce serait le cƓur du mensonge ce que l’on appellerait mouvement est une illusion de mouvement. Pour Bergson en effet, l’homme est avant tout, homo faber, et les exigences de cette activitĂ©s fabricatrice sont telles qu’il ne doit sĂ©lectionner dans le monde que ce qui lui est utile. Ce qui est lui utile apparaĂźt comme identifiable, c’est Ă  dire rĂ©identifiable, c’est Ă  dire fixe. Il s’intĂ©resse Ă  ce qui est semblable et oublie ce qui diffĂšre. Or, par excellence, ce qui diffĂšre, c’est le passage du temps, et c’est cette conscience du temps qu’il laisse par excellence Ă©chapper. La conscience en tant que conscience fabricatrice est source de cette illusion cinĂ©matogrpahique qui consiste Ă  ramener le mouvement Ă  une sĂ©rie de positions fixes ou bien Ă  rapporter le temps Ă  du spatial, comme par exemple la flĂšche du temps d’une frise chronologique. Cette illusion est nĂ©cessaire en ce qu’elle permet la pratique, mais il est possible Ă  la conscience de fonctionner aussi Ă  contre emploi, de revenir sur ce qui vient avant le tournant de l’expĂ©rience » par quoi elle se spĂ©cialise ; cette conscience s’inscrit alors dans le flux vital, et reprend un contact avec l’expĂ©rience vĂ©cue du temps. Cela peut ĂȘtre l’expĂ©rience de la durĂ©e conscience, mais c’est aussi une expĂ©rience beaucoup plus vaste l’expĂ©rience de la vie. La conscience est Ă  la fois en tant que conscience d’une rĂ©alitĂ© utile pour l’espĂšce, source d’une illusion quant Ă  la nature vĂ©ritable des choses, mais aussi capable, suite Ă  une conversion du regard Ă  saisir l’en soi des choses, inutile, mais vrai. Les artistes incarnent par excellence cette virtualitĂ© de la conscience se libĂ©rant des prĂ©jugĂ©s de l’usage. * ElĂšve 4 La conscience individuelle est notre point d’entrĂ©e dans le monde. Elle jette parfois sur le monde une coloration qui est subjective et qu’elle prend pour la nature des choses. Les choses apparaissent comme autres qu’elles ne sont. C’est par exemple, le cas d’une illusion d’optique rapportĂ©e par les Ă©picuriens, les tours au loin qui apparaissent comme carrĂ©es. Ce type d’illusion nĂ©anmoins mĂȘme s’il a son origine dans le sujet les organes de la perception n’est pas Ă  proprement parler Ă  rapporter Ă  la conscience elle mĂȘme. La conscience est plutĂŽt ce qui est capable, pourvue qu’elle fasse appel Ă  l’entendement, ce qui vient corriger ce que les sens produisent. Ainsi, le jugement redresse le bĂąton que les sens font percevoir brisĂ© dans l’eau Descartes. La conscience est source de vĂ©ritĂ©, et les sens d’illusions. Ils ne sont pas fiables mais trompeurs. La tromperie est extĂ©rieure Ă  la conscience, jusque dans le cas oĂč le malin gĂ©nie viendrait Ă  nous faire percevoir pour vrai des idĂ©es claires et distinctes alors qu’elles sont fausses. Pour autant, l’illusion, n’est pas forcĂ©ment de ce type. Il peut y avoir des fantasmes qui sont plus puissants que ces illusions d’optique. Ainsi, percevoir quelque chose autrement qu’il ne l’est les tours rondes que l’on perçoit carrĂ© ; le bĂąton que l’on perçoit brisĂ© etc. est autre chose que percevoir quelque chose lĂ  oĂč il n’y en a pas. On parle alors d’une hallucination. Hamlet perçoit le corps de son pĂšre, alors qu’il est mort. Il est le seul Ă  le percevoir. Et ce qu’il perçoit en rĂ©alitĂ© n’est rien. C’est une production de son esprit. Un esprit faux est un esprit dont la conscience fait percevoir les objets qui Ă  l’extĂ©rieur n’existent pas. C’est une conscience qui n’a plus de rapport avec le monde extĂ©rieur mais Ă  soi mĂȘme. Par exemple, le mythomane qui croit Ă  ses dĂ©lires, et croit que le monde se conforme Ă  ses dĂ©sirs. Ou bien ces fous dont parle Descartes dans la premiĂšre mĂ©ditation et qui considĂšre qu’ils n’ont pas de corps, ou que leur corps est fait de verre, qu’ils se briseront au moindre choc avec quelque chose d’extĂ©rieur. Cette illusion serait non pas due Ă  quelque chose d’extĂ©rieur Ă  la conscience, d’objectivable comme la modification de la tempĂ©rature de l’air qui produit les illusions d’optiques Ă  l’origine des mirages, mais des productions de l’esprit lui-mĂȘme. La folie serait finalement le cas oĂč la conscience ne serait plus l’instance qui nous met en contact avec le rĂ©el, mais au contraire, celle qui nous en dĂ©tourne. Le fou ce serait quelqu’un dont la conscience serait malade, qui n’aurait plus accĂšs au rĂ©el comme il se doit, et serait constamment dans une forme d’illusion appelĂ© dĂ©lire dĂ©lire de persĂ©cution, oĂč l’individu croit entendre des personnes comploter contre lui, fantasme qui consiste Ă  percevoir des choses qui n’existent pas, affabulation oĂč l’on raconte des histoires. Descartes met de cĂŽtĂ© ces ĂȘtres dĂ©rangĂ©s, et se dissocie de leur compagnie quand il se demande si lui-mĂȘme n’est pas en train de le devenir en faisant son hypothĂšse hyperbolique du doute radical mais quoi, ce sont des fous ! » Michel Foucault, dans L’Histoire de la Folie le lui a bien reprochĂ© ce geste serait contemporain du grand enfermement. C’est Ă  dire de l’époque oĂč la construction de la rĂ©alitĂ© partagĂ©e du bon sens » dont parle Descartes au dĂ©but du Discours de la MĂ©thode est en fait rendue possible, par l’exclusion d’un certain nombre de personnes de ce partage. Il ligne de partage sĂ©pare ceux dont les reprĂ©sentations sont conformes avec l’ordre Ă©tabli de ceux qui sont des marginaux les pauvres, les malades, les fous, les criminels etc. Cette exclusion est fondatrice de la raison plus que ne le veulent le reconnaĂźtre les personnes que favorise une telle dĂ©marcation. Ainsi, alors que la raison est le discours qui a pu rendre compte de la folie jusqu’à notre Ă©poque en niant au fou la possibilitĂ© de s’exprimer, il s’agit de faire parler la folie pour essayer de dire quelque chose sur la raison. La raison se soutient de ceux qu’elle exclut. Elle trouve son origine non pas en elle-mĂȘme, mais elle se dĂ©finit par diffĂ©renciation d’avec ce qu’elle rejette en dehors d’elle. La violence faite aux fous, aux exclus, au nom de la raison, dit plus de choses sur elle, qu’elle mĂȘme. Ce qu’elle dit d’elle est mĂȘme, est en Ă©cart avec ce qu’elle est. Le savoir rationnel est liĂ© Ă  des techniques de pouvoir par lequel il s’impose. Les systĂšmes de sĂ©lection et de validation, s’auto-lĂ©gitiment et se renforcent pour les personnes qui y participent car finissant par ne plus soupçonner aucune extĂ©rioritĂ©, mais finalement, ils ignorent tout extĂ©rieur possible. Il nie ce qui ne vient pas les renforcer, et produisent des effets qui relĂšvent aussi de l’illusions. La raison ne serait pas raisonnable, et elle sĂ©crĂ©terait la folie en Ă©teignant d’autres perspectives sur le monde possible, car les frappant d’invaliditĂ©. La raison serait en son fond l’origine de la folie, et la folie serait le lieu oĂč l’on pourrait deviner les non-dits de la raison Ă  partir de quoi elle s’éclaire. Kant avant Freud avait dĂ©jĂ  soupçonnĂ©, que les illusions n’étaient pas seulement liĂ©es Ă  des dĂ©faillances du sujet mĂȘme si toujours Ă  ses limites, Ă  sa finitude, mais aussi Ă  la nĂ©cessitĂ©. L’illusion ne serait pas une dĂ©faillance, mais quelque chose qui a une fonction de rĂ©gulation pour notre psychique. Elle ne serait pas l’exception, l’écart Ă  la norme, mais la norme elle-mĂȘme, Ă  partir de quoi il faut repenser la pathologie comme nouvelle norme. Nietzsche dĂ©crivait la grande santĂ© comme la capacitĂ© Ă  se rendre malade pour pouvoir produire une nouvelle norme, un nouvel Ă©quilibre, qui n’est pas prĂ©dĂ©terminĂ© par l’équilibre biologique hĂ©ritĂ© de l’espĂšce. L’ĂȘtre humain en tant qu’ĂȘtre technique, et l’ĂȘtre qui expĂ©rimente d’autres Ă©quilibres que ceux naturels. Il vit toujours sur le bord d’une crise, d’une catastrophe qu’il doit alors corriger par d’autres innovations qui fonctionnent comme des remĂšdes toujours susceptibles d’ĂȘtre transformĂ©s en poison. Les illusions de la raison, sont chez Kant, ce qui permet Ă  la raison de s’orienter dans le monde. Le monde, l’ñme et Dieu sont des concepts rĂ©gulateurs, qui produisent des promesses, alors qu’ils ne seront jamais rejoints car la rĂ©alitĂ© qu’ils dĂ©signent n’est pas totalisable, reste ouverte. Or, ils doivent ĂȘtre prĂ©supposĂ©s pour se mettre Ă  connaĂźtre si le monde n’était pas cohĂ©rent, unifiĂ©, il n’y aurait pas de sens Ă  en chercher ses lois. Mais cette cohĂ©rence ne sera jamais que postulĂ©. C’est la conscience en tant que fini, qui sĂ©crĂšte cette illusion prĂ©sentable sous la forme d’antinomie il est par exemple aussi probant de dire que le monde ait eu une origine qu’il soit Ă©ternel, mais ces illusions lui sont nĂ©cessaire au bon fonctionnement. La folie est donc ce qui travers la raison la plus pure, qui se scinde en deux, devient schizophrĂ©nique, et se convoque Ă  son tribunal critique afin de se poser des bornes. Il est sans ce dĂ©tour par la question des limites de nos pouvoirs de connaĂźtre question centrale de la Critique de la Raison Pure, nous rencontre compte que l’illusion est parfois nĂ©cessaire Ă  notre Ă©quilibre. De la mĂȘme maniĂšre que certaines douleurs devenant insupportables, nous font tomber dans les vapes, de la mĂȘme maniĂšre, certaines vĂ©ritĂ©s sont trop intenses pour ĂȘtre supportĂ©e par une conscience. Dans Ecce Homo, Nietzsche parle ainsi du degrĂ© de vĂ©ritĂ© qu’un esprit peut supporter, et de la dose de vĂ©ritĂ© qu’il peut oser, comme mesure de la valeur. La vĂ©ritĂ© n’est pas soutenable, et l’illusion nous est nĂ©cessaire Ă  vivre. Freud parle lui de dĂ©nĂ©gation. Si le rĂ©el Ă©tait visible, il nous empĂȘcherait de vivre. Cette demande de vĂ©ritĂ© n’est pas naturelle, elle est le mĂȘme le signe d’une perte de vitalitĂ©. L’illusion est plus pragmatique, plus efficiente. Vivre dans le mensonge a quelque chose de rassurant. Tel est le reproche que Freud adresse Ă  la religion il y a une part d’infantilisme. La demande adressĂ©e au Dieu par les rites et les priĂšres, est une demande de protection qui prend la suite de la demande adressĂ©e au pĂšre quand l’homme Ă©tait enfant. Cette demande reste alors que les parents s’absentent ou que les rĂŽles s’inversent, et pour la satisfaire, l’imaginaire, produirait par idĂ©alisation cette entitĂ© Ă  laquelle on espĂšre si on lui obĂ©it obtenir la garantie de ce qui viendrait Ă©teindre notre angoisse la vie aprĂšs la mort, la guĂ©rison des souffrances etc. Telle est la thĂšse de L’Avenir d’une Illusion. Pour Freud la conscience, en tant qu’elle est la consĂ©quence du refoulement de la pulsion, est une demande d’illusion. L’inconscient est la vĂ©ritĂ© de ce dont la conscience est le mensonge. Elle est Ă©tayĂ©e sur l’ignorance volontaire de pensĂ©es refoulĂ©es. Ces pensĂ©es refoulĂ©es par l’instance du surmoi garante des valeurs intĂ©riorisĂ©es de la culture, font parties intĂ©grantes de la personnalitĂ© psychique, puisqu’elles expliquent mieux que les pensĂ©es conscientes, la plupart des actions dont la portĂ©e consiste Ă  essayer de les contourner ce qui nĂ©cessite de les prĂ©supposer. La conscience est la source d’une illusion, dont le centre lui extĂ©rieur car rĂ©sidant dans l’inconscient. * ElĂšve 5 L’ĂȘtre humain est un ĂȘtre dont la nature est plastique. Il n’est pas dĂ©fini par avance par un programme gĂ©nĂ©tique, biologique aucun sĂ©quençage d’ADN ne pourra jamais prĂ©dire qui sera criminel de qui ne le sera pas. Il n’est pas plus guidĂ© par les Dieux ou le destin. Aristote pouvait dire alors que sa place Ă©tait entre les animaux et les Dieux, et qu’il devait la bien garder s’il voulait rester dans les bornes du raisonnable, ce que commande l’éthique. L’ĂȘtre humain est libre, car il a affaire au contingent, au possible, et qu’il peut s’y orienter grĂące Ă  sa raison. NĂ©anmoins, cet ĂȘtre en devenir, et qui se dĂ©finit lui mĂȘme Ă  partir de dĂ©cisions orientĂ©es par les normes du rationnel, cet ĂȘtre qui acquiert une seconde nature des habitus qui vient rĂ©troagir sur la premiĂšre afin de dĂ©couvrir un potentiel absolument insoupçonnable avant, a besoin d’illusions pour grandir et s’élever au-dessus de sa condition premiĂšre. Ainsi, alors que Platon condamne l’imitation au titre de ce qu’elle productrice d’apparence et donc d’illusion, qu’elle trompe la conscience, Aristote la loue comme le ressort mĂȘme de l’apprentissage. Si tous les hommes dĂ©sirent apprendre, c’est par l’imitation qu’ils commencent Ă  apprendre, et en particulier car cette imitation se fait avec un certain plaisir. Freud dĂ©jĂ  parle du surmoi comme une instance de rĂ©gulation du psychique, venant canaliser les pulsions du ça, et normer le moi, comme gĂ©nĂ©rer par un processus d’idĂ©alisation. L’idĂ©al du moi est produit par identification Ă  des rĂ©fĂ©rents, dĂ©jĂ  primaires les parents puis secondaires les personnes que l’on rencontre et donc le dĂ©veloppement de l’enfant, est polariser par cette image de lui mĂȘme qu’il trouve en dehors de lui, et qu’il se met Ă  intĂ©grer Ă  son psychique et conserver en l’absence mĂȘme de la personne par la suite. Cette idĂ©alisation est ce qui permet la scission du psychique par quoi l’instance du surmoi intervient pour rĂ©guler les pulsions, les canaliser, et aider Ă  la transformer en dĂ©sir, et en mĂȘme temps. Elle donne une direction, l’idĂ©alisation creuse l’horizon et lui redonne une forme d’infini. L’infini du dĂ©sir n’est pas que quand il n’est pas la rĂ©pĂ©tition infinie des mĂȘmes dĂ©sirs qui aussitĂŽt Ă©teints renaissent Ă  l’identique, mais l’objet d’un dĂ©sir infini, qui surprend toujours et dont on prend soin, car il renouvelle le mystĂšre de l’identification paradoxale avec lui. Descartes montre que le dĂ©sir se nourrit d’une certaine illusion celle qui fait rapporter les petites filles louches Ă  un dĂ©sir d’enfance initial, et aussi soupçonne que la cristallisation peut se faire sur un dĂ©faut, indiquant que le dĂ©sir fait toujours signe vers le dĂ©faut originaire dont il procĂšde et mĂȘme s’il remarque que c’est habituellement plutĂŽt Ă  des qualitĂ©s qu’à des dĂ©fauts qu’on s’attache. En effet, ce dĂ©faut originaire du dĂ©sir, est cette sorte de manque que dĂ©signe Platon en rapportant la gĂ©nĂ©alogie d’Eros Ă  ponos et pĂ©nia. Ce rapport Ă  l’idĂ©alisation et Ă  l’imitation montre qu’autrui est ce par quoi est mĂ©diĂ© notre rapport aux valeurs. Autrui intercĂšde entre nous et nous mĂȘmes, et fut-ce Ă  titre de catalyseur, il aide la conscience Ă  se ressaisir, soit immĂ©diatement, au niveau prĂ© rĂ©flexif comme par un affect soit au niveau rĂ©flexif. Le dĂ©centrement nĂ©cessaire pour se saisir comme cette difficile identitĂ© qui diffĂšre de soi passe par l’intĂ©gration, par exemple, des reprĂ©sentations que les autres ont de nous et se font de nous. C’est souvent par opposition, contraste, nuance, dĂ©calage que se fait l’affirmation de soi. La conscience n’est libre que par rapport Ă  une situation. Si bien que, puisque la conscience est libertĂ©, elle est toujours possiblement une chose et une autre Ă  la fois. Ces compossibles donnent raison aux illusions que l’on se fait. La conscience se nourrit de ce que l’on voit d’elle et qu’elle n’imagine pas encore pouvoir ĂȘtre. La conscience n’est pas seulement source d’illusions de fantasmes, de dĂ©sirs, de cristallisations qui idĂ©alisent autour d’un individu des attentes qui ne le concernent pas mais nous, mais aussi l’illusion est sa ressource. La conscience de soi se nourrit de ce que les autres voient en elle, Ă  condition que ceux ci ne soient pas rĂ©duction. La vĂ©ritable illusion, celle qui serait inacceptable et qui tend Ă  sĂ©parer la conscience de ses possibles, c’est la rĂ©duction Ă  l’état de chose. Autrui sa conscience en tant qu’il peut tendre Ă  vouloir me rĂ©duire Ă  l’état d’objet, d’outil, de moyen pour ses propres dĂ©sirs, et sources de la plus pernicieuses des illusions celle qui dĂ©nature la conscience pour en faire une chose. Cette illusion n’est pas pour autant anodine, qui pourrait ĂȘtre dĂ©savouĂ©e par le rĂ©el. Elle prend la place du rĂ©el comme un fantasme qui est attestĂ© collectivement. Elle relĂšve en ce sens parfois de l’idĂ©ologie, comme c’est le cas pour le racisme les races certes n’existent pas, les biologistes l’ont montrĂ©. Mais mĂȘme si ce concept est fallacieux, qu’il ne correspond Ă  aucune rĂ©alitĂ©, ceux qui l’utilisent lui donnent une forme de rĂ©alitĂ©. Le racisme existe et les reprĂ©sentations qui tendent Ă  rĂ©duire des individus Ă  un certain nombre de caractĂšres physiques sont rĂ©elles. En sens, la conscience en tant qu’elle est l’instance productrices des reprĂ©sentations, est la cause de cette illusion chosiste pernicieuse. Mais, en tant qu’elle est aussi conscience critique, elle est aussi le remĂšde Ă  ce poison. Par le dialogue, la distinction, l’écoute de la multiplicitĂ© des arguments, elle dĂ©passe cette opposition entre la reprĂ©sentation du rĂ©el et le rĂ©el pour le voir tel qu’il est et non pas au prisme des prĂ©jugĂ©s reçus. * ElĂšve 7 De la mĂȘme maniĂšre que LaBruyĂšre dĂ©crivait des caractĂšres MĂ©nalque est l’étourdi par exemple, il est possible de dĂ©crire des types psychologiques qui permettent d’identifier les individus comme appartenant Ă  un certaine catĂ©gorie de personnes avec qui, mĂȘme s’ils ne sont pas de la mĂȘme famille, ils partagent des traits de caractĂšres communs. Naturellement aucune des personnages en question n’est vĂ©ritablement une personne, ce sont des idĂ©aux types, des reprĂ©sentations caricaturales mais qui disent par leur univocitĂ© mĂȘme, la vĂ©ritĂ© de certaines traits qui nous traversent. Nous participons de la rĂ©alitĂ© transversale qui tisse ensemble certains individus sĂ©parĂ©s physiquement, mais contigus dans cette ribambelle des vĂ©ritĂ©s de comportements possibles. La conscience individuelle, qui nous fait, par le repli sur soi et la capacitĂ© Ă  dire je » ou moi » percevoir comme radicalement diffĂ©rent de tout autre, fait ressentir comme Ă©trange cette Ă©cart avec la reprĂ©sentation que l’on a de nous. Les autres prĂ©tendent nous connaĂźtre en ce qu’ils reconnaissent en nous quelqu’un qu’ils ont dĂ©jĂ  connu par ailleurs. Ils nous assimilent Ă  quelqu’un d’autre, alors qu’ils nous prĂ©tendent nous connaĂźtre nous mĂȘmes. Ces trouble de la conscience, ces confusions, Ă©veillent la mĂ©fiance de Descartes qui se soustrait Ă  cette illusion en remarquant les sentiments que son inclination le poussait Ă  ressentir en prĂ©sence des jeunes filles louches ne concernent pas la personne qu’il rencontre, mais le souvenir qu’il lui Ă©voque. Il n’est pas en prĂ©sence de la personne dans sa diffĂ©rence irrĂ©ductible, mais de sa propre conscience, en ce qu’elle se protĂšge de l’altĂ©ritĂ© du monde et de ce qu’il y a de troublant dans une rencontre en convertissant l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© du rĂ©el en souvenir. On ramĂšne l’autre au mĂȘme. On rapporte tout Ă  soi. Il faut alors ouvrir les yeux et voir non pas ce que l’on sait, mais ce que l’on voit, or rien n’est plus difficile. Leibniz et Pascal on bien vu ces difficultĂ©s le premier qui est le second historiquement a montrĂ© qu’il n’y avait pas d’entitĂ© sans identitĂ©. Une entitĂ©, avec une unitĂ©, que si elle Ă©tait identique Ă  elle mĂȘme. Il dĂ©duit de cela le principe des indiscernables. C’est Ă  dire que si deux choses sont absolument indiscernables elles ne forment qu’une seule et mĂȘme chose. Si elles sont deux, c’est qu’elles sont dissemblables par certaines de leurs caractĂ©ristiques ne serait ce que leur position dans le monde, l’espace qu’ils occupent n’est pas le mĂȘme, ce qui les amĂšnent alors Ă  diffĂ©rer et aussi diverger. Le devenir, leur destin sont sĂ©parĂ©s, aussi proche soit leur origine commune deux feuilles appartenant au mĂȘme arbre ; deux gouttes au mĂȘme nuage. Pascal remarque que le rapprochement entre deux choses que l’on sait diffĂ©rentes, est souvent le fait de l’esprit. C’est d’un point de vue extĂ©rieure que deux choses dissemblables peuvent ĂȘtre rapportĂ©es l’une Ă  l’autre Ă  travers une analogie, une comparaison etc. Ainsi, Deux visages semblables, dont aucun ne fait rire en particulier, font rire ensemble par leur ressemblance. » B133 L13. Pascal classe ce fragment dans le feuillet vanitĂ© » il s’agit ici de la vanitĂ© de l’observateur qui rit de ce qu’il voit de ce qu’il a mis dans le rĂ©el pour se l’approprier. Ce que masque cette projection, ce qui fait Ă©cran dans cette pratique divertissante qui consiste Ă  distinguer ce qui est semblable de ce qui est diffĂ©rent, c’est le vĂ©ritable travaille de l’esprit, c’est la diffĂ©rence profonde entre les choses. Un individus qui se contenteraient de jouer le jeu des petites diffĂ©rences » comme le fustige Rousseau chez le courtisans qui font grand cas de dĂ©tails en semblant en tirer une diffĂ©rence de nature entre les gens du peuple et les aristocrates c’est qu’il finiront par s’aveugler sur la diffĂ©rence essentielle celle entre le paraĂźtre et l’ĂȘtre, entre l’apparence et l’essence justement. Les ĂȘtres humains qui se divertissent sont attentifs Ă  de petites diffĂ©rences de surface, superficielles, alors qu’ils se rendent aveugles Ă  la diffĂ©rence fondamental, Ă  ce qui est dĂ©cisif et fait toute la diffĂ©rence. Le choix de l’existence, la valeur qui Ă  l’arriĂšre plan de tous leurs actes restent invisible Ă  leur yeux. Ils finissent par ne plus chercher la vĂ©ritĂ©, la croyant sinon inexistante du moins inaccessible. C’est l’illusion que produit cette projection sur le rĂ©el de ce que nous attendons de lui, et qui nous fait prĂ©sumer de sa nature. L’illusion serait donc Ă  la fois dans la conscience spectatrice qui met dans le monde ce qui l’approprie Ă  son idiosyncrasie et dans la conscience active, qui ne cesse de diffĂ©rer ave celle mĂȘme, tout en se percevoir comme stable et identique Ă  elle mĂȘme. La conscience se vit comme une identitĂ© Ă  l’écart, et en ce sens de diffĂ©rent de tous le reste. Son attitude premiĂšre et de nier l’appropriation Ă  ce qui n’est pas elle elle ne dit rien positivement sur elle mĂȘme, mais tout ce qu’on dit elle pour essayer de le qualifier, elle le refuse. Son affirmation premiĂšre, consiste Ă  dire non ». Certes, Descartes a essayĂ© d’affirmer positivement qu’elle est chose pensante » aprĂšs l’avoir refuser toutes les autres choses comme douteuses, c’est Ă  dire illusoire. Mais cet attribut essentiel qu’est la pensĂ©e, reste assez fragile en ce qu’il ne s’assure de lui mĂȘme que quand il se dĂ©tourne de tout contenu qui lui est extĂ©rieur pour se saisir dans la transparence de la conscience Ă  elle mĂȘme. Certes, Descartes a fait se dissiper les illusions du monde, voire l’illusion qu’est le monde en identifiant la pensĂ©e et la conscience, en montrant qu’il n’y a pas le moindre Ă©cart, pas la moindre place pour le doute entre eux, mais cette vĂ©ritĂ© de la conscience sur elle-mĂȘme, qui la fait percevoir comme une rĂ©alitĂ© res cogitans faisant Ă©chec Ă  la duperie du malin gĂ©nie reste sinon temporaire je suis, j’existe est nĂ©cessairement vraie toute les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit » 2nd MĂ©ditation du moins local cette vĂ©ritĂ© est une zone de clartĂ© dans un ocĂ©an d’incertitudes, ou tout pourrait n’ĂȘtre qu’illusion, des hommes qui passent et que l’on peut voir quand on se met Ă  la fenĂȘtre ce seraient des automates, au morceau de cire dont la forme se dissipe au contact de la flamme du bougie, jusqu’au monde qui ne serait que mirage, et aux mathĂ©matiques qu’effet de la manipulation d’un dieu pervers, falsifiant ses propres lois et dĂ©crets. La conscience qui se saisit elle mĂȘme, en se croyant source de diffĂ©rence et d’une rĂ©alitĂ© absolument singuliĂšre, ne serait pas moins source d’illusion que celle qui se tourne vers le monde. Les types d’individus extravertis se tournent vers le monde, et savent par le jeu de l’imagination pour lequel ils ont acquis quelque habiletĂ© se tromper eux mĂȘmes en regardant ce qu’ils veulent voir, ou dĂ©couvrant ce qu’ils croient savoir, sans voir ce qu’il y a vraiment. Mais ceux qui, plus introvertis, cherchent en eux mĂȘmes la bonne articulation au rĂ©el, le rĂ©glage de l’appariement entre leur conscience est le monde ne sont pas plus dans la vĂ©ritĂ© que les autres. Dans ce rapport Ă  eux mĂȘmes, la conscience n’est pas moins sous l’effet des prestiges de l’imagination que dans l’autre cas on ne se ment pas moins Ă  soi mĂȘme. Ainsi, le mensonge suprĂȘme, qualifiĂ©e de mauvaise fois par Sartre, est de se prendre pour une chose le soldat qui se fait chose, en fixant son regard Ă  dix pas, et ne voyant pas ce sur quoi son regard ne s’arrĂȘte plus ; le garçon de cafĂ© qui se coule dans une norme sociale en prĂ©tendant ne rien ĂȘtre d’autre ; ou la femme coquette qui fait mine de ne pas voir que sa main repose comme une chose dans les mains de celui qui la sĂ©duit. C’est bien au fond, ce que Sartre reproche Ă  Descartes, la conscience ne peut pas ĂȘtre une chose la partie oĂč le monde Ă©tait rĂ©duit aux reprĂ©sentations, aux perspectives que le sujet jette sur lui montrait suffisamment bien que la conscience Ă©tait nĂ©gation. Mais il n’est pas allĂ© suffisamment loin, la conscience n’est pas une chose, position d’une positivitĂ©, la pensĂ©e, mais elle est elle mĂȘme, nĂ©gativitĂ©, nĂ©ant, puissance de nĂ©gation et non d’anĂ©antissement. Elle est ce qui se nie pour l’autre puisse lui apparaĂźtre. Cette conscience de son propre nĂ©ant intĂ©rieur et par lĂ  de sa vanitĂ© a quelque chose d’insoutenable. C’est pour cela, qu’il faut la mĂ©thode de la mĂ©taphysique pour l’aborder, sur le plan existentiel, cela s’éprouve sous la forme de l’angoisse, ou de l’ennui, ces sentiments limites oĂč le sujet s’abime. La mauvaise foi est la rĂ©ponse qui consiste Ă  nier ce nĂ©ant, on pourrait dire Ă  le dĂ©nier » si Sartre n’avait pas maille Ă  partir avec la psychanalyse. L’illusion dont la conscience est la source ne peut pas concerner seulement le monde, mais aussi sa propre nature. Seule une opĂ©ration singuliĂšre et contre nature, permet de la gager comme le champ de l’apparaĂźtre des phĂ©nomĂšne et de suspendre la volontĂ© de lui donner une substance, d’en faire une chose. Cette confusion de la conscience avec la connaissance de sa nature, s’enracine dans une confusion entre la conscience et le monde. C’est que quand elle perçoit les choses, elle est Ă  la fois en contact avec ce qui la transcende les choses mĂȘmes mais aussi avec ce qu’elle y met pour recevoir ce qui lui est autre. Le dĂ©sir de se connaĂźtre soi mĂȘme intĂ©gralement, serait Ă©quivalent alors du dĂ©sir de s’identifier avec le monde. Ce serait un dĂ©sir dĂ©mesurĂ©e, marquĂ© d’hubris, une forme de dĂ©lire mĂ©taphysique que Kant appelle SchwĂ€rmerei enthousiasme qui fait oublier les bornes. Pour se guĂ©rir d’une telle prĂ©tention outranciĂšre, la perspective critique donne certes une aide prĂ©cieuse, mais d’autres maniĂšres moins austĂšres son possibles. Ainsi, si le vice originaire tient Ă  ce que la conscience est perçue comme chose, identitĂ© en soi, il s’agirait de la considĂ©rer comme diffĂ©rence, traversĂ©e par les tendances. L’illusion au cƓur de la conscience, serait celle qui consiste Ă  percevoir son identitĂ© comme celle des objets, une identitĂ© figĂ©e, fixĂ©e Ă  elle mĂȘme come dans l’en soi des choses. Il est possible de concevoir un autre type d’identitĂ©, qui tienne compte de ce mouvement continuel, cette fluence de la conscience qui s’inscrivant dans la durĂ©e, ne peut jamais ĂȘtre que dans le passage d’un Ă©tat Ă  un autre, sans jamais ne s’y arrĂȘter c’est l’identitĂ© narrative ou ipsĂ©itĂ©. L’illusion sur l’identitĂ© Ă  soi se voit quand on affirme ĂȘtre la mĂȘme personne » alors que de toute Ă©vidence nous ne sommes par les mĂȘmes entre le moment de notre enfance, et celui de notre Ă©tat adulte. Les changements sont physiques, mĂȘme si un air » subsistent qui nous permet de deviner au delĂ  du changement quelque chose qui demeure. De mĂȘme nous faisons l’expĂ©rience de la non permanence de notre ĂȘtre, l’expĂ©rience d’un changement perpĂ©tuel Ă  nous mĂȘmes, si bien que nous sommes d’instant en instant arrachĂ© Ă  nous-mĂȘmes. Nous expĂ©rimenter l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©, l’altĂ©ritĂ© entre sein propre, et c’est elle qui nous ferait avancer, progresser, Ă©voluer. Ce qui se rĂ©pĂšte se sclĂ©rose, le changement s’il exprime une diffĂ©rence profonde nous rĂ©invente, l’innovation s’ancre dans la continuitĂ© d’une histoire et donc d’un passĂ©. Bergson comparait ces progrĂšs de la conscience Ă  une boule de neige qui en roulant accumule de la matiĂšre et grossit harmonieusement. Cette diffĂ©rence que nous sommes est en mĂȘme temps ce qui perme de nous identifier. La diffĂ©rence est ici un certain rapport au temps, une certaine maniĂšre de diffĂ©rer le rapport au nĂ©ant la mort qui devra nous emporter, une maniĂšre de faire vivre quelque chose qui rĂ©siste Ă  cette tendance Ă  l’entropie qui atteint le corps, et qui donne des signes, d’une nature autre que matĂ©rielle. Cette transmission qui se joue entre les gĂ©nĂ©rations permet de susciter le retour des maniĂšres du passĂ© Ă  travers des Ɠuvres douĂ©es d’esprit les Ɠuvres d’art qui permet de faire revivre les solutions trouvĂ©e contre la rĂ©sistance de la matiĂšre. Cette diffĂ©rence que nous sommes, nous la trouvons aussi dans l’Essai sur les DonnĂ©es ImmĂ©diates de Bergson, l’exemple de ces camarades de classe qui proche un jour voient leurs destinĂ©es se sĂ©parer, et chacun suivant leur chemin trouve dans leur retrouvaille un charme particulier car c’est comme s’ils restaient le complĂ©ment l’un de l’autre. Ainsi, la vie qui s’écoule demande de faire des choix, et de dĂ©clarer illusoires des possibles qui n’auront pas Ă©tĂ© rĂ©aliser pour que d’autres puissent avoir lieu choisir c’est dĂ©truire es possibles. Mais l’autre qui incarne une autre voie, qui a explorĂ© d’autre possible nous ramĂšne Ă  nos virtualitĂ©s qui s’avĂšrent rĂ©elles et il nous ramĂšne Ă  nous mĂȘmes, en nous rappelant ce qu’un jour nous avions Ă©tĂ© capable de faire. Un mĂȘme lien de solidaritĂ© peut se trouve Ă  un niveau plus gĂ©nĂ©rationnel. Et c’est lĂ  encore, une forme de proximitĂ© entre le rĂ©el et l’illusion qui se joue au niveau de la diffĂ©rence, de la diffĂ©renciation ici non plus entre l’apparence et l’essence, ou entre la conscience et elle mĂȘme, mais entre deux camarades semblables ou proches qui suivent des lignes de destin diffĂ©rentes. ON pourrait imaginer que cette confusion, cette illusion nĂ©cessaire est ce qui habite Ă©galement la relation Ăąme corps que Descartes pose comme une notion primitive et que Merleau–Ponty explore avec les outils de la phĂ©nomĂ©nologie. De Descartes Ă  Leibniz l’histoire de la pensĂ©e fait signe vers la notion de l’inconscient. Si pour le penseur français la pensĂ©e et la conscience s’impliquent mutuellement jusqu’à finir par s’identifier Leibniz doute que cette substance pensante ainsi dĂ©couverte soit toujours consciente. La clartĂ© et la distinction qui le signe d’une vĂ©ritĂ© sans phares et donc l’indication du rĂ©el, se double d’une frange qui nimbe la zone nette oĂč il est difficile de distinguer s’il s’agit de lumiĂšre ou d’obscuritĂ©. Ces zones intermĂ©diaires oĂč l’accommodation n’est pas Ă©vidente permet de penser les effets de seuil, lĂ  oĂč peuvent s’intervertir, par intermittence, ce qui apparaĂźt comme rĂ©el et illusion. Les effets de distorsion de la perception du monde comme le phĂ©nomĂšne de dĂ©jĂ  vu », ou les moments crĂ©pusculaire entre chien et loup, ou l’ami et l’ennemi ne se distinguent plus nettement, oĂč le familier devient Ă©trange, voire inquiĂ©tant l’Unheimlichkeit du parle Freud, et qu’illustre le HorlĂ  de Maupassant, sont des situations trĂšs favorable Ă  la pensĂ©e baroque oĂč le roi est vu comme le plus misĂ©rable des hommes car ne pouvant pas se passer de divertissement, oĂč le bouffon se conçoit comme sage car seul Ă  assumer la folie du monde comme dans La Nuit des Rois de Shakespeare. C’est dans ces phĂ©nomĂšnes de marges, de franges, que la pensĂ©e de la traversĂ©e des seuils qui restitue le principe de continuitĂ© au-delĂ  des ruptures que l’on observe. Ainsi, quand Leibniz nous parle des petites perceptions, du bruit des vaguelettes imperceptibles en soi, dont le bruit est en dessous du seuils de la conscience que l’on peut en avoir, mais qui agrĂ©gĂ©es les unes aux autres produisent l’impressionnant mugissement d’une vague roulant sur la plage, il nous montre comment au cƓur du monde, de sa prĂ©sence, l’illusion ici confusion des sens, est nĂ©cessaire. La rumeur du monde ne nous atteint dans le repli de notre conscience monadique, fermĂ©e sur elle mĂȘme, close au point d’ĂȘtre sans porte ni fenĂȘtre » qu’à travers des fils qui la tisse par avance Ă  tous les autres atomes de conscience et qui vibrent et qui s’entre-expriment mutuellement depuis le point de vue qu’ils ouvrent sur la totalitĂ©. C’est donc en approfondissant au lieu oĂč toutes les confusions se font notre pensĂ©e, perception voire volontĂ© du monde, que nous pourront explorer dans sa richesse et son ambiguĂŻtĂ©. Cette Ă©toffe dont Shakespeare dit que nous sommes fait, et qui est de la mĂȘme nature que celle des songes, il s’agit d’en explorer les replis Ă  travers une synesthĂ©sie de nos sensations, au risque d’une confusion de nos sentiments, afin de rendre compte de la richesse complexe du monde pris dans un Ă©cheveau de possibles non toujours rĂ©alisĂ©s. L’illusion est le lieu oĂč la conscience se mĂȘle au monde avec quelque confusion et dans l’épaisseur de cette Ă©toffe, de cette chair, se trouve la possibilitĂ© d’un rapport complexe au rĂ©el. L’illusion est le lieu oĂč se trame notre rapport au rĂ©el. Cette confusion originaire que la PhĂ©nomĂ©nologie de la Perception de Merleau–Ponty explore et que la peinture charnelle de CĂ©zanne dĂ©montre et enrichit, c’est ce qui chez Descartes se nomme union de l’ñme et du corps ». C’est Ă  travers cette union, par lequel l’ñme n’est pas dans le corps comme un pilote en son navire c’est Ă  dire qu’il est immĂ©diate uni Ă  lui, Ă  tel point que dans l’expĂ©rience le monisme englobe le dualisme mĂ©taphysique inĂ©vitable si l’on suit la rĂ©duction du doute hyperbolique, que nous avons accĂšs au monde, et que nous sommes par lĂ  mĂȘme uni Ă  lui, puisque notre propre corps est lui mĂȘme partie du monde. A la fois sujet et objet, Ă©lĂ©ment du monde, Ă  partir de quoi le monde m’apparaĂźt. Ce chiasme qui fait que se rĂ©vĂšle Ă  moi ce qui m’englobe par ailleurs alors que je tends de le comprendre, est l’expĂ©rience originaire Ă  partir de quoi tout se pense. La reprise de cette circulation par quoi on se dĂ©couvre partager une mĂȘme nature, le monde et moi, fait que la pensĂ©e et aussi un forme de pansement qui tend Ă  rĂ©duire cet Ă©cart, cette schize, ou bĂ©ance qui s’ouvre avec le sentiment de l’absurde, ou de l’irrĂ©ductibilitĂ© de mes dĂ©sirs Ă  l’ordre indiffĂ©rent des choses. L’illusion qu’est cette confusion primordiale, est Ă  la fois l’expĂ©rience du dĂ©menti de cette illusion, et ce qui guĂ©rit la blessure d’un tel Ă©cart par laquelle je me sens extĂ©rieur Ă  ce qui arrive, voire Ă  ce qui m’arrive. L’illusion de la confusion qu’est l’expĂ©rience, vient rendre possible l’examen du vrai, en mĂȘme temps que rĂ©duire la douleur tragique fomentĂ©e par la tension duelle entre l’esprit et la matiĂšre. L’illusion a donc une portĂ©e thĂ©rapeutique aussi bien qu’hermĂ©neutique. La conscience est source d’illusion, mais c’est en ce sens mĂȘme qu’elle est capable de vĂ©ritĂ©. Si la confusion de la vie ne la faisait pas sourdre d’elle mĂȘme, elle ne rencontrerait jamais les choses et ne pourrait pas reconquĂ©rir sur le disjointement initial, la possibilitĂ© d’un discours vrai. Le mathĂ©matique elles-mĂȘmes, que Desanti disait ĂȘtre ni du ciel ni de la terre cf. les IdĂ©alitĂ©s MathĂ©matiques sont susceptibles pour se soutenir elle mĂȘmes, d’invention, et d’usage de forme d’illusions. Les nombres imaginaires i = -1 sont des pĂ©titions, des demandes qui redoublent les nombres rĂ©els, afin de permettre la solution de problĂšmes avec des complexes. L’imaginaire et avec lui l’illusion n’est plus ce qui s’oppose au rĂ©el, mais ce qui le complĂšte et qui l’éclaire. Il est le dĂ©tour nĂ©cessaire. Et si la source est capable de rĂ©alisme, de rencontrer le rĂ©el, c’est parce qu’elle est capable de faire preuve d’imagination par quoi elle tend Ă  construire des mĂ©diations vers lui, pour en rĂ©vĂ©ler la complexitĂ© passionnante. CecĂ©lĂšbre texte de Jean-Paul Sartre, extrait de Situation I , traite du thĂšme de la "conscience" ; la thĂšse de l'auteur est que la conscience est un fait irrĂ©ductible qu'aucune image Introduction Pourrais-je avoir la certitude de mon existence et de mon identitĂ© si j'Ă©tais entiĂšrement seul ? Cette question invite Ă  interroger le rĂŽle de la prĂ©sence d'autrui dans la constitution de la conscience et plus prĂ©cisĂ©ment de la conscience de soi. On croit communĂ©ment que ce sont des donnĂ©es originaires, que la conscience est notre modalitĂ© d'ĂȘtre spontanĂ©e et que chacun a la connaissance immĂ©diate de son identitĂ© c'est-Ă -dire de ce qu'il a de commun avec les autres hommes identitĂ© humaine et de distinct d'eux identitĂ© personnelle. L'Ă©noncĂ© suggĂšre implicitement qu'il y a peut-ĂȘtre lĂ , une naĂŻvetĂ©, car l'expression prendre conscience de soi » connote l'idĂ©e d'un processus. La question est de savoir ce qui le rend possible. Faut-il suivre Descartes et croire que la dĂ©marche conduisant un sujet au savoir de son existence et de son identitĂ© ne passe pas par les autres, qu'elle s'effectue dans la solitude d'une mĂ©ditation et mĂȘme dans une expĂ©rience proprement solipsiste? ThĂšse La conscience que le sujet prend de lui-mĂȘme est une expĂ©rience solitaire. Car renversement dialectique est-il lĂ©gitime de croire que la conscience et la subjectivitĂ© soient des donnĂ©es originaires ? Il est douteux que l'enfant sauvage ait une conscience de lui-mĂȘme et du monde, dĂ©veloppĂ©e. Il faut pour cela les apprentissages linguistiques par lesquels on peut se mettre Ă  distance du monde et de soi-mĂȘme pour signifier et se reprĂ©senter or un milieu de paroles est un milieu oĂč l'autre est omniprĂ©sent. Il faut la prĂ©sence de l'autre pour qu'un Je », une identitĂ© se saisisse par rapport Ă  un tu » ou une altĂ©ritĂ©. Il faut le miroir de la raison des autres pour se dĂ©couvrir soi-mĂȘme comme participant d'une dimension commune. Il faut aussi la lutte Ă  mort des consciences pour se dĂ©couvrir dĂ©sir de reconnaissance et de libertĂ©. Et plus intimement encore, l'idĂ©e qu'un homme se fait de lui-mĂȘme est largement tributaire de la confiance, de l'amour ou du mĂ©pris dont il se sent l'objet. Tout porte Ă  croire que la subjectivitĂ© n'est pas une citadelle, extĂ©rieure au rĂ©seau de relations dans lesquelles elle se construit et se reprĂ©sente Ă  elle-mĂȘme. Autrui est toujours dĂ©jĂ  prĂ©sent Ă  la conscience de soi passe par lui. AntithĂšse l'intersubjectivitĂ© est la condition de la subjectivitĂ©. NĂ©anmoins DĂ©passement qu'autrui soit un mĂ©diateur entre soi et soi-mĂȘme ne signifie pas que la prise de conscience de soi exclue le retour solitaire sur soi. Le sujet peut se saisir aussi rĂ©flexivement or la rĂ©flexion n'est jamais aussi fĂ©conde que lorsqu'elle n'est pas aveuglĂ©e par les puissances trompeuses, d'ordinaire si efficientes dans la vie sociale l'amour propre par exemple ou la mauvaise foi. L'effort de luciditĂ© exige parfois, de se retirer du commerce des hommes pour faire la lumiĂšre sur un objet, ici sur soi-mĂȘme, mais cette solitude lĂ  n'est pas une expĂ©rience solipsiste. Elle est toute bruissante de la prĂ©sence des autres mĂȘme dans leur absence. On peut ainsi se demander si ce qui fait la fĂ©conditĂ© de la retraite cartĂ©sienne n'est pas prĂ©cisĂ©ment cette maniĂšre de ne pas ĂȘtre seul, de porter l'autre en soi, d'une maniĂšre si absolue que cet autrui intĂ©rieur, Descartes l'appelle Dieu. Descartes n'est pas au milieu des autres lorsqu'il affronte la question Qu'est-ce que je peux tenir pour certain ? ». Il s'est retirĂ© dans son poĂȘle, dans le silence et la solitude propices Ă  la mĂ©ditation. Celle-ci est un exercice spirituel dans lequel le sujet fait retour sur lui-mĂȘme pour se pĂ©nĂ©trer d'une vĂ©ritĂ©. C'est une conscience seule avec elle-mĂȘme qui va faire l'expĂ©rience de l'Ă©vidence de son existence et de son essence. Descartes est mĂȘme si seul qu'il a perdu le monde. La rĂ©futation des certitudes sensibles l'a anĂ©anti et avec lui, l'existence des autres. Or c'est prĂ©cisĂ©ment au moment oĂč il a fait le vide qu'il dĂ©couvre qu'il peut douter de tout sauf du sujet qui doute. Je pense donc je suis ». A l'instant oĂč je pense, mĂȘme si ce que je pense est douteux, il y a quelque chose qui rĂ©siste au doute. C'est le sujet de ce doute. Je suis certain de mon existence et je suis certain que cette existence est celle d'une substance pensante. La prise de conscience de soi est bien chez Descartes une opĂ©ration solitaire et mĂȘme solipsiste. Car si la conscience peut s'assurer d'elle-mĂȘme dans la mesure oĂč elle a un rapport d'intĂ©rioritĂ© avec elle-mĂȘme, elle ne peut ĂȘtre certaine de l'existence d'une autre conscience puisque pour avoir cette certitude il faudrait ĂȘtre cette autre conscience. La conscience de soi se dĂ©couvre coupĂ©e de toute autre certitude que la certitude d'elle-mĂȘme. Elle ne peut pas ĂȘtre sĂ»re que les images des choses extĂ©rieures soient autre chose que les images d'un rĂȘve. ProblĂ©matisation transition. Ce qui fait problĂšme Ă  plus d'un titre car y a-t-il sens Ă  vider la conscience de tout objet intentionnel ? Toute conscience est conscience de quelque chose » affirme Husserl. La phĂ©nomĂ©nologie tire de cette observation l'idĂ©e que l'anĂ©antissement de l'objet est aussi l'anĂ©antissement du sujet qui se projette vers lui. A vouloir saisir un ĂȘtre lĂ  oĂč il n'y a qu'un acte ou un mouvement on trahit l'expĂ©rience rĂ©elle de la conscience. Le solipsisme, de mĂȘme, est problĂ©matique car l'existence d'autrui est pour chacun de nous une Ă©vidence prĂ© rĂ©flexive et on ne voit pas comment un sujet pourrait advenir Ă  la conscience, Ă  la subjectivitĂ©, au sentiment de son identitĂ© s'il Ă©tait privĂ© de la prĂ©sence des autres. Le sujet cartĂ©sien n'est pas un sujet originaire. Il est le rĂ©sultat d'une formation, d'un milieu culturel c'est-Ă -dire d'un contexte oĂč les autres sont omniprĂ©sents. Ainsi s'il peut s'assurer de leur existence par un raisonnement par analogie, son tort est d'oublier qu'avant d'ĂȘtre capable de raisonner et simplement de pouvoir dire Je, le commerce des autres est nĂ©cessaire. Il est nĂ©cessaire pour dĂ©velopper les aptitudes proprement humaines la bipĂ©die, la propretĂ©, la parole, la pensĂ©e, la normativitĂ© de la conduite etc. Hors d'un milieu social le soumettant aux apprentissages requis, soit par mimĂ©tisme soit par transmission Ă©ducative, le petit de l'homme, comme le montre l'exemple de l'enfant sauvage, n'actualise pas les virtualitĂ©s de la nature humaine. Celle-ci est tout autant le produit d'un contexte culturel qu'elle en est la condition de possibilitĂ©. Ainsi comment serait-il possible d'advenir Ă  la dimension de la subjectivitĂ©, Ă  la conscience de son identitĂ© si l'on ne se construisait pas dans un milieu de parole et dans un contexte intersubjectif ? L'opĂ©ration par laquelle une conscience se constitue comme pouvoir de sĂ©paration, de division d'avec soi et d'avec le monde est en effet le langage. C'est lui qui mĂ©diatise notre rapport Ă  nous-mĂȘmes et notre rapport au monde. En deçà de l'expĂ©rience linguistique il n'y a pas de scission sujet-objet, pas de visĂ©e de soi-mĂȘme comme un ĂȘtre distinct du monde des choses et des autres. DĂšs lors ne peut-on pas se demander, avec la linguistique, ce que le sentiment de notre identitĂ© personnelle doit Ă  la capacitĂ© de disposer linguistiquement du Je, du tu et aussi de porter un nom? Il ne s'agit pas de dire que le moi est un simple produit de la grammaire ce serait oublier que les langues sont des crĂ©ations de l'esprit humain, mais de ne pas mĂ©connaĂźtre qu'on construit le rĂ©el Ă  travers les catĂ©gories d'une langue, ce qui n'est pas sans incidence sur la construction de sa propre identitĂ©. Benveniste, par exemple, insiste sur le fait que le sujet ne prĂ©existe pas aux actes d'Ă©nonciation mais est au contraire instituĂ© par eux. La personnalitĂ©, la subjectivitĂ© au sens psychologique et moral se constitue Ă  l'intĂ©rieur du langage. Nous tenons que cette subjectivitĂ© » ...n'est que l'Ă©mergence dans l'ĂȘtre d'une propriĂ©tĂ© fondamentale du langage. Est ego » qui dit ego ». Nous trouvons lĂ , le fondement de la subjectivitĂ© » qui se dĂ©termine par le statut linguistique de la personne ». La conscience de soi n'est possible que si elle s'Ă©prouve par contraste. Je n'emploie je qu'en s'adressant Ă  quelqu'un qui dans son allocution sera un tu. C'est cette condition du dialogue qui est constitutive de la personne, car elle implique en rĂ©ciprocitĂ© que je deviens tu dans l'allocution de celui qui se dĂ©signe Ă  son tour par je » Emile Benveniste. ProblĂšme de linguistique gĂ©nĂ©rale. 1956. Autrui est aussi le mĂ©diateur entre soi et soi-mĂȘme parce que la prĂ©sence d'autrui donne une distance sur soi-mĂȘme sans laquelle la conscience reste engluĂ©e dans le vĂ©cu. Celle-ci ne peut dĂ©ployer ses ressources qu'en prenant sur elle-mĂȘme le point de vue de l'extĂ©rioritĂ©. Or par sa fonction objectivante le regard de l'autre assigne Ă  un tel regard sur soi-mĂȘme. D'oĂč l'expĂ©rience rĂ©currente de la honte. Dans certaines situations on se serait bien passĂ© de se voir comme une conscience peut se voir ! VoilĂ  pourquoi Sartre affirme que la honte dans sa structure premiĂšre est honte devant quelqu'un » et que Pour obtenir une vĂ©ritĂ© quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable Ă  mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'Ă  la connaissance que j'ai de moi-mĂȘme.» Sartre. Il ne s'ensuit pas que la conscience personnelle soit sous la totale dĂ©pendance de l'autre, par oĂč il faudrait parler d'aliĂ©nation Cf. L'enfer c'est les autres » mais que pour rompre l'intimitĂ© de soi avec soi et dĂ©velopper ses capacitĂ©s personnelles de jugement, la prĂ©sence d'autrui est nĂ©cessaire. Elle l'est aussi parce que le jugement doit obĂ©ir Ă  une norme de vĂ©ritĂ© et d'objectivitĂ©. Or comment cette exigence pourrait-elle se faire jour si l'on ne frottait pas sa cervelle Ă  celle d'autrui ? Seul le dialogue avec l'autre permet de prendre la mesure de l'Ă©troitesse d'un point de vue reçu sans examen. Seul l'effort de penser en se mettant Ă  la place de tout autre » Kant, peut Ă©largir la pensĂ©e Ă  la dimension de l'universel, ce qui est l'enjeu de l'activitĂ© pensante. Le rapport dialogique dramatise l'essence mĂȘme de la pensĂ©e et tout se passe comme s'il Ă©tait la condition de possibilitĂ© de la pensĂ©e vĂ©ritable au sens oĂč elle est le dialogue de l'Ăąme avec elle-mĂȘme » Platon. Il s'ensuit que si l'impĂ©ratif delphique Connais-toi toi-mĂȘme » invite Ă  la connaissance de l'universel en soi la raison, seule la raison de l'autre peut ĂȘtre le miroir de la sienne. C'est ce qu'explique Platon dans Alcibiade, en comparant l'intellection Ă  la vision. L'Ɠil sert Ă  voir mais il ne peut se voir lui-mĂȘme qu'en se rĂ©flĂ©chissant dans la pupille d'un autre Ɠil. Ainsi en est-il de la raison humaine. Elle sert Ă  connaĂźtre mais pour se connaĂźtre elle-mĂȘme, elle a besoin du miroir de la raison de l'autre. Dans l'Ă©change dialogique chacun dĂ©couvre que la mesure du vrai n'est ni l'un ni l'autre mais une facultĂ© commune, celle Ă  laquelle il faut s'Ă©lever pour accomplir son humanitĂ©. Cf. Texte. Enfin si par soi-mĂȘme on entend le sujet affectif, sensible, il va de soi que son rapport Ă  lui-mĂȘme est par dĂ©finition tributaire de son rapport aux autres. Freud a montrĂ© que la personnalitĂ© psychique se construit dans une histoire infantile dans laquelle les relations affectives sont dĂ©terminantes. Chacun intĂ©riorise consciemment ou inconsciemment l'image que les autres lui renvoient, chacun rĂ©pond aux demandes adressĂ©es par les autres et s'il arrive que ce soit pour le meilleur, c'est aussi souvent pour le pire. Le regard, les jugements des autres ne sont pas inoffensifs. Ils induisent des effets rĂ©els dans la conscience qu'un sujet prend de lui-mĂȘme. III DĂ©passement. La subjectivitĂ© est toute pĂ©nĂ©trĂ©e d'intersubjectivitĂ©, soit. Cela ne signifie pas qu'une intĂ©rioritĂ© puisse mieux se saisir que dans un mouvement rĂ©flexif. Or la rĂ©flexion est par dĂ©finition une opĂ©ration ne mettant en jeu qu'un sujet essayant de clarifier sa prĂ©sence Ă  lui-mĂȘme. Par exemple, mĂȘme s'il est vrai qu'une identitĂ© ne prend conscience de sa singularitĂ© que par la mĂ©diation d'une altĂ©ritĂ©, ce ressaisissement de soi-mĂȘme ne s'effectue que dans la solitude d'un effort personnel. Par exemple encore, j'ai dĂ©veloppĂ© mes ressources en pensĂ©e par la frĂ©quentation des grands penseurs mais c'est solitairement que je peux prendre conscience de ce que penser veut dire et surtout de ce que la pensĂ©e m'assigne comme essence » Hegel. J'ai pris conscience d'ĂȘtre une libertĂ© dans la confrontation parfois violente avec d'autres libertĂ©s mais cette prise de conscience, nul ne peut l'opĂ©rer Ă  ma place. J'ai eu besoin du regard des autres, de la prĂ©sence d'autres consciences en dehors de moi pour prendre de la distance avec moi et devenir capable de me juger comme une autre conscience peut le faire. Mais si la prĂ©sence de l'autre est un catalyseur, elle ne saurait me dispenser de juger par moi-mĂȘme. Et l'on sait combien les passions oeuvrant dans les rapports humains sont de puissants motifs d'aveuglement. Notre propre intĂ©rĂȘt, disait Pascal, est un merveilleux instrument pour nous crever les yeux agrĂ©ablement ». La solitude dĂ©livre du dĂ©sir de paraĂźtre, de jouer des rĂŽles convenus, de s'abandonner aux facilitĂ©s de la mauvaise foi ou de l'amour propre. On s'avoue dans le face Ă  face solitaire avec soi ce que l'on n'avoue que rarement aux autres. La solitude est nĂ©cessaire Ă  une certaine sincĂ©ritĂ© il faut relativiser car il n'est pas rare que les hommes se mentent Ă  eux-mĂȘmes, mĂȘme dans la solitude et mĂȘme s'ils ne sont pas tout Ă  fait dupes de leurs mensonges, mais si elle est une condition propice, elle ne saurait se passer du commerce avec les autres car sa fĂ©conditĂ© tient au fait qu'elle est ressaisissement de ce qui s'est construit et approfondi dans une expĂ©rience intersubjective. Conclusion Seul peut prendre conscience de soi celui qui est advenu Ă  la conscience et Ă  la capacitĂ© de synthĂ©tiser la multiplicitĂ© et la diversitĂ© de ses Ă©tats dans l'unitĂ© et l'identitĂ© d'un Je. L'ĂȘtre coupĂ© de tout rapport humain est inapte Ă  ces opĂ©rations. Il est condamnĂ© par l'isolement Ă  l'hĂ©bĂ©tude d'une condition sauvage. Le sauvage est un animal stupide et bornĂ© » disait Rousseau. Reste que si l'intersubjectivitĂ© est une condition de la subjectivitĂ©, celle-ci ne s'Ă©claircit jamais mieux que dans la solitude d'un effort personnel. Solitude si peuplĂ©e de la prĂ©sence des autres que le champion du solipsisme lui-mĂȘme, atteste de l'ĂȘtre relationnel de l'homme. Descartes n'est pas seul. Il a besoin du dieu trompeur pour s'assurer de lui-mĂȘme et si la certitude de Dieu est quasi contemporaine de la certitude de lui-mĂȘme, c'est que Dieu est peut-ĂȘtre l'autre absolutisĂ©. Partager MarqueursaltĂ©ritĂ©, autrui, conscience, identitĂ©, intersubjectivitĂ©, langage, pensĂ©e, solipsisme, solitude, subjectivitĂ© III Que devient la conscience de soi quand on peut montrer qu’elle subit une structuration externe ? Conclusion 4/ Utiliser ses connaissances Freud : dĂ©nonciation du peu de
1 la vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation de soi On a dĂ©jĂ  indiquĂ© plusieurs fois que la vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation de soi ne pouvait pas ĂȘtre simplement pensĂ©e Ă  partir de l’idĂ©e d’une adĂ©quation entre une image intĂ©rieure et une rĂ©alitĂ© extĂ©rieure et qu’elle devait aussi et avant tout ĂȘtre pensĂ©e Ă  partir de la place de la reprĂ©sentation de soi dans l’accomplissement de son essence. Toute reprĂ©sentation qui n’en participe pas peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme trompeuse, car elle me dĂ©tourne de ma vĂ©ritĂ©. Il s’agit donc cette fois de la vĂ©ritĂ© de l’existence, de sa capacitĂ© Ă  ĂȘtre en vĂ©ritĂ©, Ă  laquelle est subordonnĂ©e toute objectivation de soi. DĂšs lors, la question de la vĂ©ritĂ© ou de la non-vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation de soi n’est pas purement gnosĂ©ologique, mais elle est Ă©galement pratique, puisqu’elle engage le sens de mon action, et Ă©thique, puisqu’elle dĂ©termine mon devoir ĂȘtre. On comprend alors que ce fut peut-ĂȘtre un tort de trop limiter l’interrogation sur le caractĂšre trompeur ou non des reprĂ©sentations de moi-mĂȘme Ă  la seule sphĂšre solipsiste et qu’il n’y a peut-ĂȘtre de rĂ©ponse Ă  cette question qu’à partir de notre ĂȘtre au monde. Notamment, l’interdit Ă©thique du mensonge, qui est au cƓur de la rĂ©flexion morale de saint Augustin Ă  Kant mĂȘme si ensuite Nietzsche va le mettre en cause, mĂȘme quand il passe du statut de reprĂ©sentation subjective Ă  celui de reprĂ©sentation objective universelle que toute subjectivitĂ© doit vouloir, demeure tout de mĂȘme une auto-dĂ©termination dont on peut douter de la force d’obligation. La reprĂ©sentation de son soi Ă©thique ne vient-elle que de soi ou bien ne trouve-t-elle pas plus de force quand elle vient du monde ou quand elle vient d’autrui qui me demande, dans une situation concrĂšte, qui je suis ? Certes, dans la reprĂ©sentation de moi-mĂȘme, je peux ĂȘtre dans le mensonge, dans l’illusion volontaire, dans le bavardage de celui qui ne cesse de mettre sa vie en scĂšne et finit par oublier de la vivre, ou encore dans cette vaine curiositĂ© qui me fait m’attacher Ă  tout ce qui en moi est Ă©trange, particulier, Ă  tout ce qui me sort de l’ordinaire, mais qu’est-ce qui peut me libĂ©rer de cela si ce ne sont les devoirs que le monde et autrui me donnent ? Tant que je ne fais que m’obliger moi-mĂȘme ma reprĂ©sentation de moi-mĂȘme ne risque-t-elle pas d’ĂȘtre toujours trompeuse, car me dĂ©tournant de la vĂ©ritĂ© de mon existence. ? Selon cette nouvelle perspective, la reprĂ©sentation peut sans doute s’éloigner de son sens latin, voire romain disent certains, de la maĂźtrise de soi, pour prendre la signification, dĂ©jĂ  suggĂ©rĂ©e avec la dimension temporelle, d’un acte de prĂ©sence, d’une ouverture Ă  ce qui s’annonce, d’une ouverture Ă  l’avenir, dans la mesure oĂč le monde et autrui me donnent mon avenir en me requĂ©rant, en appelant ma prĂ©sence toujours vigile, ma prĂ©sence toujours renouvelĂ©e, ma re-prĂ©sentation au sens purement verbal du terme cette fois. DĂšs lors, se voir, ce n’est ni seulement se voir tel que l’on fut, ce n’est ni seulement se voir dans le pur prĂ©sent du je pur, mais c’est Ă©galement se prĂ©-voir, non au sens de figer l’avenir dans des reprĂ©sentations dĂ©jĂ  lĂ , mais au sens d’ĂȘtre disponible Ă  ce qui s’annonce, Ă  la nouveautĂ© de ce qui ne donne, Ă  ce qui se donnant Ă  l’état naissant me permet de renaĂźtre Ă  moi-mĂȘme sans cesse, car le rĂ©el en moi est Ă  la fois ce qui est au fond de moi et ce que je n’attendais pas. Tant que mes objectivations passĂ©es sont la vĂ©ritĂ© de mon avenir j’ai Ă©tĂ© lĂąche et je le resterai, je n’ai pas d’avenir. Je n’ai vraiment un avenir, au sens de ce qui n’est pas encore lĂ , au sens de capacitĂ© que je ne connais pas encore, que si la source de ma reprĂ©sentation de moi-mĂȘme n’est pas moi-mĂȘme, mais ce qui se donne Ă  moi hors de toute attente. La disponibilitĂ© Ă  l’imprĂ©visible deviendrait ce qui rend la reprĂ©sentation de soi non trompeuse. Mais ce sera bien alors la ruine de la reprĂ©sentation » au sens kantien, pour reprendre la formule de Levinas, car cette fois je ne suis pas simplement ce que je mets en moi et ce sont les autres et le monde qui me constituent pour que je puisse me constituer. 2 Agir et non pas se raconter Il est important d’envisager la dimension pratique de la question dans la mesure oĂč la reprĂ©sentation de soi relevant de la vaine curiositĂ© peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un rapport inauthentique Ă  soi qui paralyse l’action. On a insistĂ© dans la deuxiĂšme partie sur l’idĂ©e que le rĂ©cit de soi, sous certaines conditions tout de mĂȘme, peut devenir une dimension de son existence, ce qui donne une consistance Ă  son ĂȘtre. Autrement dit, on a dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© l’idĂ©e que ce n’est pas simplement parce que l’on est que l’on se reprĂ©sente, mais qu’il est nĂ©cessaire de se reprĂ©senter pour ĂȘtre. Mais il est possible maintenant d’envisager la dimension plus nĂ©gative du rĂ©cit de soi, au-delĂ  mĂȘme de la question de la mauvaise foi et de l’orgueil, dans la mesure oĂč le danger est rĂ©el de se raconter au lieu de vivre. DerriĂšre ce renversement il y a une autre figure du soi », puisqu’on peut se demander si le vrai soi est le soi thĂ©orique ou le soi pratique. Qu’est-ce qui est le plus moi-mĂȘme le moi empirique, le je pur, ou bien ce que j’ai Ă  faire ou encore l’ensemble de mes actes libres, de mes rĂ©solutions ? Sartre propose justement une alternative existentielle dans La nausĂ©e, car si l’homme aime se raconter et transformer l’évĂ©nement le plus banal en aventure, si tout homme est pris dans ses histoires et dans celles d’autrui, Mais il faut choisir vivre ou raconter », comme il a pu Ă©galement montrer dans L’imaginaire que le moi rĂ©el et le moi imaginaire par essence ne peuvent coexister. Pour revenir Ă  La nausĂ©e, c’est l’histoire d’un homme qui se rend compte du vide de son histoire et mĂȘme de l’inanitĂ© de toute histoire. Quelque part dans une ville de province, le jeune Roquentin, historien, existe sans avoir ce qu’est sa propre existence. Il est absorbĂ© dans des histoires qu’il raconte, dans des reprĂ©sentations passĂ©es dĂ©pourvues de toute actualitĂ©, et il comprend alors que sa propre vie est au passĂ© », qu’elle est une vie sans vie, et qu’il est incapable de se reprĂ©senter ce qu’il doit ĂȘtre au prĂ©sent. Il fait alors face au vide de son existence, incapable de s’appuyer sur la reprĂ©sentation de son propre passĂ©. Il est littĂ©ralement jetĂ© dans le prĂ©sent, mais dans un prĂ©sent vide sans aucune possibilitĂ© de maĂźtrise liĂ©e Ă  la reprĂ©sentation d’un chez soi, d’une place dans le monde qui serait la sienne. Finalement transformer sa banalitĂ© quotidienne en aventure dans un bavardage sur soi, c’était une autre façon de tenter de fuir cette expĂ©rience terrible de la contingence radicale de notre existence que dĂ©crit justement La nausĂ©e. Pour Sartre aucune explication historique, ni thĂ©ologique, ne pourra me dire qui je suis et il faut sans doute passer par cette expĂ©rience de l’absurde, qui a valeur de rĂ©duction phĂ©nomĂ©nologique chez Sartre. Exister, c’est ĂȘtre simplement lĂ  et aucune reprĂ©sentation de son passĂ© ne donnera une consistance au cogito et pire encore elle Ă©loignera le moi de lui-mĂȘme. C’est le projet de reprĂ©sentation de soi qui est en lui-mĂȘme trompeur et conduit Ă  cette situation limite du monologue de Roquentin Je suis, j’existe, je pense donc je suis ; je suis parce que je pense, pourquoi est-ce que je pense ? Je ne veux plus penser, je suis parce que je pense que je ne veux pas ĂȘtre ». Sartre durcit le trait afin de souligner le caractĂšre vain, voire obscĂšne, de la reprĂ©sentation de soi qui finit par ĂȘtre une glu pour l’existence, pour la libertĂ©. Le rĂšgne de la reprĂ©sentation, c’est l’homme capturĂ© par lui-mĂȘme et enfermĂ© dans la prison de ses fantasmes ; c’est l’homme enfermĂ© dans l’immanence. Or, dans ce roman philosophique, Sartre dĂ©crit comment depuis l’expĂ©rience du vide de notre ĂȘtre il est possible de se donner une consistance, de transformer une existence d’abord absurde en une existence sensĂ©e. Le sens de son existence n’est donc pas ce qui serait toujours dĂ©jĂ  lĂ  et disponible dans une reprĂ©sentation de soi, mais il est ce que l’on se donne par ses actes, ce que l’on ne doit cesser de se donner. De ce point de vue, le nĂ©ant est bien un mode de la donnĂ©e Ă  soi-mĂȘme, puisqu’il ouvre Ă  l’avoir Ă  ĂȘtre non anticipable dans une reprĂ©sentation. Sartre donne bien alors Ă  penser qu’il y a deux types d’existence l’existence qui se fige dans des reprĂ©sentations de son passĂ©, qui est obsĂ©dĂ©e Ă  l’idĂ©e de dĂ©gager un en soi » de soi, et celle qui se libĂšre d’elle-mĂȘme, qui se nĂ©antise, qui dĂ©couvre la transcendance de l’ego, pour ĂȘtre toujours crĂ©atrice d’elle-mĂȘme en agissant dans les situations que le monde nous impose. La libertĂ© est une tĂąche Ă  renouveler sans cesse que Sartre dĂ©finit ainsi dans L’Être et le NĂ©ant La libertĂ© qui se manifeste par l’angoisse se caractĂ©rise par une obligation perpĂ©tuellement renouvelĂ©e de refaire le Moi qui dĂ©signe l’ĂȘtre libre ». p. 70. La libertĂ© du moi est de se donner son propre futur par ses actes libres et il n’y a que de cette maniĂšre, et non par la reprĂ©sentation du passĂ©, que l’on peut surmonter la contingence de son existence. La thĂšse classique de Saint Thomas d’Aquin est operari sequitur esse, l’agir suit l’ĂȘtre, mais lĂ  il est possible de renverser la proposition et dire que l’ĂȘtre suit l’agir ; il y a un rejaillissement du vĂ©ritable agir sur l’ĂȘtre qui en est l’agent. Ainsi la libertĂ© fonde la reprĂ©sentation vraie. 3 La re-prĂ©sentation de soi par et pour autrui La reprĂ©sentation de soi ne possĂ©dera jamais la certitude de la reprĂ©sentation des mathĂ©matiques, non parce qu’il n’y a pas de certitude, mais parce que sa certitude est d’une tout autre nature que la certitude d’entendement des mathĂ©matiques liĂ©e Ă  la transparence de l’esprit Ă  lui-mĂȘme dans la considĂ©ration d’un objet produit par le sujet. La certitude de soi est d’une autre nature et relĂšve plus de ce qu’on appelait une certitude morale. Mais comme on l’a vu la certitude de la reprĂ©sentation de ce que je dois faire a certes avant tout une signification Ă©thique, celle de la conscience de ma responsabilitĂ© insubstituable, mais on peut pour terminer se demander si cette reprĂ©sentation de soi comme responsable, si cette veille du soi Ă©thique qui ne cesse de tenter de ne pas s’endormir, vient des seules forces du sujet ou bien si elle ne trouve pas sa source dans l’appel d’autrui, dans l’appel du monde. Cette reprĂ©sentation comme veille Ă©thique serait alors une prĂ©sence sans transparence, puisque dans une situation qui m’interpelle je sais que c’est Ă  moi d’agir, sans pouvoir me dĂ©lester sur un autre de cette tĂąche, mais sans savoir nĂ©cessairement ce que j’ai concrĂštement Ă  faire. L’injonction me surprend sans pour autant m’apprendre ce que je dois faire et c’est du coup ce qui me pousse Ă  tenter de me reprĂ©senter ce que je dois faire dans la circonstance prĂ©sente. L’appel d’autrui dans sa dĂ©tresse me convoque et est la vraie source d’une reprĂ©sentation de soi qui ne serait pas trompeuse en ce qu’elle rĂ©pond Ă  une situation concrĂšte me demandant qui je suis suis-je celui qui dĂ©tourne la tĂȘte ou suis-je celui qui s’engage ? C’est une façon de dire qu’on ne peut accĂ©der Ă  son essence, qu’on ne peut se voir, que de maniĂšre indirecte en passant par le monde et par autrui. C’est en rĂ©pondant Ă  autrui, en agissant, que je peux me connaĂźtre et ainsi accĂ©der Ă  une reprĂ©sentation de mon essence. Toute reprĂ©sentation directe de soi, mĂȘme celle du je pur, serait alors trompeuse, dans la mesure oĂč c’est en m’ouvrant au monde et en me risquant dans le monde, donc en tant que sujet exposĂ©, que je peux savoir qui je suis. Tout le reste n’est peut-ĂȘtre que littĂ©rature. Autrement dit, je ne peux me comprendre que si je m’oublie en me donnant, et c’est en tant que je me donne dans ma rĂ©ponse que je peux approcher de mon vrai soi. Levinas radicalise cette thĂšse en partant d’une critique de la reprĂ©sentation dans son sens kantien en ce qu’elle s’en tient Ă  l’identitĂ© qui ramĂšne tout au mĂȘme et manque l’ipsĂ©itĂ©. Si Kant dans la prĂ©face de la seconde Ă©dition de la Critique de la raison pure B XVIII fait du terme de reprĂ©sentation un concept central de la mĂ©taphysique de la subjectivitĂ© par un changement de mĂ©thode dans la façon de penser c’est que nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mĂȘmes », Levinas veut lui effectuer une contre-rĂ©volution copernicienne afin de sortir d’une pensĂ©e de la reprĂ©sentation qui ne fait que rĂ©duire l’Autre au MĂȘme. Il Ă©crit dans TotalitĂ© et infini L’intelligibilitĂ©, le fait mĂȘme de la reprĂ©sentation, est la possibilitĂ© pour l’Autre de se dĂ©terminer par le MĂȘme, sans dĂ©terminer le MĂȘme, sans introduire d’altĂ©ritĂ© en lui, exercice libre du MĂȘme. Disparition, dans le MĂȘme, du moi opposĂ© au non-moi ». p. 129 Justement Levinas montre qu’il est impossible de dĂ©tacher le moi de la reprĂ©sentation des conditions oĂč il prend naissance, comme le visage, la souffrance ou la fraternitĂ©, et qu’il est possible d’envisager une autre intelligibilitĂ© du moi dans laquelle il est autre chose qu’une totalisation continue de soi dans le prĂ©sent. Finalement, Levinas montre que la reprĂ©sentation de soi au sens de Kant et aussi de Hegel est trompeuse parce qu’elle est aliĂ©nante en rĂ©duisant toute altĂ©ritĂ© en soi. Telle est la nouveautĂ© de sa thĂšse il veut mettre en lumiĂšre que seul le moi exposĂ© Ă  l’altĂ©ritĂ© et dĂ©pouillĂ© de lui-mĂȘme n’est pas aliĂ©nĂ©, comme il l’écrit dans L’intrigue de l’infini p. 192. Il ne s’agit pas pour Levinas de renier toute reprĂ©sentation de soi, mais de donner Ă  voir qu’elle ne possĂšde une vĂ©ritĂ© que par rapport Ă  un exil de soi et que l’expĂ©rience de soi ne se rĂ©duit pas Ă  la reprĂ©sentation de soi. Contrairement Ă  la perspective ouverte par Sartre, il ne s’agit pas de dĂ©cider de s’oublier pour se dĂ©couvrir dans l’action, mais d’entendre un Ignore-toi toi-mĂȘme » qui vient du visage toi-mĂȘme d’autrui, d’autrui comme visage, et qui me libĂšre de ma reprĂ©sentation pour me donner Ă  voir dans ma rĂ©ponse, dans ma responsabilitĂ© illimitĂ©e antĂ©rieure Ă  mon moi libre. Ainsi Levinas critique la Vorstellung, c’est-Ă -dire selon lui la reprĂ©sentation au sens kantien qui enferme le sujet en lui-mĂȘme, et mĂ©nage la VergegenwĂ€rtigung, c’est-Ă -dire la reprĂ©sentation au sens husserlien, mĂȘme si le rassemblement de soi dans le prĂ©sent qu’elle effectue manque la responsabilitĂ© pour l’autre. Il veut ainsi montrer que la reprĂ©sentation de soi dans le prĂ©sent ne vit que par un commandement rĂ©vĂ©lĂ© avant toute prĂ©sentation devant un sujet. Avant tout engagement, je suis responsable, otage dit Levinas dans une formule hyperbolique. DĂšs lors, si la conscience est bien re-prĂ©sentation, c’est-Ă -dire rĂ©tention, mĂ©moire rĂ©miniscence selon Levinas, si elle est la libertĂ© du sujet en acte, ce rassemblement de soi qu’est la conscience de soi ne vit que de l’exode de soi qu’est l’effraction d’autrui, qui nous fait exister au-delĂ  de l’essence. Il Ă©crit dans Autrement qu’ĂȘtre ou au-delĂ  de l’essence Le problĂšme consiste seulement Ă  se demander si le commencement est au commencement ; si le commencement comme acte de la conscience n’est pas dĂ©jĂ  prĂ©cĂ©dĂ© par ce qui ne saurait se synchroniser, c’est-Ă -dire parce qui ne saurait ĂȘtre prĂ©sent – par l’irreprĂ©sentable ; si une anarchie n’est pas plus ancienne que le commencement et la libertĂ© » p. 257. L’anarchie est ici ce qui ne peut pas entrer dans l’ordre venant de la conscience, mais c’est bien cet infini qu’est autrui, qui me rĂ©vĂ©lant mon propre infini, fait vivre mes reprĂ©sentations finies de moi-mĂȘme en les maintenant ouvertes Ă  l’excĂšs de ce que je peux devenir sur ce que je suis au prĂ©sent. C’est dans cette ouverture que la reprĂ©sentation de moi n’est pas trompeuse. Ainsi, ce troisiĂšme temps a pu montrer que la reprĂ©sentation de soi n’est pas trompeuse quand elle ne cesse d’ĂȘtre dĂ©faite par un appel qui est mon avenir absolu. Conclusion Les trois moments de ce travail ont permis de mettre en lumiĂšre en quoi la reprĂ©sentation de soi n’est pas trompeuse Ă  la condition de commencer par se libĂ©rer de tout ce qui relĂšve de la Vorstellung frauduleuse, de la mise en scĂšne de soi dans laquelle je ne vois de moi-mĂȘme que ce que je veux y mettre, mĂȘme si cette Vorstellung a son utilitĂ© dans la vie sociale, puisqu’elle rend possible les rapports de rĂŽle Ă  rĂŽle, voire de masque Ă  masque. Cela a conduit au projet d’une prĂ©sentification de soi, de la reprĂ©sentation de soi par un rassemblement dans le prĂ©sent de sa vie, notamment dans le rĂ©cit, Ă  la condition de ne jamais figer un tel rĂ©cit. Mais pour concevoir une vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation de soi comme moi empirique, une adĂ©quation entre rĂ©cit et rĂ©alitĂ©, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire de montrer que cette reprĂ©sentation de soi doit s’enraciner dans un vrai commencement, celui du je pur, celui du libre regard sur le monde et sur soi. C’est donc bien un autre soi qui peut porter la reprĂ©sentation de son moi empirique, notamment dans le souvenir, mais il faut alors souligner que le sens de la reprĂ©sentation de soi change, car on est alors passĂ© de la question quoi » Ă  la question qui ». Le je pur dĂ©gagĂ© par le doute et la rĂ©duction est, comme dit Levinas dans Hors sujet, une veille antĂ©rieure Ă  tous les rĂ©veils ; ce n’est pas une mise en scĂšne de soi comme voyant, mais une prĂ©sence continue Ă  soi dans l’acte de voir le monde, une nouvelle prĂ©sence toujours recommencĂ©e au sens d’une renaissance continuelle. Mais le dernier moment a voulu montrer que ce commencement dans sa dimension pratique et Ă©thique suppose toujours un autre commencement, celui du monde toujours dĂ©jĂ  lĂ  et dans lequel je dois agir, et l’effraction d’autrui qui me force Ă  me poser la question qui suis-je ? ». Or c’est
Larencontre est avant tout un engagement du corps, un investissement de soi vers l’autre et de l’autre vers soi. C’est une rencontre matĂ©rielle plus qu’immatĂ©rielle; le corps, le visage, le regard, nous engagent dans l’action et de cela dĂ©pend la rĂ©ponse d’autrui. La rencontre est tout Ă  la fois opposition et coopĂ©ration
Au programme de notre dictionnaire de philosophie la conscience Table des MatiĂšres1 La conscience en philosophie2 DĂ©finitions gĂ©nĂ©rales du concept de conscience 3 Cours sur la notion de conscience4 DĂ©finitions particuliĂšres de philosophes sur la conscience / la subjectivitĂ© Dans l'AntiquitĂ©, la conscience n'existait pas seul le “noos”, l'esprit connaissant, avait une valeur. C'est la modernitĂ© philosophique qui a donnĂ© au sujet une conscience. Descartes l'a posĂ©e comme le socle de la connaissance car la conscience a rĂ©sistĂ© au doute mĂ©thodique, elle peut donc servir de fondement sur lequel s'Ă©difierait l'ensemble du savoir cf. La MĂ©taphysique de Descartes. Kant, Hegel, ou encore Sartre reprennent Ă  leur compte cet acquis de la philosophie moderne. DĂ©finitions gĂ©nĂ©rales du concept de conscience – Du latin conscientia connaissance partagĂ©e avec un autre – Sens psychologique connaissance, intuition ou sentiment qu'un sujet possĂšde de lui-mĂȘme, de se Ă©tats et de ses actes – Sens moral capacitĂ© de formuler des jugements moraux, sur le bien et le mal Cours sur la notion de conscience Introduction Conscience » cum scientia latin. La conscience activitĂ© psychique qui fait que je pense le monde et que je me pense moi-mĂȘme. Et ce parce que la conscience est une mise Ă  distance. La conscience est mise Ă  distance De l’homme face au monde De l’homme face Ă  lui-mĂȘme La conscience ce qui fait que je ne suis pas posĂ© dans le monde comme peut l’ĂȘtre un objet mais que je me rapporte au monde, que je le vise, que je m’y projette. Etre conscient, c’est sentir, agir, penser et savoir que je sens, que je pense et que j’agis. L’homme n’est pas posĂ© dans le monde, il s’y rapporte. Par la conscience, le monde devient objet de connaissance et de rĂ©flexion. Etre conscient des actes accomplis et des pensĂ©es Ă©laborĂ©es n’en fournit pas pour autant l’intelligibilitĂ©. De plus, la conscience est une mise Ă  distance de l’homme par rapport Ă  lui-mĂȘme. Elle peut ĂȘtre ce qui lui inflige des expĂ©riences douloureuses ex la conscience morale, la culpabilitĂ©, le remords. Ex Crime et chĂątiment DostoĂŻevski avec le personnage de Raskolnikov aprĂšs le double meurtre de l’usuriĂšre et de sa sƓur. Par la conscience morale, l’homme fait l’épreuve d’actes dans lesquels il a du mal Ă  se reconnaitre. En ce sens, la conscience signifie moins l’accĂšs Ă  une identitĂ© stable, dĂ©finie qu’à une tĂąche Ă  effectuer. ProblĂ©matique En quoi la conscience fait elle la grandeur et la misĂšre de l’homme ? La conscience ce qui permet la connaissance La conscience permet Ă  l’homme de rĂ©pondre de ce qu’il est. Ceci l’élĂšve au-dessus de l’animal. Mais ce phĂ©nomĂšne est aussi ce qui le sĂ©pare de l’immĂ©diatetĂ© et de l’innocence de l’instant. La conscience est donc synonyme de dignitĂ©, elle est ce qui permet Ă  l’homme de penser le monde et de se penser lui-mĂȘme. Mais cette dignitĂ© a un prix, elle est une libĂ©ration qui impose la nĂ©cessitĂ© de devoir rĂ©pondre de ses actes et de les assumer. ParallĂšlement Ă  cela parce qu’elle permet la pensĂ©e, elle est ce qui permet le questionnement philosophique. Si la conscience est ce qui permet le raisonnement philosophique, il semble nĂ©cessaire de s’interroger sur l’origine de cette interrogation. A la question connais-toi toi-mĂȘme », Socrate rĂ©pond je sais que je ne sais rien ». NĂ©gativitĂ© de la connaissance le savoir se pose ici comme la conscience de ne rien savoir. I Descartes La conscience va aboutir comme positivitĂ© fondatrice. Les mĂ©ditations mĂ©taphysiques. Cogito ergo sum » Remise en question des perceptions, des opinions et des jugements. Le doute est un outil, il est mĂ©thodique, radical et systĂ©matique. Il a pour but d’aboutir Ă  la dĂ©couverte d’une vĂ©ritĂ© fondatrice, indubitable et certaine Ă  partir de laquelle la science et la connaissance pourraient ĂȘtre refondĂ©es. On doute du plus simple au plus complexe le plus simple douter des 5 sens plutĂŽt que de douter de chacune de mes perceptions ce qui serait infini, il faut douter de ce qui permet la perception les 5 sens. Cf texte du morceau de cire et de la tour qui semble carrĂ©e et qui en fait est ronde. Les sens sont donc trompeurs. Si les sens sont trompeurs, il est nĂ©cessaire de douter ce qui fonde mes 5 sens le corps. Descartes doute de l’existence de son propre corps. Mais si mes sens sont trompeurs, mes pensĂ©es peuvent aussi l’ĂȘtre doute quant aux vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Comme celles-ci ne procĂšdent pas de l’expĂ©rience et sont dans mon esprit, il faut bien qu’un ĂȘtre les y ait mises. Douter de ces vĂ©ritĂ©s, c’est donc nĂ©cessairement poser l’hypothĂšse de l’existence d’un Dieu qui ne cesserait de me duper. D’oĂč l’hypothĂšse de l’existence d’un malin gĂ©nie. DĂ©but de la conclusion je puis douter de toute mais pour douter il faut que je pense et pour penser il faut que je sois je pense, je suis. DĂšs que je pense et aussi longtemps que je pense, je suis. L’unique certitude qui rĂ©siste au doute je pense donc je suis ». Mais cette vĂ©ritĂ© affirme le fait que j’existe, elle ne me dit pas la nature de ce que je suis. Etre conscient d’exister ne m’informe pas sur l’identitĂ© de cet existant. La conscience peut-elle ĂȘtre objet de connaissance ? II La Conscience est une activitĂ© La conscience une activitĂ© qui accompagne mes reprĂ©sentations Kant Logique intro 1800 Contrairement Ă  Descartes qui dĂ©finit la conscience comme une chose, Kant la prĂ©sente comme une activitĂ©. La conscience est une fonction nĂ©cessaire de la pensĂ©e mais ne me donne pas la connaissance de ce je que je suis. Pour identifier ce moi, il est nĂ©cessaire que le pouvoir d’indentification soit initialement dans la conscience, pouvoir d’identification qui permet d’établir la relation entre sujet et objet. Kant distingue la reprĂ©sentation » de la connaissance », la matiĂšre » de l’ intuition », la sensibilitĂ© », la forme », l’ entendement ». Selon Kant, la connaissance procĂšde de deux sources la sensibilitĂ© et l’entendement sans la sensibilitĂ© l'entendement est vide, sans l’entendement, la sensibilitĂ© est aveugle. cf. La Critique de la Raison Pure SensibilitĂ© facultĂ© par laquelle les objets me sont donnĂ©s rĂ©ceptivitĂ©, sensation. Entendement facultĂ© intellectuellepar laquelle les objets sont pensĂ©s facultĂ© de connaitre. FacultĂ© intellectuelle qui produit les concepts Ă  partir desquels des intuitions sensibles sont reliĂ©es entre elles et ordonnĂ©es car subsumĂ©es. Subsumer » ranger une intuition sensible sous un concept, donc identifier, connaitre. Ex celui qui voit une maison pour la premiĂšre fois simple intuition. Celui qui voit une maison et qui a dĂ©jĂ  dans son entendement le concept de maison en a la reprĂ©sentation. Le je » accompagne toutes mes reprĂ©sentations et les unifie. La conscience, le je » est originaire. Il est ce qui permet cette unification et la conscience de soi procure aux reprĂ©sentations leur cohĂ©rence. Pour que les reprĂ©sentations soient unifiĂ©es, il faut admettre ce pouvoir unificateur comme ce qui permet la connaissance, donc le penser comme originaire. La conscience est donc une activitĂ©, elle est un pouvoir de synthĂšse. Le sujet ne peut prendre conscience de lui-mĂȘme qu’à travers cette activitĂ©. Comme, la conscience de soi ne peut apparaitre que lorsqu’elle se rĂ©alise, elle ne peut pas ĂȘtre une connaissance de soi car elle est ce qui permet la connaissance. La conscience, lorsqu’elle se prend elle-mĂȘme pour objet de pensĂ©e ne peut se penser Ă  vide. Elle se pense Ă  partir des contenus de pensĂ©e qui l’investissent. La conscience prĂ©sente ainsi un caractĂšre paradoxal, elle est ce qui permet la connaissance de l’objet, mais elle ne peut ĂȘtre elle-mĂȘme objet de connaissance. La conscience immĂ©diate et la conscience rĂ©flĂ©chie, la connaissance du monde, la connaissance de soi. La conscience de soi se dĂ©finit comme la possibilitĂ© pour le sujet de prendre pour objet de connaissance ses Ă©tats de conscience la conscience se retourne sur elle-mĂȘme pour penser ses contenus de pensĂ©e. La conscience participe ainsi de deux mouvements La conscience immĂ©diate elle est celle qui accompagne les actes du sujet avoir conscience de quelque chose La conscience rĂ©flĂ©chie celle dans laquelle le sujet se pense lui-mĂȘme comme conscient de quelque chose. Exemple Kant le passage de la simple conscience de soi Charles veut manger » Ă  je veux manger » la conscience de soi Kant Avant il se sentait, maintenant il se pense » Les deux mouvements fonctionnent ensemble toute conscience est toujours conscience de quelque chose et je ne peux prendre conscience de ce que je suis qu’en me regardant au travers des actes accomplis la conscience rĂ©flĂ©chie prĂ©suppose la pensĂ©e immĂ©diate. De la mĂȘme façon, le sujet ne peut avoir conscience de quelque chose que parce qu’il s’y sait prĂ©sent je n’ai conscience du monde que pace que je suis conscient d’y ĂȘtre la conscience immĂ©diate prĂ©suppose la conscience rĂ©flĂ©chie. Elles sont donc inscrites dans une activitĂ©, dans un mouvement, donc dans une temporalitĂ© qui entrelace la conscience immĂ©diate et celle rĂ©flĂ©chie sans pour autant les faire coĂŻncider. Cette absence de coĂŻncidence avec soi clairement chez Bergson. Cette non coĂŻncidence apparait avec la notion de durĂ©e. Le mouvement effectuĂ© inscrit la conscience dans la durĂ©e. La conscience Ă©tablit une relation entre le passĂ©, le prĂ©sent et l’avenir. III La conscience et la temporalitĂ© Texte de Bergson l’énergie spirituelle La conscience est conservation du passĂ©. La conscience est mouvement vers l’avenir. Donc la conscience est un lien entre le passĂ© et l’avenir car c’est le rapport Ă  la mĂ©moire et au projet qui caractĂ©rise la conscience. Bergson lie le savoir Ă  la mĂ©moire et Ă  l’anticipation. La mĂ©moire est une fonction du passĂ©. La conscience est attention portĂ©e au prĂ©sent. Elle est donc fondamentalement pratique. La conscience chez Bergson est une chose concrĂšte, c’est-Ă -dire une rĂ©alitĂ© dont nous faisons l’expĂ©rience Ă  chaque instant. Elle apparait d’autant plus clairement qu’elle se rĂ©alise Ă  chaque rapport au monde car elle accompagne chacune de nos perceptions et chacun de nos actes. La conscience se caractĂ©rise par la mĂ©moire une conscience sans mĂ©moire serait une conscience inconsciente », une conscience sans conscience d’elle-mĂȘme une conscience qui ne pourrait jamais rien identifier et serait ainsi confrontĂ©e Ă  un perpĂ©tuel inconnu. Or la conscience est le lieu dans lequel les Ă©vĂ©nements s’impriment. Elle se dĂ©finit d’abord par la perception des objets qui nous environnent et cette perception implique la mĂ©moire percevoir, c’est se souvenir » Bergson Etre conscient », signifie ĂȘtre capable d’effectuer le lien entre un Ă©vĂ©nement prĂ©sent et un Ă©vĂ©nement passĂ© afin que celui prĂ©sent puisse ĂȘtre identifiĂ©, reconnu et que je puisse agir dans le monde et donc y vivre. La conscience est aussi tension vers l’avenir, anticipation car agir dans le prĂ©sent signifie nĂ©cessairement s’engager dans ce que ce prĂ©sent va devenir. Si la conscience rapporte l’évĂ©nement prĂ©sent Ă  celui passĂ© pour pouvoir identifier celui prĂ©sent, si la conscience est relation Ă  l’évĂ©nement prĂ©sent Ă  partir de l’avenir qu’il annonce, quelle relation la conscience peut-elle avoir avec le prĂ©sent ? Si la conscience est en relation avec ce qui nest plus le passĂ©, et ce qui n’est pas encore l’avenir quelle relation a-t-elle avec ce qui est l’instant prĂ©sent ? L’instant prĂ©sent est par nature fugace, fugitif commencer Ă  percevoir l’instant prĂ©sent signifie qu’il n’est dĂ©jĂ  plus du prĂ©sent mais dĂ©jĂ  du passĂ© car la pensĂ©e s’y applique l’instant est alors dĂ©jĂ  un souvenir. De la mĂȘme façon, anticiper le prĂ©sent est impossible. L’instant n’existe pas dĂšs qu’il apparait, il n’est dĂ©jĂ  plusil est dĂ©jĂ  du passĂ©, aussi longtemps qu’il est attendu, il n’est pas c’est de l’avenir. DĂšs lors, le prĂ©sent n’est qu’une durĂ©e participĂ©e par le passĂ© immĂ©diat et l’avenir imminent. Le prĂ©sent, c’est quelque chose qui dure. LĂ  oĂč Descartes voyait la conscience comme une chose qui pense, Bergson voit une chose qui dure, qui s’écoule. Pour Bergson, la conscience est progrĂšs et son inspiration dans la durĂ©e fait que l’homme est ce qu’il fait et fait ce qu’il est. Si la conscience est happĂ©e par le passĂ© et tendue vers l’avenir, la conscience est mouvement, visĂ©e. IV Toute conscience est conscience de quelque chose » Husserl. Tout cogito porte en lui son cogitatum auquel elle se relie et dont il se distingue. La conscience est toujours relation avec autre chose qu’elle-mĂȘme. Il y a toujours une distance entre la conscience et l’objet qu’elle vise. MĂȘme lorsque la conscience prend pour objet de pensĂ©e ses contenus de pensĂ©e ex ses souvenirs 
 elle ne parvient pas Ă  les penser tels qu’ils Ă©taient au passĂ© parce qu’elle ne peut les apprĂ©hender que relativement au prĂ©sent dans lequel elle est. La conscience est projet, visĂ©e du monde, elle est intentionnalitĂ© ». IntentionnalitĂ© visĂ©e, projection vers le monde. La conscience n’est plus lue comme une intĂ©rioritĂ© close sur elle-mĂȘme, elle est visĂ©e, projection. Avant d’ĂȘtre rĂ©flexive, retour sur elle-mĂȘme, la conscience est initialement relation au monde en tant que je suis un ĂȘtre qui dĂ©sire, qui agit et qui anticipe. Parce qu’elle s’anticipe, la conscience est donc toujours dĂ©jĂ  au-delĂ  d’elle-mĂȘme, elle est visĂ©e d’un ailleurs pour orienter son agir dans le monde. La conscience est donc donatrice de sens, de signification. La signification n’est pas dans la chose, c’est la conscience qui donne leur sens aux choses qu’elle vise et qu’elle perçoit. Mais si la conscience est donatrice de sens, si elle ne se rĂšgle plus sur l’objet pour le connaĂźtre mais fournit un sens Ă  l’objet, alors la conscience ne peut plus ĂȘtre pensĂ©e comme le lieu d’une vĂ©ritĂ© unique, absolue. Il apparait alors lĂ©gitime de se poser la question suivante penser la conscience comme prĂ©valant sur la conscience, est-ce une vĂ©ritĂ© ou une simple interprĂ©tation ? V La mise ne doute de la suprĂ©matie de la conscience sur le corps. Texte de Nietzsche Aurore » 1880 La conscience n’est que le simple Ă©cho du corps qui la porte au monde. Plus que cela, ne serait-ce pas une simple interprĂ©tation que l’on aurait posĂ©e comme vĂ©ritĂ© pour des raisons morales, pratiques ? Si la conscience est donatrice de sens, penser la conscience comme supĂ©rieure au corps, n’est-ce pas une simple interprĂ©tation plutĂŽt qu’une vĂ©ritĂ©, une croyance et non un Ă©tat de fait ? Avec le cogito, Descartes avait signalĂ© la sĂ©paration de l’ñme et du corps. Cependant, Descartes, affirmant par la suite que je ne suis seulement logĂ© dans mon corps ainsi qu’un pilote en son navire », il finit par rĂ©unir l’ñme et le corps car l’expĂ©rience de la faim et de la douleur physique montre que le corps peut troubler la pensĂ©e. Et cette rĂ©union n’est pas sans consĂ©quences car elle conduit nĂ©cessairement Ă  s’interroger sur l’influence du corps sur la conscience et de la conscience sur le corps. Cette interrogation est fondamentale dans l’Ɠuvre de Nietzsche. La conscience selon Nietzsche Traditionnellement, la mĂ©taphysique et la philosophie ont toujours pensĂ© la conscience comme ontologiquement supĂ©rieure au corps. Ceci n’est qu’un postulat avancĂ© pour des raisons pratiques et morales elles servent Ă  responsabiliser l’homme quant Ă  ce qu’il est et ce qu’il fait, Ă  le rendre coupable et justifie ainsi le chĂątiment
. Avant cela, la mĂ©taphysique avait dĂ©jĂ  posĂ© tout ce qui est immatĂ©riel comme ontologiquement supĂ©rieur au sensible l’ñme, l’esprit, la conscience sont donc valorisĂ©s et le corps, le sensible dĂ©prĂ©ciĂ©. Nietzsche opĂšre un reversement de cette hiĂ©rarchie il pose la conscience comme dĂ©rivative du corps la conscience est une Ă©volution derniĂšre et tardive du systĂšme organique ». Selon Nietzsche, le corps est premier, il est pluralitĂ© de forces, de pulsions qui luttent les unes contre les autres, les unes avec les autres. Ces forces constituent ce que Nietzsche appelle la volontĂ© de puissance » force qui cherche son propre accroissement, qui est toujours en devenir
 Le Moi est donc multiple et l’individu vit une pluralitĂ© de sensations, d’identitĂ©s, de rĂŽles. RĂ©duire la conscience Ă  une unitĂ©, c’est vouloir enfermer l’homme dans une identitĂ© unique, c’est vouloir le rĂ©duire Ă  un seul rĂŽle et ce rĂŽle est dĂ©fini par la philosophie comme celui de l’ animal rationnel ». Or, selon Nietzsche Tout acte de volontĂ© comporte premiĂšrement une pluralitĂ© de sentiments ». L’unitĂ© du je pense » n’est donc qu’un prĂ©jugĂ©, une illusion de la grammaire qui laisse croire que le je » dĂ©cide de la pensĂ©e alors qu’en fait le je » n’est que la consĂ©quence d’une multitude de luttes continuelles entre les diffĂ©rentes forces qui animent le corps. L’unitĂ© de la conscience est donc une illusion pratique car face Ă  la pluralitĂ© du monde, il est rassurant de se penser comme une unitĂ© plutĂŽt que de se penser comme pris dans un devenir permanent et donc d’ĂȘtre toujours autre Ă  soi-mĂȘme. PremiĂšre illusion de la conscience la conscience se pose comme cause d’elle-mĂȘme, elle se croit substance et se pense comme Ă©tant Ă  l’origine de ses pensĂ©es. Or, la conscience n’est pas ce qui donne des ordres mais qui ne fait qu’obĂ©ir Ă  ce que le corps impose les pensĂ©es viennent Ă  moi quand elles le veulent et non quand je le dĂ©cide ». La conscience n’est que le simple Ă©cho du corps. La conscience n’a accĂšs qu’à la surface des que l’on connait les raisons qui nous font agir, c’est en fait se mĂ©prendre car ces raisons fondamentales sont en profondeur et Ă©chappent Ă  la surface. La croyance en l’ego n’est donc qu’une illusion, le Moi rationnel n’est qu’un mythe, une fiction mĂ©taphysique et la souverainetĂ© de la conscience sur le corps, un fantasme. On peut alors comprendre le sens du cogito brisĂ© » chez Ricoeur le moi n’est pas transparent Ă  lui-mĂȘme. Le Moi n’est pas une identitĂ© qui est donnĂ©e de façon dĂ©finitive au dĂ©part, une fois pour toutes ; mais une identitĂ© qui ne cesse de se construire au fur et Ă  mesure ce qu'il nomme identitĂ© narrative. La conscience se manifeste ainsi par une certaine opacitĂ© Ă  elle-mĂȘme. Conclusion La conscience se dĂ©finit, certes, par son activitĂ© quant Ă  la connaissance, mais aussi par ses lacunes, ses errances, son opacitĂ©. En approchant l’homme relativement Ă  cette opacitĂ© de la conscience, force est de constater que celle-ci n’est pas transparente Ă  elle-mĂȘme. Il y a en elle des choses qui lui Ă©chappent et qui signalent que par-delĂ  ce que la conscience affirme d’autres choses se disent. Penser la conscience signifie donc aussi penser ce qu’elle ne maĂźtrise pas au sein du psychisme et qui peut la remettre en question quant Ă  son autoritĂ©. Cette remise en question passera par Nietzsche par la volontĂ© de puissance, par Marx dans le domaine social pour aboutir au thĂšme de l’inconscient chez Freud, inconscient qui induira ce constat fatal Le Moi n’est pas maĂźtre en sa propre maison » DĂ©finitions particuliĂšres de philosophes sur la conscience / la subjectivitĂ© – Descartes “Ma propre pensĂ©e ou conscience” Discours de la mĂ©thode – Rousseau “Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et cĂ©leste voix guide assurĂ© d'un ĂȘtre ignorant et bornĂ©, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable Ă  Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralitĂ© de ses actions” Emile ou de l'Education – Kant “La conscience est une reprĂ©sentation qu'une autre reprĂ©sentation est en moi” Critique de la raison pure – Kant “La conscience est la raison pratique reprĂ©sentant Ă  l'homme son devoir pour l'acquitter ou le condamner en chacun des cas oĂč s'applique la loi” Critique de la raison pratique – Hegel “L'homme est un ĂȘtre douĂ© de conscience et qui pense, c'est-Ă -dire que, de ce qu'il est, quelle que soit sa façon d'ĂȘtre, il fait un ĂȘtre pour soi” PhĂ©nomĂ©nologie de l'Esprit – Bergson “La conscience est la puissance de choix” L'Evolution CrĂ©atrice – Alain “La conscience est le savoir revenant sur lui-mĂȘme” DĂ©finitions – Sartre “La conscience est le refus d'ĂȘtre substance” L'Etre et le NĂ©ant – Rabelais “Science sans conscience n'est que ruine de l'Ăąme” Panagruel – Dante “Pourvu que ma conscience ne me fasse pas de reproches, je suis prĂȘt Ă  subir la volontĂ© de la fortune” La Divine ComĂ©die
Laconscience de soi peut ĂȘtre conscience de l'illusion sur soi : ie, en prenant conscience que je ne suis pas ce que j'ai conscience d'ĂȘtre, je peux mieux me connaĂźtre (Ă  une condition Ă©videmment : que je ne sois pas fatalement dĂ©termiĂ©n par mon inconscient, que celui-ci ne soit pas un "destin" -d'oĂč, encore, l'intĂ©rĂȘt de recourir Ă 
/ 05/09/2018 Comment amĂ©liorez votre vie personnelle avec la conscience de amĂ©liorer votre conscience de soi, vous devez d’abord vous concentrer sur votre passĂ© et vos Ă©motions. Comment ĂȘtes-vous arrivĂ© lĂ  oĂč vous ĂȘtes maintenant, et comment pouvez-vous arriver lĂ  oĂč vous voulez ĂȘtre dans la vie? Tirer les ressources dans votre esprit vous aidera Ă  devenir familier avec faire personne a besoin de savoir, et de se faire confiance avant de pouvoir faire confiance aux autres. Ne comptez pas sur le jugement des autres, utilisez plutĂŽt votre propre jugement et cela vous fera vous sentir comme une nouvelle personne. Vous devriez toujours vous arrĂȘter et rĂ©flĂ©chir, pour que vous appreniez Ă  vous faire confiance et Ă  savoir qui vous ĂȘtes. Avec le monde en Ă©volution rapide dans lequel nous vivons maintenant, vous mettez probablement beaucoup de choses de cĂŽtĂ©, et parce que vous n’avez pas le temps. Prenez le temps pour vous et rĂ©flĂ©chissez avant de le vous regardez en arriĂšre sur votre vie, cherchez les choses qui vous ont fait que vous soyez comme vous ĂȘtes aujourd’hui. Essayez de travailler sur une attitude positive afin de devenir complĂštement vous-mĂȘme et retrouver cette conscience de Ă  faire des choses qui vous rendent heureux et qui vous ont rĂ©ussi. Apportez du bonheur Ă  vous-mĂȘme et aux autres, cela vous fera vous sentir bien, et vous apportera de la joie dans votre vie. Lorsque vous ĂȘtes heureux, vous aurez aussi moins de de la le yoga et mĂ©ditez pour vous aider Ă  vous dĂ©velopper. La mĂ©ditation demande beaucoup de pratique, alors soyez patient lorsque vous utilisez des pratiques de yoga, et ne vous attendez pas Ă  ce que les rĂ©sultats se produisent pendant la vos de vous redĂ©couvrir en Ă©crivant un journal. Écrivez sur ce que vous ressentez, ce que vous voulez dans la vie; enregistrer tout cela. Écrivez les rĂ©sultats pour voir votre progression. Cela vous aidera Ă  dĂ©cider ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Savoir ce qui est important et ce qui ne l’est pas fera ressortir la valeur en vous. ConnaĂźtre vos valeurs dans la vie est la clĂ© de la conscience de soi, et votre croissance personnelle, et votre bonheur. Vos valeurs parieront mieux chaque des des objectifs et des Ă©chĂ©ances lorsque vous voulez les accomplir. Agissez immĂ©diatement pour vous permettre d’apprendre et d’ĂȘtre flexible. Ayez une Ă©tude d’esprit ouvert et apprenez des autres personnes. Trouver quelqu’un pour vous soutenir dans vos objectifs, et vous Ă©couter lorsque vous avez besoin de parler de l’endroit oĂč vous voulez aller, vous aidera Ă  les rendre plus facilement devez changer la façon dont vous avez fait les choses dans le passĂ©. De ce fait, vous apprenez par des erreurs, et ces erreurs se reproduiront plus. Vous voulez de nouveaux rĂ©sultats ? Ne faites plus les mĂȘmes grandit toujours en tant que personne une fois qu’on construit sa conscience de soi. Vous accepterez vous-mĂȘme et les autres. Vous deviendrez plus autonome et motivĂ©. Lorsque votre conscience de soi grandira, vous bĂ©nĂ©ficierez davantage en tant que personne, et vous aurez plus de succĂšs dans tout ce que vous voulez faire dans votre de sa maĂźtre de votre vie. Ne laissez pas votre vie prendre le dessus et vous contrĂŽler. En vous comprenant vous-mĂȘme et votre esprit, vous apprenez Ă  vous retrouver, Ă  savoir ce qui a mal tournĂ© et Ă  le rĂ©parer. Garder votre vie dans l’équilibre est trĂšs important pour garder votre conscience de soi, lĂ  oĂč elle doit ĂȘtre, afin d’ĂȘtre heureux. Cela ne peut qu’ajouter de la valeur Ă  votre vie pour vous sentir gens heureux sont gĂ©nĂ©reux, et mĂȘme trĂšs gĂ©nĂ©reux. Donnez autant de vous-mĂȘme que possible, et poussez-vous Ă  donner plus. Plus vous donnez le meilleur, plus vous le sentirez, et vous serez en mesure d’oublier les moments difficiles. Pensez que quand NoĂ«l arrive, essayez de choisir un cadeau spĂ©cial, enveloppez-le Ă  une personne qui n’a conscience de soi pdf, la conscience de soi dĂ©finition, la conscience de soi est elle trompeuse, conscience de soi psychologie, conscience de soi Descartes, la conscience de soi est elle une connaissance de soi, conscience de soi citation, conscience de soi Hegel
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