Autrescitations de G.W.F. HEGEL : Heureux celui qui a conformĂ© sa vie Ă ses projets. Lâhomme nâest rien dâautre que la sĂ©rie de ses actes. Lâhistoire est lâeffort de lâesprit pour atteindre la libertĂ©. Parce quâil est esprit, lâhomme a une double existence. Ăcouter la forĂȘt qui pousse plutĂŽt que lâarbre qui tombe.
RĂ©sumĂ© du document La conscience est utilisĂ©e d'un point de vue moral mais aussi psychologique. Ainsi, la conscience dĂ©signe l'Ă©tat intĂ©rieur d'un sujet mais aussi son devoir. La conscience morale semble fiable dans la mesure oĂč le devoir est compris comme une obĂ©issance Ă une loi universelle. Cependant, la conscience psychologique s'avĂšre, dĂšs que la notion d'inconscient apparaĂźt, nĂ©cessairement trompeuse ... Sommaire IntroductionI Les ambitions de la conscience classiqueII L'Ă©branlement de l'inconscient freudienIII Qu'est-ce que la conscience ? Extraits [...] Dissertation philosophique La conscience peut-elle nous tromper ? La conscience est utilisĂ©e d'un point de vue moral mais aussi psychologique. Ainsi, la conscience dĂ©signe l'Ă©tat intĂ©rieur d'un sujet mais aussi son devoir. La conscience morale semble fiable dans la mesure oĂč le devoir soit compris comme une obĂ©issance Ă une loi universelle. Cependant, la conscience psychologique s'avĂšre, dĂšs que la notion d'inconscient apparait, nĂ©cessairement trompeuse. Ainsi, nous verrons tout d'abord les ambitions de la conscience classique pour ensuit Ă©voquer l'inconscient freudien. [...] [...] Ainsi, il nous arrive frĂ©quemment de prendre conscience d'idĂ©es sans que nous en comprenions l'origine. MalgrĂ© que nous essayions de la trouver et que, par chance, nous la trouvons, il reste nĂ©anmoins Ă comprendre pourquoi telle action a eu tel effet. DĂšs lors, Descartes trouve pour cause de son attirance envers les personnes louches, son amour de jeunesse qui louchait. Mais ne fait pas part au lecteur du pourquoi son esprit Ă retenue cette particularitĂ© et pourquoi serait-elle la consĂ©quence de cette attirance. [...] [...] DĂšs lors, l'inconscient qui pĂ©nĂštre dans la conscience risque d'ĂȘtre superficielle et surtout trompeur. C. La conscience est moindre face Ă l'inconscient Ce qui rend la thĂšse de l'inconscient vraisemblable, c'est qu'il permet d'expliquer des phĂ©nomĂšnes dont seule la conscience est apte Ă se rendre compte. Ainsi, Freud montre, Ă travers la thĂ©orie des rĂȘves, que leur contenu apparent et leur sens profond sont gĂ©nĂ©ralement des choses refoulĂ©es par l'homme. De plus, les nĂ©vroses ne peuvent ĂȘtre soignĂ©es uniquement parce que nous connaissons la prĂ©sence d'un inconscient capable d'influencer leurs comportements Qu'est-ce que la conscience ? [...] [...] La conscience, un effet ? Selon Marx, la conscience ne dĂ©termine pas l'existence de l'homme mais c'est l'existence de l'homme qui dĂ©termine sa conscience. Ainsi, en pensant que la conscience dĂ©termine l'homme, celui-ci se fait beaucoup d'illusions dans la mesure oĂč le sujet est contraint Ă penser ou agir d'une façon par son appartenance Ă sa classe sociale. B. Une conscience aliĂ©nĂ©e Or la conscience collective, autrement dit de classe n'est pas fiable car sen fonction des diffĂ©rentes classes on assiste Ă une classification des consciences la bourgeoisie pense ĂȘtre seule alors que celle des ouvriers est aliĂ©nĂ©e. [...] [...] Cependant, cette prise de conscience de soi ainsi que de la nature n'est pas sans consĂ©quence. En effet, elle suppose que l'homme a la possibilitĂ© de maintenir le contrĂŽle de soi et de ses rĂ©actions face au monde extĂ©rieur. C'est en se connaissant le mieux que l'homme pourra maitriser ses rĂ©actions. C. La connaissance de soi constitue le sujet Ainsi, la prise de conscience commence indĂ©niablement par le fait de prononcer le je DĂšs lors, la conscience apparait comme constante Ă travers tous les changements qu'elle peut subir. [...]
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1 La conscience, prise en charge de soi, pensĂ©e de soi. 2. LâintentionnalitĂ© ou la conscience comme sortie de soi, aller au-delĂ de son petit soi, sâouvrir. 3. La conscience comme lien de
Fiche de cours la conscience Conscience psychologique La conscience est Ă©tymologiquement un savoir » accompagnant l'existence, la pensĂ©e et l'action d'un sujet. Comme prĂ©sence Ă soi et aux choses, la conscience est dite psychologique. I/ Conscience morale En se distanciant des objets sur lesquels elle porte, la conscience peut les juger elle peut Ă©valuer ce qui est les faits d'aprĂšs ce qui doit ĂȘtre les valeurs. En ce sens, la conscience est morale. A La conscience peut-elle nous tromper ? La conscience, illusion du sujet ? La conscience est ambiguĂ« si rien n'est connaissable sans elle comment savoir quelque chose sans en avoir conscience ?, elle n'en est pas moins sujette Ă l'erreur et Ă l'illusion. En effet, le sujet tend Ă prendre ce dont il a conscience son point de vue particulier pour la seule rĂ©alitĂ© existante, et ainsi Ă s'illusionner sur le rĂ©el. Le sujet, illusion de la conscience ? Or, l'illusion fondamentale du sujet conscient ne porte-t-elle pas sur lui-mĂȘme ? La conscience d'ĂȘtre un sujet vĂ©ritable n'est-elle pas la plus grande illusion ? Kant nous assure du contraire Le je prouve que j'agis par moi-mĂȘme, que je suis un principe et non un rĂ©sultat ». Se dire libre c'est se poser comme le sujet de ses actions et de sa pensĂ©e c'est moi qui agis et qui pense. C'est avoir conscience de soi comme d'un ĂȘtre ayant une identitĂ© personnelle unifiĂ©e, stable, et capable de se dĂ©terminer lui-mĂȘme. Mais cette conscience est-elle fiable ? La conscience d'exister comme sujet pensant prouve-t-elle vraiment l'existence d'un tel sujet, ou n'est-elle qu'une illusion ? Faut-il dire cogito je pense » avec Descartes, ou cogitatur ça pense » avec Nietzsche ? Mais si le sujet n'existe pas comme principe, disparaĂźt-il alors moralement, c'est-Ă -dire comme valeur ? L'idĂ©e de sujet conscient perd-elle toute valeur ? La rĂ©ponse de Descartes Le doute retournĂ© contre le scepticisme C'est pour vaincre le scepticisme, donc pour fonder le dogmatisme Ă©tablir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences », que Descartes entreprend de douter de tout. En effet, il voit dans le doute le moyen d'atteindre l'indubitable une pensĂ©e absolument certaine rĂ©sistant absolument au doute. Ce doute mĂ©thodique repose principalement sur les arguments du rĂȘve ne produis-je pas moi-mĂȘme toutes mes pensĂ©es ? et du malin gĂ©nie ne serais-je pas le jouet d'un ĂȘtre trompeur ?. Quelle garantie ai-je d'ĂȘtre bien rĂ©glĂ© » ou bien calibrĂ© » comme on le dit d'un instrument de mesure ? Qu'est-ce qui me prouve que ce Ă quoi je pense existe vraiment et que mes idĂ©es correspondent Ă la rĂ©alitĂ© ? Le cogito je pense donc je suis Descartes dĂ©couvre qu'une pensĂ©e rĂ©siste au doute c'est qu'il est vrai que j'existe, moi qui pense cogito, â si je n'existais pas, je ne pourrais ni penser ni douter de mon existence ! Je ne peux pas ne pas ĂȘtre, quand je pense que je suis. L'existence du sujet pensant ou doutant est une Ă©vidence indubitable. Mais que suis-je ? Je suis une chose pensante », une substance pensante et consciente un sujet absolu, un esprit, une Ăąme. La conscience est l'Ă©vidence fondamentale, la connaissance constituant le fondement et le modĂšle de toute vĂ©ritĂ© . Comment trouver des cours de philo ? B Avoir conscience, est-ce juger ? Une relation de soi aux choses et de soi Ă soi Selon l'Ă©tymologie latine, la conscience est un savoir accompagnant quelque chose. Elle signifie donc que quelque chose est su par le sujet ; le sujet se sait en relation avec une rĂ©alitĂ©, perçue plus ou moins clairement. Conscience psychologique et conscience morale La conscience peut porter sur des faits ce qui est ou sur des valeurs ce qui doit ĂȘtre. Dans le premier cas, la conscience est dite psychologique. Elle est spontanĂ©e et/ou rĂ©flĂ©chie. Son objet est extĂ©rieur les choses ou intĂ©rieur la vie subjective ; prĂ©sent attention..., passĂ© souvenir, regret... ou futur attente, projet... ; possible hypothĂšse... ou impossible imagination, illusion.... Elle Ă©met des jugements de fait ou d'existence il y a ceci, ceci est celaâŠ. Dans le second cas, la conscience est dite morale elle Ă©met des jugements de valeur. Elle est alors comme un juge intĂ©rieur, Ă©valuant ce qui est faits, actes, pensĂ©es⊠d'aprĂšs ce qui doit ĂȘtre, c'est-Ă -dire d'aprĂšs des valeurs ou des normes morales, religieuses, politiques, juridiques, esthĂ©tiques.... Toute conscience est-elle morale ? Mais faut-il vraiment sĂ©parer la conscience psychologique de la conscience morale ? Ne serait-ce pas, comme le dirait Descartes, prendre une distinction formelle valable seulement en pensĂ©e pour une distinction rĂ©elle valable dans la rĂ©alitĂ© ? En effet, toute conscience est toujours un certain Ă©cart par rapport Ă ce qui est. Or, toute prise de distance n'implique-t-elle pas une certaine Ă©valuation et un certain choix ? La conscience n'est-elle pas alors essentiellement morale ? La rĂ©ponse de Alain La conscience fait face Ă ce qui est... Perdre conscience s'Ă©vanouir, c'est cesser d'ĂȘtre prĂ©sent Ă soi et au monde. Au contraire, revenir Ă soi, c'est revenir au monde, c'est-Ă -dire prĂ©cisĂ©ment Ă autre chose que soi » Paul ValĂ©ry. La conscience psychologique fait qu'un ĂȘtre n'est pas seulement dans le monde une chose parmi les choses, mais est aussi devant le monde un sujet face Ă un objet, ou face Ă d'autres sujets . ... et le juge au nom des valeurs Or, parce qu'elle est l'acte par lequel l'esprit se dĂ©double et s'Ă©loigne Ă la fois de lui-mĂȘme et des choses », la conscience permet la reprise critique de ce qui est. Parce qu'elle oppose ce qui doit ĂȘtre la norme Ă ce qui est le fait, la conscience est toujours morale elle juge et elle incite Ă rectifier ce qui n'est pas fidĂšle Ă ses valeurs. La morale consiste Ă se savoir esprit et, Ă ce titre, obligĂ© absolument car noblesse oblige », conclut Alain.
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Ainsion comprend que la connaissance de soi est Ă la fois un savoir et un dĂ©sir, qui ouvre sur un Ă©quilibre entre volontĂ© et humilitĂ© par lequel nous trouvons notre juste place dans le cosmos. Sans doute, l'injonction moderne du "connais-toi toi mĂȘme" qui s'exprime dans les expressions, comme "savoir s'affirmer", "avoir confiance en soi
Quelques pistes La conscience est proche du savoir. Si elle nâest pas elle mĂȘme savoir, câest en son sein que lâon peut dĂ©partager cette zone claire de la connaissance et celle obscure de lâignorance. Il est possible dâavoir conscience de son ignorance, mais cette conscience est dĂ©jĂ savoir de ses limites, des limites de sa connaissance. Ce savoir obscure nâest certes pas connaissance scientifique pas dâemblĂ©e, mais dĂ©sir de connaissance. Et il y a dĂ©jĂ dans ce dĂ©sir le principe des connaissances Ă venir qui sont dĂ©jĂ anticipĂ©e sur le mode du pressentiment. La conscience nâest pas le savoir, mais le point dâentrĂ©e dans le savoir ; toute conscience nâest pas savoir, mais tout savoir apparaĂźt comme conscient, Ă un certain degrĂ© de lui mĂȘme. LâĂ©tymologie le dit ce qui se fait avec conscience, se fait avec » science ». Ainsi, il est possible de faire quelque chose sans mĂ©thode, de rĂ©ussir en sâen remettant Ă la chance, mais cette rĂ©ussite sera due au hasard et ne saura pas ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©e. Elle nâest vĂ©ritable rĂ©ussite, si en plus du rĂ©sultat sâadjoint ce rĂ©sultat supplĂ©mentaire quâest la connaissance. Ce savoir nâest pas seulement le savoir de la chose, mais du processus qui a permis de la produire ou du moins de la viser, de la rencontre, de la saisir et de la connaĂźtre. La conscience est le prĂ©supposĂ© de toute connaissance, et tout connaissance, est la rationalisation de phĂ©nomĂšne conscients câest Ă dire lâordonnancement selon les lois de la nature, des reprĂ©sentations que lâon sâen fait. La conscience ne saurait ĂȘtre dĂšs lors illusoire. Elle ne pourrait ĂȘtre Ă la marge, mais seulement par dĂ©faut ce serait parce que lâon serait insuffisamment conscient que nous serions dans lâerreur. Mais en rĂ©alitĂ©, si lâon devenait pleinement conscient, la part des reprĂ©sentations qui sont admises se rĂ©duirait Ă peau de chagrin, et il ne resterait plus que des certitudes, dont lâapodicticitĂ© nous assurait de la science. La conscience absolue est scientifique, et elle est ce qui met Ă distance lâillusion et lâerreur. La conscience est source de clartĂ© et de connaissance, et non pas dâillusions. * I. A Descartes semble avoir ouvert la voie en ce qui concerne la mise en convergence de la science et de lâillusion. Ainsi, en dĂ©couvrant la conscience, Descartes rencontre le rĂ©el. Quand il cherche cette premiĂšre certitude, socle sur lequel fondĂ© son nouvel Ă©difice de savoir, il a rencontre cette chose quâest la conscience en latin, chose se dit res », qui a donnĂ© rĂ©alitĂ© ». La rĂ©alitĂ© de la conscience, est cette premiĂšre certitude, cette rĂ©alitĂ© dont on ne peut pas douter et dont la prĂ©sence, la facticitĂ© se prĂ©sente avec le caractĂšre dâune Ă©vidence telle quâon ne peut que reconnaĂźtre quâelle existe. La conscience est une chose, et la connaissance de cette chose est assurĂ©e par lâĂ©vidence Ă laquelle la conscience se prĂ©sente. La conscience a conscience dâelle mĂȘme sans lâombre dâun doute, et cette absence de doute est le critĂšre de la connaissance. La conscience de soi, est immĂ©diate et par lĂ la conscience se saisit se conçoit, se connaĂźt comme chose pensante. DĂšs lors, la conscience nâest pas source de lâillusion. Elle est source de pensĂ©es on pourrait reprĂ©senter les pensĂ©es effectivement comme un flux elles ne se juxtaposent pas dans lâespace, mais se dispose diachroniquement selon la ligne du temps, mais toutes ces pensĂ©es, qui sâĂ©coulent dans le temps quâouvre la conscience, sont toutes rapportĂ©es au sujet, Ă lâĂąme dont lâattribue essentielle est la pensĂ©e. Lâacte permanent de la pensĂ©e est ce par quoi la continuitĂ© dans le temps signale la substantialitĂ© du sujet. LâĂąme est substance pensante. Et cela ne saurait ĂȘtre une source dâillusions. B. Pour autant, la conscience est source de toutes les reprĂ©sentations sur le rĂ©el. DĂšs lors, elle est source des reprĂ©sentations justes et des reprĂ©sentations fausses. Aussi si le fait de la conscience, ou mĂȘme le fait mĂ©taphysique de la rĂ©alitĂ© substantielle de lâĂąme conçue comme chose pensante ne fait pas doute pour le rationaliste cartĂ©sien, il nâempĂȘche que des reprĂ©sentations fausses peuvent ĂȘtre reçue en la crĂ©ance de lâĂȘtre conscient de lui mĂȘme. Tel est le destin de celui qui se fie aux opinions. Or, mĂȘme Descartes le reconnait dans la premiĂšre de ses trois maximes de la morale par provision, il nâest pas possible de faire autrement que de cĂ©der sur lâexigence de vĂ©rification de la science pour rĂ©pondre aux nĂ©cessitĂ©s de la vie. La vie imposant sans dĂ©lais de se positionner dans lâexistence, il nous faut nous appuyer sur ces jugements prĂ©caires que sont les opinions pour nous orienter dans lâexistence. Ainsi, la conscience en tant quâelle nâest pas seulement le point de dĂ©part dâune reconstruction solide, selon les canons de la sciences, et de la mathĂ©sis universalis, en suivant des chaines dĂ©ductives Ă partir de principes assurĂ©s, mais aussi le principe de lâaction dans un environnement oĂč le possible et le contingent laisse place Ă la dĂ©libĂ©ration et Ă une part de latence dans la dĂ©termination, la conscience doit avoir Ă sây prendre Ă des illusions quâelle accepte en elle. Est ce Ă dire pour autant que la conscience serait source de ces illusions quâelle prend en sa crĂ©ance ? Les opinions, sont la plupart du temps, des opinions reçues. Il ne sâagit pas dâillusion produite mais reçue. Les jugements sont des prĂ©jugĂ©s, des jugements produits par dâautres. Certes il nous revient de nous assurer que ce que nous affirmons est vrai, et non pas prendre pour argent content ce que lâon nous assure ĂȘtre vrai, mais nĂ©anmoins il nous faire aussi confiance dans une certaine mesure, dans les tĂ©moignages pour des choses qui sont hors de notre portĂ©e. Il en va autrement en ce qui concerne le tĂ©moignage des sens. En effet, ce dernier est plus intĂ©rieur Ă notre psychiques que les tĂ©moignages des autres, et si notre perception Ă©tait source dâillusion, Ă©tant donnĂ© quâelle est part de notre conscience on parle de conscience perceptive alors, on pourrait dire que la conscience est trompeuse. Et il est vrai que dans la premiĂšre mĂ©ditation mĂ©taphysique, Descartes Ă©voque ce cas des illusions de sens, qui jette le discrĂ©dit sur lâensemble de leur tĂ©moignage. Sâils ont pu nous tromper une fois, ils le peuvent sans doute Ă nouveau. NĂ©anmoins, une puissance en nous semble Ă©chapper Ă cette dĂ©rive, et câest lâentendement le jugement, est ce qui rectifie les donnĂ©es illusoires de sens. Ce nâest pas les sens qui sont trompeurs, câest le jugement qui est mal ajustĂ©. Dans les rĂ©ponses aux objections, Descartes donne alors lâexemple du bĂąton brisĂ© le jugement est ce qui rĂ©tablit la rĂ©alitĂ© de la rectitude du bĂąton, alors que les sens du fait de la diffraction de la lumiĂšre diffĂ©rente en fonction du changement de milieu. Il reste que le jugement nâest pas assurĂ© lui mĂȘme de ses fondements. On pourrait imaginer une forme de folie intĂ©rieure Ă la conscience qui le soutient. C. Câest cette hypothĂšse que fait Descartes dans la premiĂšre mĂ©ditation. mais quoi ce sont des fous ? » cette phrase qui Ă©carte en apparence la possibilitĂ© de la folie, la rĂ©tablit en rĂ©alitĂ©, car Descartes sâadressant Ă lui mĂȘme est comme dĂ©doublĂ©. Il y a en effet en lui une tendance Ă jouer contre lui mĂȘme il se prĂ©sente lâhypothĂšse dâun rĂȘve, dâune illusion totale. Cet argument du rĂȘve, mis en scĂšne par le théùtre lâillusion Comique de Corneille ou le cinĂ©ma Inception de Nolan va jusquâĂ affirmer la possibilitĂ© dâun malin gĂ©nie, dâun Dieu trompeur. La conscience serait soumise donc Ă des manipulations et sujette Ă des illusions. Elle serait comme source dâillusion. DĂ©jĂ Platon avait soulevĂ© cette possibilitĂ© avec son allĂ©gorie de la caverne, mais la manipulation Ă©tait extĂ©rieure, et il Ă©tait toujours loisible au prisonnier sous le coup dâune illusion cinĂ©matographique de sortir de la caverne. LĂ , ce que lâon voit, câest au contraire câest que les illusions sont intĂ©rieures Ă la conscience, et que le malin gĂ©nie est cette instance qui fait percevoir comme vraie car certaine, câest Ă dire claires et distinctes donc Ă©videntes des vĂ©ritĂ©s qui ne le sont pas. Ce nâest pas que le tĂ©moignage des sens qui est douteux, câest le tĂ©moignage par notre esprit de lâexpĂ©rience de la vĂ©ritĂ© qui lâest. NĂ©anmoins Descartes le montre, mĂȘme si la conscience est source dâillusion, il y a en pĂ©riphĂ©rie de ce monde inquiĂ©tant et familier, une certitude absolument indubitable celle de sa propre conscience. Si la conscience est sources dâillusions ne peut-elle pas ĂȘtre sâillusionner sur sa propre nature, et son propre pouvoir ? * II. A. La conscience peut sâillusionner sur la nature extĂ©rieure et constant que les limites de son pouvoir de connaĂźtre sont plus proches dâelle quâelle ne le soupçonnait, rentrer dans un moment sceptique. Mais, ce doute peut Ă©galement, alors rebondir sur elle mĂȘme, se redoubler en doute de son pouvoir. Peut ĂȘtre que la libertĂ© qui semblait ĂȘtre la consĂ©quence de lâautarcie initiale dont une conscience se saisissant dans son concept est capable, est illusoire. Spinoza est celui qui objecte ainsi Ă Descartes que le libre arbitre est une illusion, et les neuro sciences semblent lui donner raison dans une certaine mesure. La conscience serait alors non seulement sources dâillusions, mais elle serait en tant quâentitĂ© autonome, et autarcique, entitĂ© mĂ©taphysique certaine de sa substantialitĂ© une illusion. Non seulement ce dont nous nous serions conscience seraient possiblement des illusions nous serions comme dans lâidĂ©alisme de Beckley en prĂ©sence des seules reprĂ©sentations de la rĂ©alitĂ©, sans jamais ĂȘtre certain de rencontrer la rĂ©alitĂ©, mais en plus, la conscience immĂ©diate que nous aurions de nous mĂȘmes seraient une illusion. Ou plutĂŽt il serait une illusion de dĂ©duire de cette conscience, une connaissance. Nous nous supposons peut ĂȘtre entitĂ© substantielle, mais cette supposition pour nĂ©cessaire quâelle soit pour ordonner nos reprĂ©sentation nâen est pas pour autant une connaissance. Le moi, nâest quâune pensĂ©e qui accompagne les autres pensĂ©es. Comme le dit Kant le je pense » accompagne toute mes reprĂ©sentations », mais il faut bien se garder de lui donner une rĂ©alitĂ© et de prĂ©tendre le connaĂźtre. B. Sans doute la thĂšse de Spinoza qui consiste Ă faire de la conscience une Ă©mergence, nâest pas mois rĂ©ductrice que celle de Descartes qui en fait une chose pensante ». La chose quâest la conscience serait alors assimilable au cerveau dont la conscience ne serait que lâĂ©mergence. La pensĂ©e nâest quâun attribut dâune mĂȘme substance, le fantĂŽme qui surnage, Ă travers les enchaĂźnements dâidĂ©e qui la traverse en parallĂšle des relations entre les corps quâils reflĂštent. Lâillusion quâest cette conscience ectoplasmique est expliquĂ©e par Spinoza comme Ă©tant, lâentretient dâune forme dâignorance. Pour ce cacher cette vĂ©ritĂ© dĂ©rangeante, la conscience conspire contre elle, et fomente une obscuritĂ© quâelle jette sur les causes rĂ©elles de ce qui lui arrive. Elle constate dans le corps dont elle est lâidĂ©e des changements dont elle se croit lâorigine, alors que les causes lui sont extĂ©rieures. Cette ignorance des causes, et lâorigine de lâillusion du libre arbitre. Cette illusion est doublement dommageable, car lâerreur se redouble en ignorance de cette erreur. Et cette boucle ferme la possibilitĂ© dâune correction possible. Il faut pour ĂȘtre plus libre, ĂȘtre conscience dâĂȘtre plus dĂ©terminĂ© que lâon ne croit lâĂȘtre. La conscience qui se prĂ©cipite dans le monde ne comprend pas que ce qui dĂ©termine lâaction de lâindividu quâelle croit pilotĂ©e est extĂ©rieur Ă cet individu. Ce qui lui revient en propre est de commencer Ă se faire des idĂ©es justes sur le monde et donc Ă commencer Ă sâĂ©clairer, Ă se dĂ©ciller sur les illusions produites par lâimagination. Câest par une mĂ©taphore que Spinoza montre la voie les dĂ©monstrations sont les yeux de lâesprit ». Il faut ouvrir les yeux de lâesprit, et cesser de se laisser subjuguer par les illusions des sens, qui imprĂšgnent notre esprit Ă travers cette facultĂ© hybride quâest lâimagination. La connaissance est donc source dâillusion quand elle ne se soumet pas Ă la rĂšgle logique es enchaĂźnement dĂ©ductif, par quoi lâordre des choses sâimpose Ă elle Ă lâencontre de lâordre de ses reprĂ©sentations oĂč elle tend Ă se faire le centre de tout. C. Lâillusion commune Ă Spinoza et Ă Descartes, est lâillusion chosiste. Elle consiste Ă passer du plan psychologique et descriptif de la conscience, ou plan ontologique et normatif de la connaissance. La conscience nâest pas une chose ni chose pensante, ni cerveau. Sa dĂ©couverte est Ă la fois lâĂ©mergence dâune forme de modernitĂ© par quoi elle sâaffirme comme point dâentrĂ©e dâun sujet Ă partir de quoi le monde se dĂ©ploie dans son objectivitĂ© selon une perspective particuliĂšre, et en mĂȘme temps cette dĂ©couverte, cette surrection est immĂ©diatement lâobjet dâune mĂ©prise. La connaissance prĂ©tendue de sa nature ontologique bouche la voie de lâexploration du champ quâelle constitue. Câest lâempirisme dâun Locke, qui, par exemple viendra dĂ©crire les associations dâidĂ©es, les relations et comment Ă partir de ces relations sâengendre comme terme supplĂ©mentaire la conscience de ces relations dans le champ mĂȘme que dĂ©gage Descartes par lâexpĂ©rience du cogito. Câest expĂ©rience de la conscience, pour illusoire quâelle soit quant Ă la perception de ce qui la conditionne matĂ©riellement dans lâobscuritĂ© de notre organisme ne peut ĂȘtre niĂ© en tant que vĂ©cu. Et les reprĂ©sentations telles quâelles sont vĂ©cues, peuvent ĂȘtre dĂ©crites avec quelque vĂ©ritĂ© si lâon se tourne vers elles avec une attention suffisante. La conscience une fois lâillusion chosiste levĂ©e, est la ressource dâune enquĂȘte sur notre vie de lâesprit. La suspension phĂ©nomĂ©nologique de la thĂšse du monde donne alors la marge de manĆuvre nĂ©cessaire Ă la description de cette rĂ©gion de lâĂȘtre par quoi lâĂȘtre se manifeste. Elle nâest pas source dâillusion, mais le lieu de lâapparaĂźtre du vrai. III. A. La raison de lâillusion chosiste nâest peut ĂȘtre pas une raison contingente, une erreur dâinattention. Si la posture phĂ©nomĂ©nologique, la rĂ©duction quâelle est nĂ©cessaire, et Ă contretemps de lâattitude naturelle et nĂ©cessite une conversion du regard, câest que la faute initiale que cette torsion, cette rĂ©volution copernicienne corrige nâest rien moins quâaccidentelle il sâagit au contraire dâune faute qui peut mĂȘme relevĂ©e dâune responsabilitĂ© morale, et qui comme le dit Blaise Pascal tient de notre propension Ă nous faire le centre de tout. Ce qui vient faire Ă©cran au rĂ©el nâest pas une opinion mal examinĂ©e, mais une illusion secrĂ©tĂ©e par la conscience le moi ». Ce que Pascal dĂ©signe par la substantivation dâun adverbe, câest cette substantialisation du sujet, produit spontanĂ©e de lâamour propre. Le moi est tyrannique, car alors mĂȘme quâil nâa rien de particulier et dâune mĂ©chante banalitĂ© puisquâil ne peut mĂȘme pas se dire autrement que par ce petit mot de deux lettres que tout le monde a en commun en français je », il sâestime comme Ă©tant le roi du monde. Cette absurditĂ© Ă©vidente et pourtant, et câest le plus Ă©trange, une illusion trĂšs commune et rĂ©pandue, Ă telle point que son Ă©normitĂ© passe totalement inaperçue. Câest pour expliquer la possibilitĂ© dâun tel paradoxe monstrueux, dâune telle auto hypnose collective que lâauteur des PensĂ©es en appelle Ă la puissance explicative de lâimagination que Descartes appelle aussi la folle du logis ». Celle-ci est trompeuse, et dâautant plus quâelle dit parfois la vĂ©ritĂ©. Elle nâest pas fiable mais extrĂȘmement persuasive elle sâadresse avant tout au sens, et mĂȘme si la raison la dĂ©ment, elle continue Ă faire son effet. Lâimagination est la reine du monde dit Pascal, en effet, elle est ce qui rĂ©git les rapports entre les hommes, mais Ă©galement les rapports de soi avec soi. Les ĂȘtres humains sont si peu enclins Ă la vĂ©ritĂ© quant Ă leur propre ĂȘtre, et surtout leur existence tournĂ© vers lâinessentiel au lieu de sâintĂ©resser aux questions les plus brulantes dâimportance quâils ne peuvent accĂ©der Ă la connaissance de soi quâĂ travers le dĂ©centrement maximal conversion que leur propose la religion selon Pascal, Ă travers la reconnaissance et lâimitation de JĂ©sus Christ. Lâimagination est source dâillusion et la conscience est tramĂ©e dâimaginaire. Cette soi disant conscience de soi, est en rĂ©alitĂ© une imagination de ce que nous sommes, qui nous gĂ©nĂ©ralement une reprĂ©sentation sinon complĂštement fausse en tout cas tronquĂ© de nous mĂȘmes. Nous nous reprĂ©sentons comme nous voudrions quâils nous voient, et nous demandons aux autres comme Oronte dans le Misanthrope quâils nous disent ĂȘtre ce que nous voulons paraĂźtre. Tout ce théùtre lĂ montre assez bien que le cĆur de lâĂȘtre humain est vanitĂ©, et que, comme le dit si bien Shakespeare nous sommes faits de la mĂȘmes Ă©toffes que le songes et notre infime est cernĂ©e de brouillard ». La conscience jette de lâillusion sur le monde, afin de mieux se mĂ©connaĂźtre. B. Pour autant, lâignorance dans laquelle nous sommes nâest pas totale, puisque nous pouvons la soupçonner. Et Socrate nâa pas tors de faire dĂ©boucher son connais toi toi-mĂȘme » sur le constat de ses limites la connaissance de son ignorance, puisque câest le dĂ©but dâun savoir vĂ©ritable un savoir qui connaĂźtre les limites de son application possible, câest Ă dire un savoir critique. Nous ne sommes dans lâillusion non par ignorance absolument, mais par lâignorance de ce qui limite nos connaissances. Nos connaissances sont partielles, mais elles sont suffisantes pour nous mettre en quĂȘte de connaissance vĂ©ritable, authentique, mĂȘme si celles ci sont paradoxales toutes les vĂ©ritĂ©s ne peuvent obtenir le mĂȘme degrĂ© de clartĂ© que les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques, câest lĂ une limite au platonisme. Il convient donc de chercher, mĂȘme si lâon nâest pas sur de trouver. La conscience se dĂ©couvre par lĂ , Ă la fois avoir une texture inattendu non seulement, ce nâest plus une chose tendanciellement solide, ou en tout cas identifiable comme occupant une place donnĂ©e mais un flux, un ĂȘtre temporel qui sâĂ©coule dans le temps ; mais en plus, cette conscience fluente, tramĂ©e dâillusion, mais de la mĂȘme texture que le temps dont elle explore le paradoxe dâune Ă©vidence rĂ©ticente Ă ĂȘtre dite, a quelque chose dâun fonctionnement Ă la dĂ©pense. Plus elle se dĂ©ploie dans la domaine de la quĂȘte de lâabsolu qui viendrait complĂ©ter la misĂšre que la connaissance de soi rĂ©vĂšle lâabsence de fond, de fondement, plus elle dĂ©couvre de ressource. La conscience apparaĂźt alors comme la ressource dâun dĂ©sir infini de vĂ©ritĂ©, si bien que quelque chose de cette vĂ©ritĂ© se rĂ©vĂšle au cĆur de ce dĂ©sir. C. Il y a dans lâexpĂ©rience de la littĂ©rature, un tel paradoxe Ă lâĆuvre certaines grandes Ćuvres ont justement cette propriĂ©tĂ© Ă©trange de sâenrichir Ă chaque fois que lâon vient y puiser, et finalement de se rĂ©vĂ©ler inĂ©puisable. Ainsi, lâusage ne les use pas, mais les enrichit. Ainsi, la recherche du temps perdu est Ă la fois un exemple de ce type quâune communautĂ© de lecteurs fidĂšles chĂ©rissent, mais aussi la thĂ©orisation dâun tel fonctionnement dans la maniĂšre dont Marcel devient Proust, Ă travers la dĂ©couverte de lâĂ©paisseur dâune temporalitĂ© qui double lâĂ©ternel prĂ©sent dâune vie mondaine frivole. De la mĂȘme maniĂšre la conscience, est sâil faut la voir comme un courant de pensĂ©e, un Ă©lixir de jeunesse par lequel lâindividu rajeunit quand le corps dâun individu suit la pente inĂ©luctable du devenir des choses matĂ©rielles câest Ă dire la corruption. La conscience sâintensifie, se vivifie, et voit de plus en plus clairement des choses qui dans la dispersion de la jeunesse apparaissaient comme confuse. Ramasser en elle mĂȘme, elle revient Ă une certaine intensitĂ© et clartĂ© qui illumine ceux qui avec une pauvretĂ© de moyens se laissent Ă©clairer par elle. * * * ElĂšve 2 La conscience apparaĂźt avec le vivant. On pourrait reconstituer ce concept chez Aristote Ă travers la notion dâĂąme. Il distingue trois types dâĂąme vĂ©gĂ©tative, sensitive et noĂ©tique. LâĂąme et par lĂ la conscience serait liĂ©e Ă la question du mouvement ; la conscience serait la conscience dâun mouvement et par lĂ mĂȘme dâun Ă©cart avec un repos quelque chose qui reste identique Ă soi. La conscience est par soi-mĂȘme mouvement, Ă©cart avec soi mĂȘme, extase par quoi elle se tourne vers lâautre que soi lâen soi est la nourriture du pour soi » de la conscience dans la phĂ©nomĂ©nologie. Cette conscience mouvante, et ce pour quoi il y a du mouvement, et par lĂ mĂȘme aussi de la durĂ©e. La perception du temps et des Ă©carts entre temporalitĂ©s diffĂ©rentes est ce qui rend nĂ©cessaire la conscience. Ces diffĂ©rentes types de conscience, sont hiĂ©rarchiquement classĂ©es chez Aristote la conscience la plus haute est la conscience noĂ©tique, car câest le pensĂ©e du devenir en gĂ©nĂ©ral. La pensĂ©e de ce qui meut toute chose, mais qui ne se meut pas le premier moteur est accessible par intermittence Ă la pensĂ©e noĂ©tique. La phĂ©nomĂ©nologie, en hĂ©ritiĂšre de lâaristotĂ©lisme, suspend la rĂ©alitĂ© du monde pour la faire se reflĂ©ter dans le champ de la conscience transcendantale. Elle pense lâa priori corrĂ©lationnel, câest Ă dire les condition dâapparition des choses, des phĂ©nomĂšnes qui disparaissent au moment oĂč les phĂ©nomĂšnes apparaissent eux mĂȘmes. Câest cette conscience noĂ©tique, qui analyse le corrĂ©lat noĂ©tico-noĂ©matique de tout apparaĂźtre pour qui il y a du sens du monde, et qui apparaĂźt capable de dĂ©jouer les prĂ©jugĂ©s de lâattitude naturelle, câest Ă dire les illusions. Pour les autres types de conscience, si la part dâillusion est plus grande que la part de vĂ©ritĂ©, câest quâelle a une fonction vitale, et quâelle est nĂ©cessaire Ă la vie. Est ce que la conscience est spontanĂ©ment source dâillusions, Ă quoi seule la conversion du regard phĂ©nomĂ©nologique fait exception ou au contraire, il y au delĂ des illusions une part de vĂ©ritĂ© irrĂ©ductibles Ă quoi la phĂ©nomĂ©nologie ne fait que retourner, en rendant la conscience rĂ©flexive par sa mĂ©thode de rĂ©duction ? En phĂ©nomĂ©nologie, il est nĂ©cessaire de distinguer lâapparence du phĂ©nomĂšne. Le phĂ©nomĂšne est ce qui apparaĂźt, mais nâest pas forcĂ©ment une apparence. Le phĂ©nomĂšne, câest la chose telle quâelle nous apparaĂźt. La chose nâest jamais dissociĂ©e de son mode dâapparaĂźtre ; câest lĂ lâapport de la phĂ©nomĂ©nologie. La science elle-mĂȘme, qui prĂ©tend dĂ©crire le monde tel quâen lui mĂȘme, qui lâobjective, et qui le dĂ©crit indĂ©pendamment du point dâobservateur que lâon a construit sur lui, est le prolongement de lâattitude naturelle, en soi naĂŻve. La science a des prĂ©supposĂ©s, quâelle nâinterroge pas et dont elle se soutient. Il ne sâagit pas avec le sceptique de critiquer la science, et de la dĂ©couvrir non objective. Au contraire, câest son objectivitĂ© qui la rend nĂ©cessairement doublĂ©e de prĂ©supposĂ©s ininterrogĂ©s. La phĂ©nomĂ©nologie interroge les conditions de lâapparaĂźtre des choses, que nâinterroge pas la science et qui en cela recouvre le champ de la conscience, le masque par lâattitude objectivante de la science. Lâillusion nâest donc pas du cĂŽtĂ© de celui qui rĂ©affirme la nĂ©cessitĂ© de dĂ©crire le vĂ©cu de la conscience, mais du cĂŽtĂ© de celui qui croit pouvoir sauter au dessus de son ombre et dĂ©crire les choses telles quâen elles-mĂȘmes, sans jamais prĂ©juger de ce quâelles sont. Le neurocentrisme est par exemple une attitude soutenue par des prĂ©supposĂ©s nĂ©cessaires. Il est possible de dire deux choses donc qui ne sont quâen apparence contradictoires dâune part, la conscience dâobjet scientifique ou du commun en masquant les conditions dâapparaĂźtre, est source dâillusion lâobjectivitĂ© est une illusion, dâautre part, la conscience en tant quâelle est capable de devenir conscience rĂ©flexive est la source du dĂ©passement des illusions, et de lâinterrogation des prĂ©supposĂ©s. Kant fait lui aussi la diffĂ©rence entre phĂ©nomĂšne et noumĂšne. Le noumĂšne, la chose en soi, est ce qui ne peut quâĂȘtre pensĂ© et ne pas ĂȘtre connu. Il serait illusoire de croire que nous puissions la connaĂźtre. Nous nâavons accĂšs quâĂ lâapparaĂźtre des choses, qui sont en rĂ©alitĂ© conditionnĂ©e par la subjectivitĂ© transcendantale de notre espĂšce les phĂ©nomĂšnes apparaissent dans lâespace et dans le temps, dans la rĂ©alitĂ© quâil appelle Wirklichkeit », câest-Ă -dire le monde du devenir, Ă quoi lâon ne peut pas Ă©chapper. Les noumĂšnes sont au contraire sur un autre plan Ă quoi lâon ne peut pas accĂ©der. On peut juste penser quâil y a quelque chose Ă quoi lâon ne peut pas accĂ©der et qui nous est pourtant nĂ©cessaire pour penser la cohĂ©rence du plan phĂ©nomĂ©nal. Si lâintĂ©gralitĂ© des reprĂ©sentations dâune chose doit avoir une cohĂ©rence, câest quâelles sont toutes rapportables Ă cette idĂ©e transcendantale, la chose en soi, qui est lâhorizon unifiant de toutes les reprĂ©sentations que nous en avons. Elle sâesquive et sâesquisse derriĂšre chacune des phĂ©nomĂ©nalisations que lâon en a. Les objets du monde, font partie de ces choses que lâon vise Ă travers les reprĂ©sentations que lâon a dâelles, mais les sujets conscients que nous sommes le sont aussi ; ils le sont mĂȘme en premier lieu. Le noumĂšne ici, cette chose en soi, est rĂ©ellement sur un autre plan que ces entitĂ©s phĂ©nomĂ©nales, car contrairement Ă elles qui sont soumises aux lois de la nature, qui circonscrivent le possible, et explicitent les interactions dont sont capables les objets, par des lois nĂ©cessaires, les sujets sont libres. On devine alors que cet en-soi du sujet libre est ce qui Ă©chappe par excellence Ă lâindividu en question. LĂ©vinas est un phĂ©nomĂ©nologue qui voit dans le rapport au visage, lâapparaĂźtre de la transcendance, quelque chose dâinobjectivable la libertĂ©, lâabsolue singularitĂ© dâautrui. Lâobjectivation du visage la reconnaissance faciale, le dĂ©tail des Ă©lĂ©ments qui le composent⊠nâest pas le rapport au visage, câest Ă dire Ă la personne. Câest le rapport Ă la face, Ă ce qui est matĂ©riel, est visible, factuellement identifiable. LâidentitĂ© dont il sâagit dans cette façon de se laisser troubler par lâapparaĂźtre de lâautre, qui vient me dĂ©ranger dans mon propre rapport rĂ©flexif Ă mon identitĂ© consciente, câest lâipsĂ©itĂ©. LâidentitĂ© dans la diffĂ©rence, lâidentitĂ© de la conscience avec elle mĂȘme, nâest jamais figĂ©e comme dans lâen soi des choses, elle est mobile et vivante. Elle se rĂ©cupĂšre Ă travers lâinfinie variĂ©tĂ©s des modulations vĂ©cues, des Ă©tats de conscience lâautre est avant tout ce qui vient, dans une vĂ©ritable rencontre, perturber ce rapport de moi Ă moi, en sâadressant Ă moi, de maniĂšre tacite, par la simple exposition de sa vulnĂ©rabilitĂ©, de la nuditĂ© de sa face, demander dâĂȘtre pris en charge. Il y a quelque chose ici dâune relation singuliĂšre et Ă©thique, qui ne peut pas ĂȘtre rĂ©sorbĂ©e dans le dĂ©jĂ connu, qui sâimpose comme Ă©vĂ©nement et comme nouveautĂ©. Si la relation est Ă©thique, câest quâelle transforme et bouleverse ; elle impose Ă lâindividu de sâengager, et de neutraliser sa tendance au repli, au quant Ă soi on ne peut pas dire, comme dans la mauvaise foi sartrienne, ce nâĂ©tait pas moi », je nây Ă©tais pas ». On est convoquĂ© en personne. On cesse alors de jouer un personnage », de faire comme si le rĂŽle auquel nous nous adaptons Ă©tait Ă©crit dâavance. Nous sommes dĂ©muni, jetĂ© dans le monde, en charge de la responsabilitĂ© de nos actes, voire de la responsabilitĂ© de ce que les autres font en notre nom. La conscience en dĂ©passant lâillusion de lâobjectivitĂ©, devient vĂ©ritablement Ă©thique, sincĂšre et engagĂ©e subjectivement, par quoi elle rencontre un Ă©clat de vĂ©ritĂ© quant au sens de son existence. * ElĂšve 3 Lâillusion est dans sa forme sociale, une tromperie, une manipulation. Lâillusionniste, est celui qui en manipulant des objets cartes, foulards, articles de foire etc. produit des effets Ă©tonnants, et inattendus. Nous nous attendons Ă voir quelque chose et autre chose, qui semble dĂ©roger aux lois de la causalitĂ© surgit un lapin hors dâun chapeau, une cigarette dâune oreille etc.. En allant voir un illusionniste nous nous attendons Ă ĂȘtre surpris, et nous sommes heureux de lâĂȘtre quand le tour fonctionne. Câest ce qui le distingue du pick pocket on paye pour ĂȘtre trompĂ© quand on va au spectacle alors que lâon est en colĂšre de sâĂȘtre fait dĂ©rober de lâargent dans lâautre cas. Lâillusionniste de talent est celui qui instrumentalise nos rĂ©flexes perceptifs afin de faire croire Ă un enchantement, un mirage en dĂ©tournant lâattention de ce quâil y a Ă voir pour que lâescamotage puisse avoir lieu et que la carte rĂ©apparaisse dans un endroit que lâon ignorait auparavant, le miracle du spectacle a lieu. Personne nâest dupe, mais lâillusion nâest pas seulement celle basĂ©e sur les conventions théùtrales, faisant voir Oreste lĂ oĂč un acteur joue un rĂŽle ; le tour a pris quand le trucage que tout le monde prĂ©suppose derriĂšre lâapparence, nâapparaĂźt pas. Il demande Ă ce quâon le suive, lâĂ©coute, il joue avec notre attention et en rĂ©alitĂ©, il se joue de notre attention, en dĂ©jouant sa vigilance. Nous sommes heureux quâil nous trompe car nous savons quâen rĂ©alitĂ©, le principe de non contradiction les mĂȘmes choses produisent les mĂȘmes effets » nâest pas dĂ©jouĂ©. La contradiction nâest pas dans les choses, mais dans le discours qui nous demande notre confiance pour la trahir naturellement, il y a un contrat de confiance initiale qui rend Ă©trange cette confiance que lâon donne pour se faire tromper. Cette attention quâil nous demande est doublĂ©e par un intĂ©rĂȘt Ă©trange qui consiste Ă la fois Ă dĂ©sirer ĂȘtre trompĂ©, et en mĂȘme temps, dĂ©sirer relever le dĂ©fi consistant confondre le truqueur, ĂȘtre plus malin que lui, avoir un coup dâavance sur lui. Cela arrive rarement, mais câest ce mĂȘme intĂ©rĂȘt, trĂšs puissant, que lâon suscite quand on produit du sensationnel, quand on veut attirer par des rĂ©vĂ©lations, la prĂ©sentation des choses cachĂ©es les foires, les monstres, les curiositĂ©s etc. Les films de Fellini interrogent cette pulsion au cĆur de lâĂąme humaine Ginger et Fred, Fellini Roma etc. Ces films dĂ©montrent que le trucage fonctionne encore, quand il sâagit non pas tant de le faire fonctionner, que de montrer comment il fonctionne. Lâillusion, la duperie est peut ĂȘtre dâailleurs dâautant plus grande quâon prĂ©tend nous rĂ©vĂ©ler lâarriĂšre du dĂ©cors. Câest lĂ ce que dĂ©nonçait dans les annĂ©es 70 Guy Debord dans la sociĂ©tĂ© du spectacle » rien nâĂ©chappait au rĂšgne du spectaculaire, mĂȘme la critique Ă©tait rĂ©intĂ©grĂ©e au socle de cet univers quâelle critiquait. Le critique de la sociĂ©tĂ© du spectacle est interviewĂ©, passe sur les plateaux tĂ©lĂ© etc. Câest dire si la conscience est Ă la fois ce qui prĂ©tend distinguer le vrai du faux, et en mĂȘme temps ce qui se laisse tromper alors mĂȘme quâelle se croit rĂ©aliste. Peut ĂȘtre que cette illusion cette demande de spectaculaire est une demande profonde de la conscience, peut ĂȘtre que ce besoin trahit le fait quâelle est lâorigine de cette illusion, et que câest elle qui est la ressource de ce mensonge. La conscience qui est au spectacle est toujours en train de voir comme, et ne voit jamais que ce quâelle sait ou prĂ©tend savoir. Elle nâest quâen contact avec elle mĂȘme et ses prĂ©jugĂ©s. Notre cerveau, par le biais de raccourcis qui lui sont nĂ©cessaires et qui sont adossĂ©s sur lâhabitude laisse la place Ă des illusions possibles. Des croyances conscientes dâĂȘtre des croyances glissent alors peu Ă peu dans la catĂ©gorie des croyance ignorantes dâelles mĂȘmes des croyances qui se prennent pour le savoir. Les individus qui sont habituellement attentifs Ă la situation qui les environnent, deviennent caricaturaux ils rĂ©pĂštent des gestes quâils ont dĂ©jĂ fait, dĂ©rapent en se rĂ©fĂ©rant Ă dâautres contextes qui ne sont pas les bons, et paraissent alors hors dâeux mĂȘmes, dĂ©boussolĂ©s, dĂ©calĂ©s. Ils font rire ou ils inquiĂštent, ils sont semblables Ă des automates ou Ă des zombis le rire du Bergson, c est du mĂ©canique plaquĂ© sur du vivant ». Bergson parle dâune illusion propre Ă la conscience quâil nomme illusion cinĂ©matographique ». Sa conscience fonctionne comme le cinĂ©matographe, elle recompose le mouvement Ă partir dâune sĂ©rie de position fixe. Ce serait le cĆur du mensonge ce que lâon appellerait mouvement est une illusion de mouvement. Pour Bergson en effet, lâhomme est avant tout, homo faber, et les exigences de cette activitĂ©s fabricatrice sont telles quâil ne doit sĂ©lectionner dans le monde que ce qui lui est utile. Ce qui est lui utile apparaĂźt comme identifiable, câest Ă dire rĂ©identifiable, câest Ă dire fixe. Il sâintĂ©resse Ă ce qui est semblable et oublie ce qui diffĂšre. Or, par excellence, ce qui diffĂšre, câest le passage du temps, et câest cette conscience du temps quâil laisse par excellence Ă©chapper. La conscience en tant que conscience fabricatrice est source de cette illusion cinĂ©matogrpahique qui consiste Ă ramener le mouvement Ă une sĂ©rie de positions fixes ou bien Ă rapporter le temps Ă du spatial, comme par exemple la flĂšche du temps dâune frise chronologique. Cette illusion est nĂ©cessaire en ce quâelle permet la pratique, mais il est possible Ă la conscience de fonctionner aussi Ă contre emploi, de revenir sur ce qui vient avant le tournant de lâexpĂ©rience » par quoi elle se spĂ©cialise ; cette conscience sâinscrit alors dans le flux vital, et reprend un contact avec lâexpĂ©rience vĂ©cue du temps. Cela peut ĂȘtre lâexpĂ©rience de la durĂ©e conscience, mais câest aussi une expĂ©rience beaucoup plus vaste lâexpĂ©rience de la vie. La conscience est Ă la fois en tant que conscience dâune rĂ©alitĂ© utile pour lâespĂšce, source dâune illusion quant Ă la nature vĂ©ritable des choses, mais aussi capable, suite Ă une conversion du regard Ă saisir lâen soi des choses, inutile, mais vrai. Les artistes incarnent par excellence cette virtualitĂ© de la conscience se libĂ©rant des prĂ©jugĂ©s de lâusage. * ElĂšve 4 La conscience individuelle est notre point dâentrĂ©e dans le monde. Elle jette parfois sur le monde une coloration qui est subjective et quâelle prend pour la nature des choses. Les choses apparaissent comme autres quâelles ne sont. Câest par exemple, le cas dâune illusion dâoptique rapportĂ©e par les Ă©picuriens, les tours au loin qui apparaissent comme carrĂ©es. Ce type dâillusion nĂ©anmoins mĂȘme sâil a son origine dans le sujet les organes de la perception nâest pas Ă proprement parler Ă rapporter Ă la conscience elle mĂȘme. La conscience est plutĂŽt ce qui est capable, pourvue quâelle fasse appel Ă lâentendement, ce qui vient corriger ce que les sens produisent. Ainsi, le jugement redresse le bĂąton que les sens font percevoir brisĂ© dans lâeau Descartes. La conscience est source de vĂ©ritĂ©, et les sens dâillusions. Ils ne sont pas fiables mais trompeurs. La tromperie est extĂ©rieure Ă la conscience, jusque dans le cas oĂč le malin gĂ©nie viendrait Ă nous faire percevoir pour vrai des idĂ©es claires et distinctes alors quâelles sont fausses. Pour autant, lâillusion, nâest pas forcĂ©ment de ce type. Il peut y avoir des fantasmes qui sont plus puissants que ces illusions dâoptique. Ainsi, percevoir quelque chose autrement quâil ne lâest les tours rondes que lâon perçoit carrĂ© ; le bĂąton que lâon perçoit brisĂ© etc. est autre chose que percevoir quelque chose lĂ oĂč il nây en a pas. On parle alors dâune hallucination. Hamlet perçoit le corps de son pĂšre, alors quâil est mort. Il est le seul Ă le percevoir. Et ce quâil perçoit en rĂ©alitĂ© nâest rien. Câest une production de son esprit. Un esprit faux est un esprit dont la conscience fait percevoir les objets qui Ă lâextĂ©rieur nâexistent pas. Câest une conscience qui nâa plus de rapport avec le monde extĂ©rieur mais Ă soi mĂȘme. Par exemple, le mythomane qui croit Ă ses dĂ©lires, et croit que le monde se conforme Ă ses dĂ©sirs. Ou bien ces fous dont parle Descartes dans la premiĂšre mĂ©ditation et qui considĂšre quâils nâont pas de corps, ou que leur corps est fait de verre, quâils se briseront au moindre choc avec quelque chose dâextĂ©rieur. Cette illusion serait non pas due Ă quelque chose dâextĂ©rieur Ă la conscience, dâobjectivable comme la modification de la tempĂ©rature de lâair qui produit les illusions dâoptiques Ă lâorigine des mirages, mais des productions de lâesprit lui-mĂȘme. La folie serait finalement le cas oĂč la conscience ne serait plus lâinstance qui nous met en contact avec le rĂ©el, mais au contraire, celle qui nous en dĂ©tourne. Le fou ce serait quelquâun dont la conscience serait malade, qui nâaurait plus accĂšs au rĂ©el comme il se doit, et serait constamment dans une forme dâillusion appelĂ© dĂ©lire dĂ©lire de persĂ©cution, oĂč lâindividu croit entendre des personnes comploter contre lui, fantasme qui consiste Ă percevoir des choses qui nâexistent pas, affabulation oĂč lâon raconte des histoires. Descartes met de cĂŽtĂ© ces ĂȘtres dĂ©rangĂ©s, et se dissocie de leur compagnie quand il se demande si lui-mĂȘme nâest pas en train de le devenir en faisant son hypothĂšse hyperbolique du doute radical mais quoi, ce sont des fous ! » Michel Foucault, dans LâHistoire de la Folie le lui a bien reprochĂ© ce geste serait contemporain du grand enfermement. Câest Ă dire de lâĂ©poque oĂč la construction de la rĂ©alitĂ© partagĂ©e du bon sens » dont parle Descartes au dĂ©but du Discours de la MĂ©thode est en fait rendue possible, par lâexclusion dâun certain nombre de personnes de ce partage. Il ligne de partage sĂ©pare ceux dont les reprĂ©sentations sont conformes avec lâordre Ă©tabli de ceux qui sont des marginaux les pauvres, les malades, les fous, les criminels etc. Cette exclusion est fondatrice de la raison plus que ne le veulent le reconnaĂźtre les personnes que favorise une telle dĂ©marcation. Ainsi, alors que la raison est le discours qui a pu rendre compte de la folie jusquâĂ notre Ă©poque en niant au fou la possibilitĂ© de sâexprimer, il sâagit de faire parler la folie pour essayer de dire quelque chose sur la raison. La raison se soutient de ceux quâelle exclut. Elle trouve son origine non pas en elle-mĂȘme, mais elle se dĂ©finit par diffĂ©renciation dâavec ce quâelle rejette en dehors dâelle. La violence faite aux fous, aux exclus, au nom de la raison, dit plus de choses sur elle, quâelle mĂȘme. Ce quâelle dit dâelle est mĂȘme, est en Ă©cart avec ce quâelle est. Le savoir rationnel est liĂ© Ă des techniques de pouvoir par lequel il sâimpose. Les systĂšmes de sĂ©lection et de validation, sâauto-lĂ©gitiment et se renforcent pour les personnes qui y participent car finissant par ne plus soupçonner aucune extĂ©rioritĂ©, mais finalement, ils ignorent tout extĂ©rieur possible. Il nie ce qui ne vient pas les renforcer, et produisent des effets qui relĂšvent aussi de lâillusions. La raison ne serait pas raisonnable, et elle sĂ©crĂ©terait la folie en Ă©teignant dâautres perspectives sur le monde possible, car les frappant dâinvaliditĂ©. La raison serait en son fond lâorigine de la folie, et la folie serait le lieu oĂč lâon pourrait deviner les non-dits de la raison Ă partir de quoi elle sâĂ©claire. Kant avant Freud avait dĂ©jĂ soupçonnĂ©, que les illusions nâĂ©taient pas seulement liĂ©es Ă des dĂ©faillances du sujet mĂȘme si toujours Ă ses limites, Ă sa finitude, mais aussi Ă la nĂ©cessitĂ©. Lâillusion ne serait pas une dĂ©faillance, mais quelque chose qui a une fonction de rĂ©gulation pour notre psychique. Elle ne serait pas lâexception, lâĂ©cart Ă la norme, mais la norme elle-mĂȘme, Ă partir de quoi il faut repenser la pathologie comme nouvelle norme. Nietzsche dĂ©crivait la grande santĂ© comme la capacitĂ© Ă se rendre malade pour pouvoir produire une nouvelle norme, un nouvel Ă©quilibre, qui nâest pas prĂ©dĂ©terminĂ© par lâĂ©quilibre biologique hĂ©ritĂ© de lâespĂšce. LâĂȘtre humain en tant quâĂȘtre technique, et lâĂȘtre qui expĂ©rimente dâautres Ă©quilibres que ceux naturels. Il vit toujours sur le bord dâune crise, dâune catastrophe quâil doit alors corriger par dâautres innovations qui fonctionnent comme des remĂšdes toujours susceptibles dâĂȘtre transformĂ©s en poison. Les illusions de la raison, sont chez Kant, ce qui permet Ă la raison de sâorienter dans le monde. Le monde, lâĂąme et Dieu sont des concepts rĂ©gulateurs, qui produisent des promesses, alors quâils ne seront jamais rejoints car la rĂ©alitĂ© quâils dĂ©signent nâest pas totalisable, reste ouverte. Or, ils doivent ĂȘtre prĂ©supposĂ©s pour se mettre Ă connaĂźtre si le monde nâĂ©tait pas cohĂ©rent, unifiĂ©, il nây aurait pas de sens Ă en chercher ses lois. Mais cette cohĂ©rence ne sera jamais que postulĂ©. Câest la conscience en tant que fini, qui sĂ©crĂšte cette illusion prĂ©sentable sous la forme dâantinomie il est par exemple aussi probant de dire que le monde ait eu une origine quâil soit Ă©ternel, mais ces illusions lui sont nĂ©cessaire au bon fonctionnement. La folie est donc ce qui travers la raison la plus pure, qui se scinde en deux, devient schizophrĂ©nique, et se convoque Ă son tribunal critique afin de se poser des bornes. Il est sans ce dĂ©tour par la question des limites de nos pouvoirs de connaĂźtre question centrale de la Critique de la Raison Pure, nous rencontre compte que lâillusion est parfois nĂ©cessaire Ă notre Ă©quilibre. De la mĂȘme maniĂšre que certaines douleurs devenant insupportables, nous font tomber dans les vapes, de la mĂȘme maniĂšre, certaines vĂ©ritĂ©s sont trop intenses pour ĂȘtre supportĂ©e par une conscience. Dans Ecce Homo, Nietzsche parle ainsi du degrĂ© de vĂ©ritĂ© quâun esprit peut supporter, et de la dose de vĂ©ritĂ© quâil peut oser, comme mesure de la valeur. La vĂ©ritĂ© nâest pas soutenable, et lâillusion nous est nĂ©cessaire Ă vivre. Freud parle lui de dĂ©nĂ©gation. Si le rĂ©el Ă©tait visible, il nous empĂȘcherait de vivre. Cette demande de vĂ©ritĂ© nâest pas naturelle, elle est le mĂȘme le signe dâune perte de vitalitĂ©. Lâillusion est plus pragmatique, plus efficiente. Vivre dans le mensonge a quelque chose de rassurant. Tel est le reproche que Freud adresse Ă la religion il y a une part dâinfantilisme. La demande adressĂ©e au Dieu par les rites et les priĂšres, est une demande de protection qui prend la suite de la demande adressĂ©e au pĂšre quand lâhomme Ă©tait enfant. Cette demande reste alors que les parents sâabsentent ou que les rĂŽles sâinversent, et pour la satisfaire, lâimaginaire, produirait par idĂ©alisation cette entitĂ© Ă laquelle on espĂšre si on lui obĂ©it obtenir la garantie de ce qui viendrait Ă©teindre notre angoisse la vie aprĂšs la mort, la guĂ©rison des souffrances etc. Telle est la thĂšse de LâAvenir dâune Illusion. Pour Freud la conscience, en tant quâelle est la consĂ©quence du refoulement de la pulsion, est une demande dâillusion. Lâinconscient est la vĂ©ritĂ© de ce dont la conscience est le mensonge. Elle est Ă©tayĂ©e sur lâignorance volontaire de pensĂ©es refoulĂ©es. Ces pensĂ©es refoulĂ©es par lâinstance du surmoi garante des valeurs intĂ©riorisĂ©es de la culture, font parties intĂ©grantes de la personnalitĂ© psychique, puisquâelles expliquent mieux que les pensĂ©es conscientes, la plupart des actions dont la portĂ©e consiste Ă essayer de les contourner ce qui nĂ©cessite de les prĂ©supposer. La conscience est la source dâune illusion, dont le centre lui extĂ©rieur car rĂ©sidant dans lâinconscient. * ElĂšve 5 LâĂȘtre humain est un ĂȘtre dont la nature est plastique. Il nâest pas dĂ©fini par avance par un programme gĂ©nĂ©tique, biologique aucun sĂ©quençage dâADN ne pourra jamais prĂ©dire qui sera criminel de qui ne le sera pas. Il nâest pas plus guidĂ© par les Dieux ou le destin. Aristote pouvait dire alors que sa place Ă©tait entre les animaux et les Dieux, et quâil devait la bien garder sâil voulait rester dans les bornes du raisonnable, ce que commande lâĂ©thique. LâĂȘtre humain est libre, car il a affaire au contingent, au possible, et quâil peut sây orienter grĂące Ă sa raison. NĂ©anmoins, cet ĂȘtre en devenir, et qui se dĂ©finit lui mĂȘme Ă partir de dĂ©cisions orientĂ©es par les normes du rationnel, cet ĂȘtre qui acquiert une seconde nature des habitus qui vient rĂ©troagir sur la premiĂšre afin de dĂ©couvrir un potentiel absolument insoupçonnable avant, a besoin dâillusions pour grandir et sâĂ©lever au-dessus de sa condition premiĂšre. Ainsi, alors que Platon condamne lâimitation au titre de ce quâelle productrice dâapparence et donc dâillusion, quâelle trompe la conscience, Aristote la loue comme le ressort mĂȘme de lâapprentissage. Si tous les hommes dĂ©sirent apprendre, câest par lâimitation quâils commencent Ă apprendre, et en particulier car cette imitation se fait avec un certain plaisir. Freud dĂ©jĂ parle du surmoi comme une instance de rĂ©gulation du psychique, venant canaliser les pulsions du ça, et normer le moi, comme gĂ©nĂ©rer par un processus dâidĂ©alisation. LâidĂ©al du moi est produit par identification Ă des rĂ©fĂ©rents, dĂ©jĂ primaires les parents puis secondaires les personnes que lâon rencontre et donc le dĂ©veloppement de lâenfant, est polariser par cette image de lui mĂȘme quâil trouve en dehors de lui, et quâil se met Ă intĂ©grer Ă son psychique et conserver en lâabsence mĂȘme de la personne par la suite. Cette idĂ©alisation est ce qui permet la scission du psychique par quoi lâinstance du surmoi intervient pour rĂ©guler les pulsions, les canaliser, et aider Ă la transformer en dĂ©sir, et en mĂȘme temps. Elle donne une direction, lâidĂ©alisation creuse lâhorizon et lui redonne une forme dâinfini. Lâinfini du dĂ©sir nâest pas que quand il nâest pas la rĂ©pĂ©tition infinie des mĂȘmes dĂ©sirs qui aussitĂŽt Ă©teints renaissent Ă lâidentique, mais lâobjet dâun dĂ©sir infini, qui surprend toujours et dont on prend soin, car il renouvelle le mystĂšre de lâidentification paradoxale avec lui. Descartes montre que le dĂ©sir se nourrit dâune certaine illusion celle qui fait rapporter les petites filles louches Ă un dĂ©sir dâenfance initial, et aussi soupçonne que la cristallisation peut se faire sur un dĂ©faut, indiquant que le dĂ©sir fait toujours signe vers le dĂ©faut originaire dont il procĂšde et mĂȘme sâil remarque que câest habituellement plutĂŽt Ă des qualitĂ©s quâĂ des dĂ©fauts quâon sâattache. En effet, ce dĂ©faut originaire du dĂ©sir, est cette sorte de manque que dĂ©signe Platon en rapportant la gĂ©nĂ©alogie dâEros Ă ponos et pĂ©nia. Ce rapport Ă lâidĂ©alisation et Ă lâimitation montre quâautrui est ce par quoi est mĂ©diĂ© notre rapport aux valeurs. Autrui intercĂšde entre nous et nous mĂȘmes, et fut-ce Ă titre de catalyseur, il aide la conscience Ă se ressaisir, soit immĂ©diatement, au niveau prĂ© rĂ©flexif comme par un affect soit au niveau rĂ©flexif. Le dĂ©centrement nĂ©cessaire pour se saisir comme cette difficile identitĂ© qui diffĂšre de soi passe par lâintĂ©gration, par exemple, des reprĂ©sentations que les autres ont de nous et se font de nous. Câest souvent par opposition, contraste, nuance, dĂ©calage que se fait lâaffirmation de soi. La conscience nâest libre que par rapport Ă une situation. Si bien que, puisque la conscience est libertĂ©, elle est toujours possiblement une chose et une autre Ă la fois. Ces compossibles donnent raison aux illusions que lâon se fait. La conscience se nourrit de ce que lâon voit dâelle et quâelle nâimagine pas encore pouvoir ĂȘtre. La conscience nâest pas seulement source dâillusions de fantasmes, de dĂ©sirs, de cristallisations qui idĂ©alisent autour dâun individu des attentes qui ne le concernent pas mais nous, mais aussi lâillusion est sa ressource. La conscience de soi se nourrit de ce que les autres voient en elle, Ă condition que ceux ci ne soient pas rĂ©duction. La vĂ©ritable illusion, celle qui serait inacceptable et qui tend Ă sĂ©parer la conscience de ses possibles, câest la rĂ©duction Ă lâĂ©tat de chose. Autrui sa conscience en tant quâil peut tendre Ă vouloir me rĂ©duire Ă lâĂ©tat dâobjet, dâoutil, de moyen pour ses propres dĂ©sirs, et sources de la plus pernicieuses des illusions celle qui dĂ©nature la conscience pour en faire une chose. Cette illusion nâest pas pour autant anodine, qui pourrait ĂȘtre dĂ©savouĂ©e par le rĂ©el. Elle prend la place du rĂ©el comme un fantasme qui est attestĂ© collectivement. Elle relĂšve en ce sens parfois de lâidĂ©ologie, comme câest le cas pour le racisme les races certes nâexistent pas, les biologistes lâont montrĂ©. Mais mĂȘme si ce concept est fallacieux, quâil ne correspond Ă aucune rĂ©alitĂ©, ceux qui lâutilisent lui donnent une forme de rĂ©alitĂ©. Le racisme existe et les reprĂ©sentations qui tendent Ă rĂ©duire des individus Ă un certain nombre de caractĂšres physiques sont rĂ©elles. En sens, la conscience en tant quâelle est lâinstance productrices des reprĂ©sentations, est la cause de cette illusion chosiste pernicieuse. Mais, en tant quâelle est aussi conscience critique, elle est aussi le remĂšde Ă ce poison. Par le dialogue, la distinction, lâĂ©coute de la multiplicitĂ© des arguments, elle dĂ©passe cette opposition entre la reprĂ©sentation du rĂ©el et le rĂ©el pour le voir tel quâil est et non pas au prisme des prĂ©jugĂ©s reçus. * ElĂšve 7 De la mĂȘme maniĂšre que LaBruyĂšre dĂ©crivait des caractĂšres MĂ©nalque est lâĂ©tourdi par exemple, il est possible de dĂ©crire des types psychologiques qui permettent dâidentifier les individus comme appartenant Ă un certaine catĂ©gorie de personnes avec qui, mĂȘme sâils ne sont pas de la mĂȘme famille, ils partagent des traits de caractĂšres communs. Naturellement aucune des personnages en question nâest vĂ©ritablement une personne, ce sont des idĂ©aux types, des reprĂ©sentations caricaturales mais qui disent par leur univocitĂ© mĂȘme, la vĂ©ritĂ© de certaines traits qui nous traversent. Nous participons de la rĂ©alitĂ© transversale qui tisse ensemble certains individus sĂ©parĂ©s physiquement, mais contigus dans cette ribambelle des vĂ©ritĂ©s de comportements possibles. La conscience individuelle, qui nous fait, par le repli sur soi et la capacitĂ© Ă dire je » ou moi » percevoir comme radicalement diffĂ©rent de tout autre, fait ressentir comme Ă©trange cette Ă©cart avec la reprĂ©sentation que lâon a de nous. Les autres prĂ©tendent nous connaĂźtre en ce quâils reconnaissent en nous quelquâun quâils ont dĂ©jĂ connu par ailleurs. Ils nous assimilent Ă quelquâun dâautre, alors quâils nous prĂ©tendent nous connaĂźtre nous mĂȘmes. Ces trouble de la conscience, ces confusions, Ă©veillent la mĂ©fiance de Descartes qui se soustrait Ă cette illusion en remarquant les sentiments que son inclination le poussait Ă ressentir en prĂ©sence des jeunes filles louches ne concernent pas la personne quâil rencontre, mais le souvenir quâil lui Ă©voque. Il nâest pas en prĂ©sence de la personne dans sa diffĂ©rence irrĂ©ductible, mais de sa propre conscience, en ce quâelle se protĂšge de lâaltĂ©ritĂ© du monde et de ce quâil y a de troublant dans une rencontre en convertissant lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© du rĂ©el en souvenir. On ramĂšne lâautre au mĂȘme. On rapporte tout Ă soi. Il faut alors ouvrir les yeux et voir non pas ce que lâon sait, mais ce que lâon voit, or rien nâest plus difficile. Leibniz et Pascal on bien vu ces difficultĂ©s le premier qui est le second historiquement a montrĂ© quâil nây avait pas dâentitĂ© sans identitĂ©. Une entitĂ©, avec une unitĂ©, que si elle Ă©tait identique Ă elle mĂȘme. Il dĂ©duit de cela le principe des indiscernables. Câest Ă dire que si deux choses sont absolument indiscernables elles ne forment quâune seule et mĂȘme chose. Si elles sont deux, câest quâelles sont dissemblables par certaines de leurs caractĂ©ristiques ne serait ce que leur position dans le monde, lâespace quâils occupent nâest pas le mĂȘme, ce qui les amĂšnent alors Ă diffĂ©rer et aussi diverger. Le devenir, leur destin sont sĂ©parĂ©s, aussi proche soit leur origine commune deux feuilles appartenant au mĂȘme arbre ; deux gouttes au mĂȘme nuage. Pascal remarque que le rapprochement entre deux choses que lâon sait diffĂ©rentes, est souvent le fait de lâesprit. Câest dâun point de vue extĂ©rieure que deux choses dissemblables peuvent ĂȘtre rapportĂ©es lâune Ă lâautre Ă travers une analogie, une comparaison etc. Ainsi, Deux visages semblables, dont aucun ne fait rire en particulier, font rire ensemble par leur ressemblance. » B133 L13. Pascal classe ce fragment dans le feuillet vanitĂ© » il sâagit ici de la vanitĂ© de lâobservateur qui rit de ce quâil voit de ce quâil a mis dans le rĂ©el pour se lâapproprier. Ce que masque cette projection, ce qui fait Ă©cran dans cette pratique divertissante qui consiste Ă distinguer ce qui est semblable de ce qui est diffĂ©rent, câest le vĂ©ritable travaille de lâesprit, câest la diffĂ©rence profonde entre les choses. Un individus qui se contenteraient de jouer le jeu des petites diffĂ©rences » comme le fustige Rousseau chez le courtisans qui font grand cas de dĂ©tails en semblant en tirer une diffĂ©rence de nature entre les gens du peuple et les aristocrates câest quâil finiront par sâaveugler sur la diffĂ©rence essentielle celle entre le paraĂźtre et lâĂȘtre, entre lâapparence et lâessence justement. Les ĂȘtres humains qui se divertissent sont attentifs Ă de petites diffĂ©rences de surface, superficielles, alors quâils se rendent aveugles Ă la diffĂ©rence fondamental, Ă ce qui est dĂ©cisif et fait toute la diffĂ©rence. Le choix de lâexistence, la valeur qui Ă lâarriĂšre plan de tous leurs actes restent invisible Ă leur yeux. Ils finissent par ne plus chercher la vĂ©ritĂ©, la croyant sinon inexistante du moins inaccessible. Câest lâillusion que produit cette projection sur le rĂ©el de ce que nous attendons de lui, et qui nous fait prĂ©sumer de sa nature. Lâillusion serait donc Ă la fois dans la conscience spectatrice qui met dans le monde ce qui lâapproprie Ă son idiosyncrasie et dans la conscience active, qui ne cesse de diffĂ©rer ave celle mĂȘme, tout en se percevoir comme stable et identique Ă elle mĂȘme. La conscience se vit comme une identitĂ© Ă lâĂ©cart, et en ce sens de diffĂ©rent de tous le reste. Son attitude premiĂšre et de nier lâappropriation Ă ce qui nâest pas elle elle ne dit rien positivement sur elle mĂȘme, mais tout ce quâon dit elle pour essayer de le qualifier, elle le refuse. Son affirmation premiĂšre, consiste Ă dire non ». Certes, Descartes a essayĂ© dâaffirmer positivement quâelle est chose pensante » aprĂšs lâavoir refuser toutes les autres choses comme douteuses, câest Ă dire illusoire. Mais cet attribut essentiel quâest la pensĂ©e, reste assez fragile en ce quâil ne sâassure de lui mĂȘme que quand il se dĂ©tourne de tout contenu qui lui est extĂ©rieur pour se saisir dans la transparence de la conscience Ă elle mĂȘme. Certes, Descartes a fait se dissiper les illusions du monde, voire lâillusion quâest le monde en identifiant la pensĂ©e et la conscience, en montrant quâil nây a pas le moindre Ă©cart, pas la moindre place pour le doute entre eux, mais cette vĂ©ritĂ© de la conscience sur elle-mĂȘme, qui la fait percevoir comme une rĂ©alitĂ© res cogitans faisant Ă©chec Ă la duperie du malin gĂ©nie reste sinon temporaire je suis, jâexiste est nĂ©cessairement vraie toute les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit » 2nd MĂ©ditation du moins local cette vĂ©ritĂ© est une zone de clartĂ© dans un ocĂ©an dâincertitudes, ou tout pourrait nâĂȘtre quâillusion, des hommes qui passent et que lâon peut voir quand on se met Ă la fenĂȘtre ce seraient des automates, au morceau de cire dont la forme se dissipe au contact de la flamme du bougie, jusquâau monde qui ne serait que mirage, et aux mathĂ©matiques quâeffet de la manipulation dâun dieu pervers, falsifiant ses propres lois et dĂ©crets. La conscience qui se saisit elle mĂȘme, en se croyant source de diffĂ©rence et dâune rĂ©alitĂ© absolument singuliĂšre, ne serait pas moins source dâillusion que celle qui se tourne vers le monde. Les types dâindividus extravertis se tournent vers le monde, et savent par le jeu de lâimagination pour lequel ils ont acquis quelque habiletĂ© se tromper eux mĂȘmes en regardant ce quâils veulent voir, ou dĂ©couvrant ce quâils croient savoir, sans voir ce quâil y a vraiment. Mais ceux qui, plus introvertis, cherchent en eux mĂȘmes la bonne articulation au rĂ©el, le rĂ©glage de lâappariement entre leur conscience est le monde ne sont pas plus dans la vĂ©ritĂ© que les autres. Dans ce rapport Ă eux mĂȘmes, la conscience nâest pas moins sous lâeffet des prestiges de lâimagination que dans lâautre cas on ne se ment pas moins Ă soi mĂȘme. Ainsi, le mensonge suprĂȘme, qualifiĂ©e de mauvaise fois par Sartre, est de se prendre pour une chose le soldat qui se fait chose, en fixant son regard Ă dix pas, et ne voyant pas ce sur quoi son regard ne sâarrĂȘte plus ; le garçon de cafĂ© qui se coule dans une norme sociale en prĂ©tendant ne rien ĂȘtre dâautre ; ou la femme coquette qui fait mine de ne pas voir que sa main repose comme une chose dans les mains de celui qui la sĂ©duit. Câest bien au fond, ce que Sartre reproche Ă Descartes, la conscience ne peut pas ĂȘtre une chose la partie oĂč le monde Ă©tait rĂ©duit aux reprĂ©sentations, aux perspectives que le sujet jette sur lui montrait suffisamment bien que la conscience Ă©tait nĂ©gation. Mais il nâest pas allĂ© suffisamment loin, la conscience nâest pas une chose, position dâune positivitĂ©, la pensĂ©e, mais elle est elle mĂȘme, nĂ©gativitĂ©, nĂ©ant, puissance de nĂ©gation et non dâanĂ©antissement. Elle est ce qui se nie pour lâautre puisse lui apparaĂźtre. Cette conscience de son propre nĂ©ant intĂ©rieur et par lĂ de sa vanitĂ© a quelque chose dâinsoutenable. Câest pour cela, quâil faut la mĂ©thode de la mĂ©taphysique pour lâaborder, sur le plan existentiel, cela sâĂ©prouve sous la forme de lâangoisse, ou de lâennui, ces sentiments limites oĂč le sujet sâabime. La mauvaise foi est la rĂ©ponse qui consiste Ă nier ce nĂ©ant, on pourrait dire Ă le dĂ©nier » si Sartre nâavait pas maille Ă partir avec la psychanalyse. Lâillusion dont la conscience est la source ne peut pas concerner seulement le monde, mais aussi sa propre nature. Seule une opĂ©ration singuliĂšre et contre nature, permet de la gager comme le champ de lâapparaĂźtre des phĂ©nomĂšne et de suspendre la volontĂ© de lui donner une substance, dâen faire une chose. Cette confusion de la conscience avec la connaissance de sa nature, sâenracine dans une confusion entre la conscience et le monde. Câest que quand elle perçoit les choses, elle est Ă la fois en contact avec ce qui la transcende les choses mĂȘmes mais aussi avec ce quâelle y met pour recevoir ce qui lui est autre. Le dĂ©sir de se connaĂźtre soi mĂȘme intĂ©gralement, serait Ă©quivalent alors du dĂ©sir de sâidentifier avec le monde. Ce serait un dĂ©sir dĂ©mesurĂ©e, marquĂ© dâhubris, une forme de dĂ©lire mĂ©taphysique que Kant appelle SchwĂ€rmerei enthousiasme qui fait oublier les bornes. Pour se guĂ©rir dâune telle prĂ©tention outranciĂšre, la perspective critique donne certes une aide prĂ©cieuse, mais dâautres maniĂšres moins austĂšres son possibles. Ainsi, si le vice originaire tient Ă ce que la conscience est perçue comme chose, identitĂ© en soi, il sâagirait de la considĂ©rer comme diffĂ©rence, traversĂ©e par les tendances. Lâillusion au cĆur de la conscience, serait celle qui consiste Ă percevoir son identitĂ© comme celle des objets, une identitĂ© figĂ©e, fixĂ©e Ă elle mĂȘme come dans lâen soi des choses. Il est possible de concevoir un autre type dâidentitĂ©, qui tienne compte de ce mouvement continuel, cette fluence de la conscience qui sâinscrivant dans la durĂ©e, ne peut jamais ĂȘtre que dans le passage dâun Ă©tat Ă un autre, sans jamais ne sây arrĂȘter câest lâidentitĂ© narrative ou ipsĂ©itĂ©. Lâillusion sur lâidentitĂ© Ă soi se voit quand on affirme ĂȘtre la mĂȘme personne » alors que de toute Ă©vidence nous ne sommes par les mĂȘmes entre le moment de notre enfance, et celui de notre Ă©tat adulte. Les changements sont physiques, mĂȘme si un air » subsistent qui nous permet de deviner au delĂ du changement quelque chose qui demeure. De mĂȘme nous faisons lâexpĂ©rience de la non permanence de notre ĂȘtre, lâexpĂ©rience dâun changement perpĂ©tuel Ă nous mĂȘmes, si bien que nous sommes dâinstant en instant arrachĂ© Ă nous-mĂȘmes. Nous expĂ©rimenter lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©, lâaltĂ©ritĂ© entre sein propre, et câest elle qui nous ferait avancer, progresser, Ă©voluer. Ce qui se rĂ©pĂšte se sclĂ©rose, le changement sâil exprime une diffĂ©rence profonde nous rĂ©invente, lâinnovation sâancre dans la continuitĂ© dâune histoire et donc dâun passĂ©. Bergson comparait ces progrĂšs de la conscience Ă une boule de neige qui en roulant accumule de la matiĂšre et grossit harmonieusement. Cette diffĂ©rence que nous sommes est en mĂȘme temps ce qui perme de nous identifier. La diffĂ©rence est ici un certain rapport au temps, une certaine maniĂšre de diffĂ©rer le rapport au nĂ©ant la mort qui devra nous emporter, une maniĂšre de faire vivre quelque chose qui rĂ©siste Ă cette tendance Ă lâentropie qui atteint le corps, et qui donne des signes, dâune nature autre que matĂ©rielle. Cette transmission qui se joue entre les gĂ©nĂ©rations permet de susciter le retour des maniĂšres du passĂ© Ă travers des Ćuvres douĂ©es dâesprit les Ćuvres dâart qui permet de faire revivre les solutions trouvĂ©e contre la rĂ©sistance de la matiĂšre. Cette diffĂ©rence que nous sommes, nous la trouvons aussi dans lâEssai sur les DonnĂ©es ImmĂ©diates de Bergson, lâexemple de ces camarades de classe qui proche un jour voient leurs destinĂ©es se sĂ©parer, et chacun suivant leur chemin trouve dans leur retrouvaille un charme particulier car câest comme sâils restaient le complĂ©ment lâun de lâautre. Ainsi, la vie qui sâĂ©coule demande de faire des choix, et de dĂ©clarer illusoires des possibles qui nâauront pas Ă©tĂ© rĂ©aliser pour que dâautres puissent avoir lieu choisir câest dĂ©truire es possibles. Mais lâautre qui incarne une autre voie, qui a explorĂ© dâautre possible nous ramĂšne Ă nos virtualitĂ©s qui sâavĂšrent rĂ©elles et il nous ramĂšne Ă nous mĂȘmes, en nous rappelant ce quâun jour nous avions Ă©tĂ© capable de faire. Un mĂȘme lien de solidaritĂ© peut se trouve Ă un niveau plus gĂ©nĂ©rationnel. Et câest lĂ encore, une forme de proximitĂ© entre le rĂ©el et lâillusion qui se joue au niveau de la diffĂ©rence, de la diffĂ©renciation ici non plus entre lâapparence et lâessence, ou entre la conscience et elle mĂȘme, mais entre deux camarades semblables ou proches qui suivent des lignes de destin diffĂ©rentes. ON pourrait imaginer que cette confusion, cette illusion nĂ©cessaire est ce qui habite Ă©galement la relation Ăąme corps que Descartes pose comme une notion primitive et que MerleauâPonty explore avec les outils de la phĂ©nomĂ©nologie. De Descartes Ă Leibniz lâhistoire de la pensĂ©e fait signe vers la notion de lâinconscient. Si pour le penseur français la pensĂ©e et la conscience sâimpliquent mutuellement jusquâĂ finir par sâidentifier Leibniz doute que cette substance pensante ainsi dĂ©couverte soit toujours consciente. La clartĂ© et la distinction qui le signe dâune vĂ©ritĂ© sans phares et donc lâindication du rĂ©el, se double dâune frange qui nimbe la zone nette oĂč il est difficile de distinguer sâil sâagit de lumiĂšre ou dâobscuritĂ©. Ces zones intermĂ©diaires oĂč lâaccommodation nâest pas Ă©vidente permet de penser les effets de seuil, lĂ oĂč peuvent sâintervertir, par intermittence, ce qui apparaĂźt comme rĂ©el et illusion. Les effets de distorsion de la perception du monde comme le phĂ©nomĂšne de dĂ©jĂ vu », ou les moments crĂ©pusculaire entre chien et loup, ou lâami et lâennemi ne se distinguent plus nettement, oĂč le familier devient Ă©trange, voire inquiĂ©tant lâUnheimlichkeit du parle Freud, et quâillustre le HorlĂ de Maupassant, sont des situations trĂšs favorable Ă la pensĂ©e baroque oĂč le roi est vu comme le plus misĂ©rable des hommes car ne pouvant pas se passer de divertissement, oĂč le bouffon se conçoit comme sage car seul Ă assumer la folie du monde comme dans La Nuit des Rois de Shakespeare. Câest dans ces phĂ©nomĂšnes de marges, de franges, que la pensĂ©e de la traversĂ©e des seuils qui restitue le principe de continuitĂ© au-delĂ des ruptures que lâon observe. Ainsi, quand Leibniz nous parle des petites perceptions, du bruit des vaguelettes imperceptibles en soi, dont le bruit est en dessous du seuils de la conscience que lâon peut en avoir, mais qui agrĂ©gĂ©es les unes aux autres produisent lâimpressionnant mugissement dâune vague roulant sur la plage, il nous montre comment au cĆur du monde, de sa prĂ©sence, lâillusion ici confusion des sens, est nĂ©cessaire. La rumeur du monde ne nous atteint dans le repli de notre conscience monadique, fermĂ©e sur elle mĂȘme, close au point dâĂȘtre sans porte ni fenĂȘtre » quâĂ travers des fils qui la tisse par avance Ă tous les autres atomes de conscience et qui vibrent et qui sâentre-expriment mutuellement depuis le point de vue quâils ouvrent sur la totalitĂ©. Câest donc en approfondissant au lieu oĂč toutes les confusions se font notre pensĂ©e, perception voire volontĂ© du monde, que nous pourront explorer dans sa richesse et son ambiguĂŻtĂ©. Cette Ă©toffe dont Shakespeare dit que nous sommes fait, et qui est de la mĂȘme nature que celle des songes, il sâagit dâen explorer les replis Ă travers une synesthĂ©sie de nos sensations, au risque dâune confusion de nos sentiments, afin de rendre compte de la richesse complexe du monde pris dans un Ă©cheveau de possibles non toujours rĂ©alisĂ©s. Lâillusion est le lieu oĂč la conscience se mĂȘle au monde avec quelque confusion et dans lâĂ©paisseur de cette Ă©toffe, de cette chair, se trouve la possibilitĂ© dâun rapport complexe au rĂ©el. Lâillusion est le lieu oĂč se trame notre rapport au rĂ©el. Cette confusion originaire que la PhĂ©nomĂ©nologie de la Perception de MerleauâPonty explore et que la peinture charnelle de CĂ©zanne dĂ©montre et enrichit, câest ce qui chez Descartes se nomme union de lâĂąme et du corps ». Câest Ă travers cette union, par lequel lâĂąme nâest pas dans le corps comme un pilote en son navire câest Ă dire quâil est immĂ©diate uni Ă lui, Ă tel point que dans lâexpĂ©rience le monisme englobe le dualisme mĂ©taphysique inĂ©vitable si lâon suit la rĂ©duction du doute hyperbolique, que nous avons accĂšs au monde, et que nous sommes par lĂ mĂȘme uni Ă lui, puisque notre propre corps est lui mĂȘme partie du monde. A la fois sujet et objet, Ă©lĂ©ment du monde, Ă partir de quoi le monde mâapparaĂźt. Ce chiasme qui fait que se rĂ©vĂšle Ă moi ce qui mâenglobe par ailleurs alors que je tends de le comprendre, est lâexpĂ©rience originaire Ă partir de quoi tout se pense. La reprise de cette circulation par quoi on se dĂ©couvre partager une mĂȘme nature, le monde et moi, fait que la pensĂ©e et aussi un forme de pansement qui tend Ă rĂ©duire cet Ă©cart, cette schize, ou bĂ©ance qui sâouvre avec le sentiment de lâabsurde, ou de lâirrĂ©ductibilitĂ© de mes dĂ©sirs Ă lâordre indiffĂ©rent des choses. Lâillusion quâest cette confusion primordiale, est Ă la fois lâexpĂ©rience du dĂ©menti de cette illusion, et ce qui guĂ©rit la blessure dâun tel Ă©cart par laquelle je me sens extĂ©rieur Ă ce qui arrive, voire Ă ce qui mâarrive. Lâillusion de la confusion quâest lâexpĂ©rience, vient rendre possible lâexamen du vrai, en mĂȘme temps que rĂ©duire la douleur tragique fomentĂ©e par la tension duelle entre lâesprit et la matiĂšre. Lâillusion a donc une portĂ©e thĂ©rapeutique aussi bien quâhermĂ©neutique. La conscience est source dâillusion, mais câest en ce sens mĂȘme quâelle est capable de vĂ©ritĂ©. Si la confusion de la vie ne la faisait pas sourdre dâelle mĂȘme, elle ne rencontrerait jamais les choses et ne pourrait pas reconquĂ©rir sur le disjointement initial, la possibilitĂ© dâun discours vrai. Le mathĂ©matique elles-mĂȘmes, que Desanti disait ĂȘtre ni du ciel ni de la terre cf. les IdĂ©alitĂ©s MathĂ©matiques sont susceptibles pour se soutenir elle mĂȘmes, dâinvention, et dâusage de forme dâillusions. Les nombres imaginaires i = -1 sont des pĂ©titions, des demandes qui redoublent les nombres rĂ©els, afin de permettre la solution de problĂšmes avec des complexes. Lâimaginaire et avec lui lâillusion nâest plus ce qui sâoppose au rĂ©el, mais ce qui le complĂšte et qui lâĂ©claire. Il est le dĂ©tour nĂ©cessaire. Et si la source est capable de rĂ©alisme, de rencontrer le rĂ©el, câest parce quâelle est capable de faire preuve dâimagination par quoi elle tend Ă construire des mĂ©diations vers lui, pour en rĂ©vĂ©ler la complexitĂ© passionnante.
CecélÚbre texte de Jean-Paul Sartre, extrait de Situation I , traite du thÚme de la "conscience" ; la thÚse de l'auteur est que la conscience est un fait irréductible qu'aucune image
Introduction Pourrais-je avoir la certitude de mon existence et de mon identitĂ© si j'Ă©tais entiĂšrement seul ? Cette question invite Ă interroger le rĂŽle de la prĂ©sence d'autrui dans la constitution de la conscience et plus prĂ©cisĂ©ment de la conscience de soi. On croit communĂ©ment que ce sont des donnĂ©es originaires, que la conscience est notre modalitĂ© d'ĂȘtre spontanĂ©e et que chacun a la connaissance immĂ©diate de son identitĂ© c'est-Ă -dire de ce qu'il a de commun avec les autres hommes identitĂ© humaine et de distinct d'eux identitĂ© personnelle. L'Ă©noncĂ© suggĂšre implicitement qu'il y a peut-ĂȘtre lĂ , une naĂŻvetĂ©, car l'expression prendre conscience de soi » connote l'idĂ©e d'un processus. La question est de savoir ce qui le rend possible. Faut-il suivre Descartes et croire que la dĂ©marche conduisant un sujet au savoir de son existence et de son identitĂ© ne passe pas par les autres, qu'elle s'effectue dans la solitude d'une mĂ©ditation et mĂȘme dans une expĂ©rience proprement solipsiste? ThĂšse La conscience que le sujet prend de lui-mĂȘme est une expĂ©rience solitaire. Car renversement dialectique est-il lĂ©gitime de croire que la conscience et la subjectivitĂ© soient des donnĂ©es originaires ? Il est douteux que l'enfant sauvage ait une conscience de lui-mĂȘme et du monde, dĂ©veloppĂ©e. Il faut pour cela les apprentissages linguistiques par lesquels on peut se mettre Ă distance du monde et de soi-mĂȘme pour signifier et se reprĂ©senter or un milieu de paroles est un milieu oĂč l'autre est omniprĂ©sent. Il faut la prĂ©sence de l'autre pour qu'un Je », une identitĂ© se saisisse par rapport Ă un tu » ou une altĂ©ritĂ©. Il faut le miroir de la raison des autres pour se dĂ©couvrir soi-mĂȘme comme participant d'une dimension commune. Il faut aussi la lutte Ă mort des consciences pour se dĂ©couvrir dĂ©sir de reconnaissance et de libertĂ©. Et plus intimement encore, l'idĂ©e qu'un homme se fait de lui-mĂȘme est largement tributaire de la confiance, de l'amour ou du mĂ©pris dont il se sent l'objet. Tout porte Ă croire que la subjectivitĂ© n'est pas une citadelle, extĂ©rieure au rĂ©seau de relations dans lesquelles elle se construit et se reprĂ©sente Ă elle-mĂȘme. Autrui est toujours dĂ©jĂ prĂ©sent Ă la conscience de soi passe par lui. AntithĂšse l'intersubjectivitĂ© est la condition de la subjectivitĂ©. NĂ©anmoins DĂ©passement qu'autrui soit un mĂ©diateur entre soi et soi-mĂȘme ne signifie pas que la prise de conscience de soi exclue le retour solitaire sur soi. Le sujet peut se saisir aussi rĂ©flexivement or la rĂ©flexion n'est jamais aussi fĂ©conde que lorsqu'elle n'est pas aveuglĂ©e par les puissances trompeuses, d'ordinaire si efficientes dans la vie sociale l'amour propre par exemple ou la mauvaise foi. L'effort de luciditĂ© exige parfois, de se retirer du commerce des hommes pour faire la lumiĂšre sur un objet, ici sur soi-mĂȘme, mais cette solitude lĂ n'est pas une expĂ©rience solipsiste. Elle est toute bruissante de la prĂ©sence des autres mĂȘme dans leur absence. On peut ainsi se demander si ce qui fait la fĂ©conditĂ© de la retraite cartĂ©sienne n'est pas prĂ©cisĂ©ment cette maniĂšre de ne pas ĂȘtre seul, de porter l'autre en soi, d'une maniĂšre si absolue que cet autrui intĂ©rieur, Descartes l'appelle Dieu. Descartes n'est pas au milieu des autres lorsqu'il affronte la question Qu'est-ce que je peux tenir pour certain ? ». Il s'est retirĂ© dans son poĂȘle, dans le silence et la solitude propices Ă la mĂ©ditation. Celle-ci est un exercice spirituel dans lequel le sujet fait retour sur lui-mĂȘme pour se pĂ©nĂ©trer d'une vĂ©ritĂ©. C'est une conscience seule avec elle-mĂȘme qui va faire l'expĂ©rience de l'Ă©vidence de son existence et de son essence. Descartes est mĂȘme si seul qu'il a perdu le monde. La rĂ©futation des certitudes sensibles l'a anĂ©anti et avec lui, l'existence des autres. Or c'est prĂ©cisĂ©ment au moment oĂč il a fait le vide qu'il dĂ©couvre qu'il peut douter de tout sauf du sujet qui doute. Je pense donc je suis ». A l'instant oĂč je pense, mĂȘme si ce que je pense est douteux, il y a quelque chose qui rĂ©siste au doute. C'est le sujet de ce doute. Je suis certain de mon existence et je suis certain que cette existence est celle d'une substance pensante. La prise de conscience de soi est bien chez Descartes une opĂ©ration solitaire et mĂȘme solipsiste. Car si la conscience peut s'assurer d'elle-mĂȘme dans la mesure oĂč elle a un rapport d'intĂ©rioritĂ© avec elle-mĂȘme, elle ne peut ĂȘtre certaine de l'existence d'une autre conscience puisque pour avoir cette certitude il faudrait ĂȘtre cette autre conscience. La conscience de soi se dĂ©couvre coupĂ©e de toute autre certitude que la certitude d'elle-mĂȘme. Elle ne peut pas ĂȘtre sĂ»re que les images des choses extĂ©rieures soient autre chose que les images d'un rĂȘve. ProblĂ©matisation transition. Ce qui fait problĂšme Ă plus d'un titre car y a-t-il sens Ă vider la conscience de tout objet intentionnel ? Toute conscience est conscience de quelque chose » affirme Husserl. La phĂ©nomĂ©nologie tire de cette observation l'idĂ©e que l'anĂ©antissement de l'objet est aussi l'anĂ©antissement du sujet qui se projette vers lui. A vouloir saisir un ĂȘtre lĂ oĂč il n'y a qu'un acte ou un mouvement on trahit l'expĂ©rience rĂ©elle de la conscience. Le solipsisme, de mĂȘme, est problĂ©matique car l'existence d'autrui est pour chacun de nous une Ă©vidence prĂ© rĂ©flexive et on ne voit pas comment un sujet pourrait advenir Ă la conscience, Ă la subjectivitĂ©, au sentiment de son identitĂ© s'il Ă©tait privĂ© de la prĂ©sence des autres. Le sujet cartĂ©sien n'est pas un sujet originaire. Il est le rĂ©sultat d'une formation, d'un milieu culturel c'est-Ă -dire d'un contexte oĂč les autres sont omniprĂ©sents. Ainsi s'il peut s'assurer de leur existence par un raisonnement par analogie, son tort est d'oublier qu'avant d'ĂȘtre capable de raisonner et simplement de pouvoir dire Je, le commerce des autres est nĂ©cessaire. Il est nĂ©cessaire pour dĂ©velopper les aptitudes proprement humaines la bipĂ©die, la propretĂ©, la parole, la pensĂ©e, la normativitĂ© de la conduite etc. Hors d'un milieu social le soumettant aux apprentissages requis, soit par mimĂ©tisme soit par transmission Ă©ducative, le petit de l'homme, comme le montre l'exemple de l'enfant sauvage, n'actualise pas les virtualitĂ©s de la nature humaine. Celle-ci est tout autant le produit d'un contexte culturel qu'elle en est la condition de possibilitĂ©. Ainsi comment serait-il possible d'advenir Ă la dimension de la subjectivitĂ©, Ă la conscience de son identitĂ© si l'on ne se construisait pas dans un milieu de parole et dans un contexte intersubjectif ? L'opĂ©ration par laquelle une conscience se constitue comme pouvoir de sĂ©paration, de division d'avec soi et d'avec le monde est en effet le langage. C'est lui qui mĂ©diatise notre rapport Ă nous-mĂȘmes et notre rapport au monde. En deçà de l'expĂ©rience linguistique il n'y a pas de scission sujet-objet, pas de visĂ©e de soi-mĂȘme comme un ĂȘtre distinct du monde des choses et des autres. DĂšs lors ne peut-on pas se demander, avec la linguistique, ce que le sentiment de notre identitĂ© personnelle doit Ă la capacitĂ© de disposer linguistiquement du Je, du tu et aussi de porter un nom? Il ne s'agit pas de dire que le moi est un simple produit de la grammaire ce serait oublier que les langues sont des crĂ©ations de l'esprit humain, mais de ne pas mĂ©connaĂźtre qu'on construit le rĂ©el Ă travers les catĂ©gories d'une langue, ce qui n'est pas sans incidence sur la construction de sa propre identitĂ©. Benveniste, par exemple, insiste sur le fait que le sujet ne prĂ©existe pas aux actes d'Ă©nonciation mais est au contraire instituĂ© par eux. La personnalitĂ©, la subjectivitĂ© au sens psychologique et moral se constitue Ă l'intĂ©rieur du langage. Nous tenons que cette subjectivitĂ© » ...n'est que l'Ă©mergence dans l'ĂȘtre d'une propriĂ©tĂ© fondamentale du langage. Est ego » qui dit ego ». Nous trouvons lĂ , le fondement de la subjectivitĂ© » qui se dĂ©termine par le statut linguistique de la personne ». La conscience de soi n'est possible que si elle s'Ă©prouve par contraste. Je n'emploie je qu'en s'adressant Ă quelqu'un qui dans son allocution sera un tu. C'est cette condition du dialogue qui est constitutive de la personne, car elle implique en rĂ©ciprocitĂ© que je deviens tu dans l'allocution de celui qui se dĂ©signe Ă son tour par je » Emile Benveniste. ProblĂšme de linguistique gĂ©nĂ©rale. 1956. Autrui est aussi le mĂ©diateur entre soi et soi-mĂȘme parce que la prĂ©sence d'autrui donne une distance sur soi-mĂȘme sans laquelle la conscience reste engluĂ©e dans le vĂ©cu. Celle-ci ne peut dĂ©ployer ses ressources qu'en prenant sur elle-mĂȘme le point de vue de l'extĂ©rioritĂ©. Or par sa fonction objectivante le regard de l'autre assigne Ă un tel regard sur soi-mĂȘme. D'oĂč l'expĂ©rience rĂ©currente de la honte. Dans certaines situations on se serait bien passĂ© de se voir comme une conscience peut se voir ! VoilĂ pourquoi Sartre affirme que la honte dans sa structure premiĂšre est honte devant quelqu'un » et que Pour obtenir une vĂ©ritĂ© quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable Ă mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'Ă la connaissance que j'ai de moi-mĂȘme.» Sartre. Il ne s'ensuit pas que la conscience personnelle soit sous la totale dĂ©pendance de l'autre, par oĂč il faudrait parler d'aliĂ©nation Cf. L'enfer c'est les autres » mais que pour rompre l'intimitĂ© de soi avec soi et dĂ©velopper ses capacitĂ©s personnelles de jugement, la prĂ©sence d'autrui est nĂ©cessaire. Elle l'est aussi parce que le jugement doit obĂ©ir Ă une norme de vĂ©ritĂ© et d'objectivitĂ©. Or comment cette exigence pourrait-elle se faire jour si l'on ne frottait pas sa cervelle Ă celle d'autrui ? Seul le dialogue avec l'autre permet de prendre la mesure de l'Ă©troitesse d'un point de vue reçu sans examen. Seul l'effort de penser en se mettant Ă la place de tout autre » Kant, peut Ă©largir la pensĂ©e Ă la dimension de l'universel, ce qui est l'enjeu de l'activitĂ© pensante. Le rapport dialogique dramatise l'essence mĂȘme de la pensĂ©e et tout se passe comme s'il Ă©tait la condition de possibilitĂ© de la pensĂ©e vĂ©ritable au sens oĂč elle est le dialogue de l'Ăąme avec elle-mĂȘme » Platon. Il s'ensuit que si l'impĂ©ratif delphique Connais-toi toi-mĂȘme » invite Ă la connaissance de l'universel en soi la raison, seule la raison de l'autre peut ĂȘtre le miroir de la sienne. C'est ce qu'explique Platon dans Alcibiade, en comparant l'intellection Ă la vision. L'Ćil sert Ă voir mais il ne peut se voir lui-mĂȘme qu'en se rĂ©flĂ©chissant dans la pupille d'un autre Ćil. Ainsi en est-il de la raison humaine. Elle sert Ă connaĂźtre mais pour se connaĂźtre elle-mĂȘme, elle a besoin du miroir de la raison de l'autre. Dans l'Ă©change dialogique chacun dĂ©couvre que la mesure du vrai n'est ni l'un ni l'autre mais une facultĂ© commune, celle Ă laquelle il faut s'Ă©lever pour accomplir son humanitĂ©. Cf. Texte. Enfin si par soi-mĂȘme on entend le sujet affectif, sensible, il va de soi que son rapport Ă lui-mĂȘme est par dĂ©finition tributaire de son rapport aux autres. Freud a montrĂ© que la personnalitĂ© psychique se construit dans une histoire infantile dans laquelle les relations affectives sont dĂ©terminantes. Chacun intĂ©riorise consciemment ou inconsciemment l'image que les autres lui renvoient, chacun rĂ©pond aux demandes adressĂ©es par les autres et s'il arrive que ce soit pour le meilleur, c'est aussi souvent pour le pire. Le regard, les jugements des autres ne sont pas inoffensifs. Ils induisent des effets rĂ©els dans la conscience qu'un sujet prend de lui-mĂȘme. III DĂ©passement. La subjectivitĂ© est toute pĂ©nĂ©trĂ©e d'intersubjectivitĂ©, soit. Cela ne signifie pas qu'une intĂ©rioritĂ© puisse mieux se saisir que dans un mouvement rĂ©flexif. Or la rĂ©flexion est par dĂ©finition une opĂ©ration ne mettant en jeu qu'un sujet essayant de clarifier sa prĂ©sence Ă lui-mĂȘme. Par exemple, mĂȘme s'il est vrai qu'une identitĂ© ne prend conscience de sa singularitĂ© que par la mĂ©diation d'une altĂ©ritĂ©, ce ressaisissement de soi-mĂȘme ne s'effectue que dans la solitude d'un effort personnel. Par exemple encore, j'ai dĂ©veloppĂ© mes ressources en pensĂ©e par la frĂ©quentation des grands penseurs mais c'est solitairement que je peux prendre conscience de ce que penser veut dire et surtout de ce que la pensĂ©e m'assigne comme essence » Hegel. J'ai pris conscience d'ĂȘtre une libertĂ© dans la confrontation parfois violente avec d'autres libertĂ©s mais cette prise de conscience, nul ne peut l'opĂ©rer Ă ma place. J'ai eu besoin du regard des autres, de la prĂ©sence d'autres consciences en dehors de moi pour prendre de la distance avec moi et devenir capable de me juger comme une autre conscience peut le faire. Mais si la prĂ©sence de l'autre est un catalyseur, elle ne saurait me dispenser de juger par moi-mĂȘme. Et l'on sait combien les passions oeuvrant dans les rapports humains sont de puissants motifs d'aveuglement. Notre propre intĂ©rĂȘt, disait Pascal, est un merveilleux instrument pour nous crever les yeux agrĂ©ablement ». La solitude dĂ©livre du dĂ©sir de paraĂźtre, de jouer des rĂŽles convenus, de s'abandonner aux facilitĂ©s de la mauvaise foi ou de l'amour propre. On s'avoue dans le face Ă face solitaire avec soi ce que l'on n'avoue que rarement aux autres. La solitude est nĂ©cessaire Ă une certaine sincĂ©ritĂ© il faut relativiser car il n'est pas rare que les hommes se mentent Ă eux-mĂȘmes, mĂȘme dans la solitude et mĂȘme s'ils ne sont pas tout Ă fait dupes de leurs mensonges, mais si elle est une condition propice, elle ne saurait se passer du commerce avec les autres car sa fĂ©conditĂ© tient au fait qu'elle est ressaisissement de ce qui s'est construit et approfondi dans une expĂ©rience intersubjective. Conclusion Seul peut prendre conscience de soi celui qui est advenu Ă la conscience et Ă la capacitĂ© de synthĂ©tiser la multiplicitĂ© et la diversitĂ© de ses Ă©tats dans l'unitĂ© et l'identitĂ© d'un Je. L'ĂȘtre coupĂ© de tout rapport humain est inapte Ă ces opĂ©rations. Il est condamnĂ© par l'isolement Ă l'hĂ©bĂ©tude d'une condition sauvage. Le sauvage est un animal stupide et bornĂ© » disait Rousseau. Reste que si l'intersubjectivitĂ© est une condition de la subjectivitĂ©, celle-ci ne s'Ă©claircit jamais mieux que dans la solitude d'un effort personnel. Solitude si peuplĂ©e de la prĂ©sence des autres que le champion du solipsisme lui-mĂȘme, atteste de l'ĂȘtre relationnel de l'homme. Descartes n'est pas seul. Il a besoin du dieu trompeur pour s'assurer de lui-mĂȘme et si la certitude de Dieu est quasi contemporaine de la certitude de lui-mĂȘme, c'est que Dieu est peut-ĂȘtre l'autre absolutisĂ©. Partager MarqueursaltĂ©ritĂ©, autrui, conscience, identitĂ©, intersubjectivitĂ©, langage, pensĂ©e, solipsisme, solitude, subjectivitĂ©
III Que devient la conscience de soi quand on peut montrer quâelle subit une structuration externe ? Conclusion 4/ Utiliser ses connaissances Freud : dĂ©nonciation du peu de
1 la vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation de soi On a dĂ©jĂ indiquĂ© plusieurs fois que la vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation de soi ne pouvait pas ĂȘtre simplement pensĂ©e Ă partir de lâidĂ©e dâune adĂ©quation entre une image intĂ©rieure et une rĂ©alitĂ© extĂ©rieure et quâelle devait aussi et avant tout ĂȘtre pensĂ©e Ă partir de la place de la reprĂ©sentation de soi dans lâaccomplissement de son essence. Toute reprĂ©sentation qui nâen participe pas peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme trompeuse, car elle me dĂ©tourne de ma vĂ©ritĂ©. Il sâagit donc cette fois de la vĂ©ritĂ© de lâexistence, de sa capacitĂ© Ă ĂȘtre en vĂ©ritĂ©, Ă laquelle est subordonnĂ©e toute objectivation de soi. DĂšs lors, la question de la vĂ©ritĂ© ou de la non-vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation de soi nâest pas purement gnosĂ©ologique, mais elle est Ă©galement pratique, puisquâelle engage le sens de mon action, et Ă©thique, puisquâelle dĂ©termine mon devoir ĂȘtre. On comprend alors que ce fut peut-ĂȘtre un tort de trop limiter lâinterrogation sur le caractĂšre trompeur ou non des reprĂ©sentations de moi-mĂȘme Ă la seule sphĂšre solipsiste et quâil nây a peut-ĂȘtre de rĂ©ponse Ă cette question quâĂ partir de notre ĂȘtre au monde. Notamment, lâinterdit Ă©thique du mensonge, qui est au cĆur de la rĂ©flexion morale de saint Augustin Ă Kant mĂȘme si ensuite Nietzsche va le mettre en cause, mĂȘme quand il passe du statut de reprĂ©sentation subjective Ă celui de reprĂ©sentation objective universelle que toute subjectivitĂ© doit vouloir, demeure tout de mĂȘme une auto-dĂ©termination dont on peut douter de la force dâobligation. La reprĂ©sentation de son soi Ă©thique ne vient-elle que de soi ou bien ne trouve-t-elle pas plus de force quand elle vient du monde ou quand elle vient dâautrui qui me demande, dans une situation concrĂšte, qui je suis ? Certes, dans la reprĂ©sentation de moi-mĂȘme, je peux ĂȘtre dans le mensonge, dans lâillusion volontaire, dans le bavardage de celui qui ne cesse de mettre sa vie en scĂšne et finit par oublier de la vivre, ou encore dans cette vaine curiositĂ© qui me fait mâattacher Ă tout ce qui en moi est Ă©trange, particulier, Ă tout ce qui me sort de lâordinaire, mais quâest-ce qui peut me libĂ©rer de cela si ce ne sont les devoirs que le monde et autrui me donnent ? Tant que je ne fais que mâobliger moi-mĂȘme ma reprĂ©sentation de moi-mĂȘme ne risque-t-elle pas dâĂȘtre toujours trompeuse, car me dĂ©tournant de la vĂ©ritĂ© de mon existence. ? Selon cette nouvelle perspective, la reprĂ©sentation peut sans doute sâĂ©loigner de son sens latin, voire romain disent certains, de la maĂźtrise de soi, pour prendre la signification, dĂ©jĂ suggĂ©rĂ©e avec la dimension temporelle, dâun acte de prĂ©sence, dâune ouverture Ă ce qui sâannonce, dâune ouverture Ă lâavenir, dans la mesure oĂč le monde et autrui me donnent mon avenir en me requĂ©rant, en appelant ma prĂ©sence toujours vigile, ma prĂ©sence toujours renouvelĂ©e, ma re-prĂ©sentation au sens purement verbal du terme cette fois. DĂšs lors, se voir, ce nâest ni seulement se voir tel que lâon fut, ce nâest ni seulement se voir dans le pur prĂ©sent du je pur, mais câest Ă©galement se prĂ©-voir, non au sens de figer lâavenir dans des reprĂ©sentations dĂ©jĂ lĂ , mais au sens dâĂȘtre disponible Ă ce qui sâannonce, Ă la nouveautĂ© de ce qui ne donne, Ă ce qui se donnant Ă lâĂ©tat naissant me permet de renaĂźtre Ă moi-mĂȘme sans cesse, car le rĂ©el en moi est Ă la fois ce qui est au fond de moi et ce que je nâattendais pas. Tant que mes objectivations passĂ©es sont la vĂ©ritĂ© de mon avenir jâai Ă©tĂ© lĂąche et je le resterai, je nâai pas dâavenir. Je nâai vraiment un avenir, au sens de ce qui nâest pas encore lĂ , au sens de capacitĂ© que je ne connais pas encore, que si la source de ma reprĂ©sentation de moi-mĂȘme nâest pas moi-mĂȘme, mais ce qui se donne Ă moi hors de toute attente. La disponibilitĂ© Ă lâimprĂ©visible deviendrait ce qui rend la reprĂ©sentation de soi non trompeuse. Mais ce sera bien alors la ruine de la reprĂ©sentation » au sens kantien, pour reprendre la formule de Levinas, car cette fois je ne suis pas simplement ce que je mets en moi et ce sont les autres et le monde qui me constituent pour que je puisse me constituer. 2 Agir et non pas se raconter Il est important dâenvisager la dimension pratique de la question dans la mesure oĂč la reprĂ©sentation de soi relevant de la vaine curiositĂ© peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un rapport inauthentique Ă soi qui paralyse lâaction. On a insistĂ© dans la deuxiĂšme partie sur lâidĂ©e que le rĂ©cit de soi, sous certaines conditions tout de mĂȘme, peut devenir une dimension de son existence, ce qui donne une consistance Ă son ĂȘtre. Autrement dit, on a dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© lâidĂ©e que ce nâest pas simplement parce que lâon est que lâon se reprĂ©sente, mais quâil est nĂ©cessaire de se reprĂ©senter pour ĂȘtre. Mais il est possible maintenant dâenvisager la dimension plus nĂ©gative du rĂ©cit de soi, au-delĂ mĂȘme de la question de la mauvaise foi et de lâorgueil, dans la mesure oĂč le danger est rĂ©el de se raconter au lieu de vivre. DerriĂšre ce renversement il y a une autre figure du soi », puisquâon peut se demander si le vrai soi est le soi thĂ©orique ou le soi pratique. Quâest-ce qui est le plus moi-mĂȘme le moi empirique, le je pur, ou bien ce que jâai Ă faire ou encore lâensemble de mes actes libres, de mes rĂ©solutions ? Sartre propose justement une alternative existentielle dans La nausĂ©e, car si lâhomme aime se raconter et transformer lâĂ©vĂ©nement le plus banal en aventure, si tout homme est pris dans ses histoires et dans celles dâautrui, Mais il faut choisir vivre ou raconter », comme il a pu Ă©galement montrer dans Lâimaginaire que le moi rĂ©el et le moi imaginaire par essence ne peuvent coexister. Pour revenir Ă La nausĂ©e, câest lâhistoire dâun homme qui se rend compte du vide de son histoire et mĂȘme de lâinanitĂ© de toute histoire. Quelque part dans une ville de province, le jeune Roquentin, historien, existe sans avoir ce quâest sa propre existence. Il est absorbĂ© dans des histoires quâil raconte, dans des reprĂ©sentations passĂ©es dĂ©pourvues de toute actualitĂ©, et il comprend alors que sa propre vie est au passĂ© », quâelle est une vie sans vie, et quâil est incapable de se reprĂ©senter ce quâil doit ĂȘtre au prĂ©sent. Il fait alors face au vide de son existence, incapable de sâappuyer sur la reprĂ©sentation de son propre passĂ©. Il est littĂ©ralement jetĂ© dans le prĂ©sent, mais dans un prĂ©sent vide sans aucune possibilitĂ© de maĂźtrise liĂ©e Ă la reprĂ©sentation dâun chez soi, dâune place dans le monde qui serait la sienne. Finalement transformer sa banalitĂ© quotidienne en aventure dans un bavardage sur soi, câĂ©tait une autre façon de tenter de fuir cette expĂ©rience terrible de la contingence radicale de notre existence que dĂ©crit justement La nausĂ©e. Pour Sartre aucune explication historique, ni thĂ©ologique, ne pourra me dire qui je suis et il faut sans doute passer par cette expĂ©rience de lâabsurde, qui a valeur de rĂ©duction phĂ©nomĂ©nologique chez Sartre. Exister, câest ĂȘtre simplement lĂ et aucune reprĂ©sentation de son passĂ© ne donnera une consistance au cogito et pire encore elle Ă©loignera le moi de lui-mĂȘme. Câest le projet de reprĂ©sentation de soi qui est en lui-mĂȘme trompeur et conduit Ă cette situation limite du monologue de Roquentin Je suis, jâexiste, je pense donc je suis ; je suis parce que je pense, pourquoi est-ce que je pense ? Je ne veux plus penser, je suis parce que je pense que je ne veux pas ĂȘtre ». Sartre durcit le trait afin de souligner le caractĂšre vain, voire obscĂšne, de la reprĂ©sentation de soi qui finit par ĂȘtre une glu pour lâexistence, pour la libertĂ©. Le rĂšgne de la reprĂ©sentation, câest lâhomme capturĂ© par lui-mĂȘme et enfermĂ© dans la prison de ses fantasmes ; câest lâhomme enfermĂ© dans lâimmanence. Or, dans ce roman philosophique, Sartre dĂ©crit comment depuis lâexpĂ©rience du vide de notre ĂȘtre il est possible de se donner une consistance, de transformer une existence dâabord absurde en une existence sensĂ©e. Le sens de son existence nâest donc pas ce qui serait toujours dĂ©jĂ lĂ et disponible dans une reprĂ©sentation de soi, mais il est ce que lâon se donne par ses actes, ce que lâon ne doit cesser de se donner. De ce point de vue, le nĂ©ant est bien un mode de la donnĂ©e Ă soi-mĂȘme, puisquâil ouvre Ă lâavoir Ă ĂȘtre non anticipable dans une reprĂ©sentation. Sartre donne bien alors Ă penser quâil y a deux types dâexistence lâexistence qui se fige dans des reprĂ©sentations de son passĂ©, qui est obsĂ©dĂ©e Ă lâidĂ©e de dĂ©gager un en soi » de soi, et celle qui se libĂšre dâelle-mĂȘme, qui se nĂ©antise, qui dĂ©couvre la transcendance de lâego, pour ĂȘtre toujours crĂ©atrice dâelle-mĂȘme en agissant dans les situations que le monde nous impose. La libertĂ© est une tĂąche Ă renouveler sans cesse que Sartre dĂ©finit ainsi dans LâĂtre et le NĂ©ant La libertĂ© qui se manifeste par lâangoisse se caractĂ©rise par une obligation perpĂ©tuellement renouvelĂ©e de refaire le Moi qui dĂ©signe lâĂȘtre libre ». p. 70. La libertĂ© du moi est de se donner son propre futur par ses actes libres et il nây a que de cette maniĂšre, et non par la reprĂ©sentation du passĂ©, que lâon peut surmonter la contingence de son existence. La thĂšse classique de Saint Thomas dâAquin est operari sequitur esse, lâagir suit lâĂȘtre, mais lĂ il est possible de renverser la proposition et dire que lâĂȘtre suit lâagir ; il y a un rejaillissement du vĂ©ritable agir sur lâĂȘtre qui en est lâagent. Ainsi la libertĂ© fonde la reprĂ©sentation vraie. 3 La re-prĂ©sentation de soi par et pour autrui La reprĂ©sentation de soi ne possĂ©dera jamais la certitude de la reprĂ©sentation des mathĂ©matiques, non parce quâil nây a pas de certitude, mais parce que sa certitude est dâune tout autre nature que la certitude dâentendement des mathĂ©matiques liĂ©e Ă la transparence de lâesprit Ă lui-mĂȘme dans la considĂ©ration dâun objet produit par le sujet. La certitude de soi est dâune autre nature et relĂšve plus de ce quâon appelait une certitude morale. Mais comme on lâa vu la certitude de la reprĂ©sentation de ce que je dois faire a certes avant tout une signification Ă©thique, celle de la conscience de ma responsabilitĂ© insubstituable, mais on peut pour terminer se demander si cette reprĂ©sentation de soi comme responsable, si cette veille du soi Ă©thique qui ne cesse de tenter de ne pas sâendormir, vient des seules forces du sujet ou bien si elle ne trouve pas sa source dans lâappel dâautrui, dans lâappel du monde. Cette reprĂ©sentation comme veille Ă©thique serait alors une prĂ©sence sans transparence, puisque dans une situation qui mâinterpelle je sais que câest Ă moi dâagir, sans pouvoir me dĂ©lester sur un autre de cette tĂąche, mais sans savoir nĂ©cessairement ce que jâai concrĂštement Ă faire. Lâinjonction me surprend sans pour autant mâapprendre ce que je dois faire et câest du coup ce qui me pousse Ă tenter de me reprĂ©senter ce que je dois faire dans la circonstance prĂ©sente. Lâappel dâautrui dans sa dĂ©tresse me convoque et est la vraie source dâune reprĂ©sentation de soi qui ne serait pas trompeuse en ce quâelle rĂ©pond Ă une situation concrĂšte me demandant qui je suis suis-je celui qui dĂ©tourne la tĂȘte ou suis-je celui qui sâengage ? Câest une façon de dire quâon ne peut accĂ©der Ă son essence, quâon ne peut se voir, que de maniĂšre indirecte en passant par le monde et par autrui. Câest en rĂ©pondant Ă autrui, en agissant, que je peux me connaĂźtre et ainsi accĂ©der Ă une reprĂ©sentation de mon essence. Toute reprĂ©sentation directe de soi, mĂȘme celle du je pur, serait alors trompeuse, dans la mesure oĂč câest en mâouvrant au monde et en me risquant dans le monde, donc en tant que sujet exposĂ©, que je peux savoir qui je suis. Tout le reste nâest peut-ĂȘtre que littĂ©rature. Autrement dit, je ne peux me comprendre que si je mâoublie en me donnant, et câest en tant que je me donne dans ma rĂ©ponse que je peux approcher de mon vrai soi. Levinas radicalise cette thĂšse en partant dâune critique de la reprĂ©sentation dans son sens kantien en ce quâelle sâen tient Ă lâidentitĂ© qui ramĂšne tout au mĂȘme et manque lâipsĂ©itĂ©. Si Kant dans la prĂ©face de la seconde Ă©dition de la Critique de la raison pure B XVIII fait du terme de reprĂ©sentation un concept central de la mĂ©taphysique de la subjectivitĂ© par un changement de mĂ©thode dans la façon de penser câest que nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mĂȘmes », Levinas veut lui effectuer une contre-rĂ©volution copernicienne afin de sortir dâune pensĂ©e de la reprĂ©sentation qui ne fait que rĂ©duire lâAutre au MĂȘme. Il Ă©crit dans TotalitĂ© et infini LâintelligibilitĂ©, le fait mĂȘme de la reprĂ©sentation, est la possibilitĂ© pour lâAutre de se dĂ©terminer par le MĂȘme, sans dĂ©terminer le MĂȘme, sans introduire dâaltĂ©ritĂ© en lui, exercice libre du MĂȘme. Disparition, dans le MĂȘme, du moi opposĂ© au non-moi ». p. 129 Justement Levinas montre quâil est impossible de dĂ©tacher le moi de la reprĂ©sentation des conditions oĂč il prend naissance, comme le visage, la souffrance ou la fraternitĂ©, et quâil est possible dâenvisager une autre intelligibilitĂ© du moi dans laquelle il est autre chose quâune totalisation continue de soi dans le prĂ©sent. Finalement, Levinas montre que la reprĂ©sentation de soi au sens de Kant et aussi de Hegel est trompeuse parce quâelle est aliĂ©nante en rĂ©duisant toute altĂ©ritĂ© en soi. Telle est la nouveautĂ© de sa thĂšse il veut mettre en lumiĂšre que seul le moi exposĂ© Ă lâaltĂ©ritĂ© et dĂ©pouillĂ© de lui-mĂȘme nâest pas aliĂ©nĂ©, comme il lâĂ©crit dans Lâintrigue de lâinfini p. 192. Il ne sâagit pas pour Levinas de renier toute reprĂ©sentation de soi, mais de donner Ă voir quâelle ne possĂšde une vĂ©ritĂ© que par rapport Ă un exil de soi et que lâexpĂ©rience de soi ne se rĂ©duit pas Ă la reprĂ©sentation de soi. Contrairement Ă la perspective ouverte par Sartre, il ne sâagit pas de dĂ©cider de sâoublier pour se dĂ©couvrir dans lâaction, mais dâentendre un Ignore-toi toi-mĂȘme » qui vient du visage toi-mĂȘme dâautrui, dâautrui comme visage, et qui me libĂšre de ma reprĂ©sentation pour me donner Ă voir dans ma rĂ©ponse, dans ma responsabilitĂ© illimitĂ©e antĂ©rieure Ă mon moi libre. Ainsi Levinas critique la Vorstellung, câest-Ă -dire selon lui la reprĂ©sentation au sens kantien qui enferme le sujet en lui-mĂȘme, et mĂ©nage la VergegenwĂ€rtigung, câest-Ă -dire la reprĂ©sentation au sens husserlien, mĂȘme si le rassemblement de soi dans le prĂ©sent quâelle effectue manque la responsabilitĂ© pour lâautre. Il veut ainsi montrer que la reprĂ©sentation de soi dans le prĂ©sent ne vit que par un commandement rĂ©vĂ©lĂ© avant toute prĂ©sentation devant un sujet. Avant tout engagement, je suis responsable, otage dit Levinas dans une formule hyperbolique. DĂšs lors, si la conscience est bien re-prĂ©sentation, câest-Ă -dire rĂ©tention, mĂ©moire rĂ©miniscence selon Levinas, si elle est la libertĂ© du sujet en acte, ce rassemblement de soi quâest la conscience de soi ne vit que de lâexode de soi quâest lâeffraction dâautrui, qui nous fait exister au-delĂ de lâessence. Il Ă©crit dans Autrement quâĂȘtre ou au-delĂ de lâessence Le problĂšme consiste seulement Ă se demander si le commencement est au commencement ; si le commencement comme acte de la conscience nâest pas dĂ©jĂ prĂ©cĂ©dĂ© par ce qui ne saurait se synchroniser, câest-Ă -dire parce qui ne saurait ĂȘtre prĂ©sent â par lâirreprĂ©sentable ; si une anarchie nâest pas plus ancienne que le commencement et la libertĂ© » p. 257. Lâanarchie est ici ce qui ne peut pas entrer dans lâordre venant de la conscience, mais câest bien cet infini quâest autrui, qui me rĂ©vĂ©lant mon propre infini, fait vivre mes reprĂ©sentations finies de moi-mĂȘme en les maintenant ouvertes Ă lâexcĂšs de ce que je peux devenir sur ce que je suis au prĂ©sent. Câest dans cette ouverture que la reprĂ©sentation de moi nâest pas trompeuse. Ainsi, ce troisiĂšme temps a pu montrer que la reprĂ©sentation de soi nâest pas trompeuse quand elle ne cesse dâĂȘtre dĂ©faite par un appel qui est mon avenir absolu. Conclusion Les trois moments de ce travail ont permis de mettre en lumiĂšre en quoi la reprĂ©sentation de soi nâest pas trompeuse Ă la condition de commencer par se libĂ©rer de tout ce qui relĂšve de la Vorstellung frauduleuse, de la mise en scĂšne de soi dans laquelle je ne vois de moi-mĂȘme que ce que je veux y mettre, mĂȘme si cette Vorstellung a son utilitĂ© dans la vie sociale, puisquâelle rend possible les rapports de rĂŽle Ă rĂŽle, voire de masque Ă masque. Cela a conduit au projet dâune prĂ©sentification de soi, de la reprĂ©sentation de soi par un rassemblement dans le prĂ©sent de sa vie, notamment dans le rĂ©cit, Ă la condition de ne jamais figer un tel rĂ©cit. Mais pour concevoir une vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation de soi comme moi empirique, une adĂ©quation entre rĂ©cit et rĂ©alitĂ©, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire de montrer que cette reprĂ©sentation de soi doit sâenraciner dans un vrai commencement, celui du je pur, celui du libre regard sur le monde et sur soi. Câest donc bien un autre soi qui peut porter la reprĂ©sentation de son moi empirique, notamment dans le souvenir, mais il faut alors souligner que le sens de la reprĂ©sentation de soi change, car on est alors passĂ© de la question quoi » Ă la question qui ». Le je pur dĂ©gagĂ© par le doute et la rĂ©duction est, comme dit Levinas dans Hors sujet, une veille antĂ©rieure Ă tous les rĂ©veils ; ce nâest pas une mise en scĂšne de soi comme voyant, mais une prĂ©sence continue Ă soi dans lâacte de voir le monde, une nouvelle prĂ©sence toujours recommencĂ©e au sens dâune renaissance continuelle. Mais le dernier moment a voulu montrer que ce commencement dans sa dimension pratique et Ă©thique suppose toujours un autre commencement, celui du monde toujours dĂ©jĂ lĂ et dans lequel je dois agir, et lâeffraction dâautrui qui me force Ă me poser la question qui suis-je ? ». Or câest
Larencontre est avant tout un engagement du corps, un investissement de soi vers lâautre et de lâautre vers soi. Câest une rencontre matĂ©rielle plus quâimmatĂ©rielle; le corps, le visage, le regard, nous engagent dans lâaction et de cela dĂ©pend la rĂ©ponse dâautrui. La rencontre est tout Ă la fois opposition et coopĂ©ration
Au programme de notre dictionnaire de philosophie la conscience Table des MatiĂšres1 La conscience en philosophie2 DĂ©finitions gĂ©nĂ©rales du concept de conscience 3 Cours sur la notion de conscience4 DĂ©finitions particuliĂšres de philosophes sur la conscience / la subjectivitĂ© Dans l'AntiquitĂ©, la conscience n'existait pas seul le ânoosâ, l'esprit connaissant, avait une valeur. C'est la modernitĂ© philosophique qui a donnĂ© au sujet une conscience. Descartes l'a posĂ©e comme le socle de la connaissance car la conscience a rĂ©sistĂ© au doute mĂ©thodique, elle peut donc servir de fondement sur lequel s'Ă©difierait l'ensemble du savoir cf. La MĂ©taphysique de Descartes. Kant, Hegel, ou encore Sartre reprennent Ă leur compte cet acquis de la philosophie moderne. DĂ©finitions gĂ©nĂ©rales du concept de conscience â Du latin conscientia connaissance partagĂ©e avec un autre â Sens psychologique connaissance, intuition ou sentiment qu'un sujet possĂšde de lui-mĂȘme, de se Ă©tats et de ses actes â Sens moral capacitĂ© de formuler des jugements moraux, sur le bien et le mal Cours sur la notion de conscience Introduction Conscience » cum scientia latin. La conscience activitĂ© psychique qui fait que je pense le monde et que je me pense moi-mĂȘme. Et ce parce que la conscience est une mise Ă distance. La conscience est mise Ă distance De lâhomme face au monde De lâhomme face Ă lui-mĂȘme La conscience ce qui fait que je ne suis pas posĂ© dans le monde comme peut lâĂȘtre un objet mais que je me rapporte au monde, que je le vise, que je mây projette. Etre conscient, câest sentir, agir, penser et savoir que je sens, que je pense et que jâagis. Lâhomme nâest pas posĂ© dans le monde, il sây rapporte. Par la conscience, le monde devient objet de connaissance et de rĂ©flexion. Etre conscient des actes accomplis et des pensĂ©es Ă©laborĂ©es nâen fournit pas pour autant lâintelligibilitĂ©. De plus, la conscience est une mise Ă distance de lâhomme par rapport Ă lui-mĂȘme. Elle peut ĂȘtre ce qui lui inflige des expĂ©riences douloureuses ex la conscience morale, la culpabilitĂ©, le remords. Ex Crime et chĂątiment DostoĂŻevski avec le personnage de Raskolnikov aprĂšs le double meurtre de lâusuriĂšre et de sa sĆur. Par la conscience morale, lâhomme fait lâĂ©preuve dâactes dans lesquels il a du mal Ă se reconnaitre. En ce sens, la conscience signifie moins lâaccĂšs Ă une identitĂ© stable, dĂ©finie quâĂ une tĂąche Ă effectuer. ProblĂ©matique En quoi la conscience fait elle la grandeur et la misĂšre de lâhomme ? La conscience ce qui permet la connaissance La conscience permet Ă lâhomme de rĂ©pondre de ce quâil est. Ceci lâĂ©lĂšve au-dessus de lâanimal. Mais ce phĂ©nomĂšne est aussi ce qui le sĂ©pare de lâimmĂ©diatetĂ© et de lâinnocence de lâinstant. La conscience est donc synonyme de dignitĂ©, elle est ce qui permet Ă lâhomme de penser le monde et de se penser lui-mĂȘme. Mais cette dignitĂ© a un prix, elle est une libĂ©ration qui impose la nĂ©cessitĂ© de devoir rĂ©pondre de ses actes et de les assumer. ParallĂšlement Ă cela parce quâelle permet la pensĂ©e, elle est ce qui permet le questionnement philosophique. Si la conscience est ce qui permet le raisonnement philosophique, il semble nĂ©cessaire de sâinterroger sur lâorigine de cette interrogation. A la question connais-toi toi-mĂȘme », Socrate rĂ©pond je sais que je ne sais rien ». NĂ©gativitĂ© de la connaissance le savoir se pose ici comme la conscience de ne rien savoir. I Descartes La conscience va aboutir comme positivitĂ© fondatrice. Les mĂ©ditations mĂ©taphysiques. Cogito ergo sum » Remise en question des perceptions, des opinions et des jugements. Le doute est un outil, il est mĂ©thodique, radical et systĂ©matique. Il a pour but dâaboutir Ă la dĂ©couverte dâune vĂ©ritĂ© fondatrice, indubitable et certaine Ă partir de laquelle la science et la connaissance pourraient ĂȘtre refondĂ©es. On doute du plus simple au plus complexe le plus simple douter des 5 sens plutĂŽt que de douter de chacune de mes perceptions ce qui serait infini, il faut douter de ce qui permet la perception les 5 sens. Cf texte du morceau de cire et de la tour qui semble carrĂ©e et qui en fait est ronde. Les sens sont donc trompeurs. Si les sens sont trompeurs, il est nĂ©cessaire de douter ce qui fonde mes 5 sens le corps. Descartes doute de lâexistence de son propre corps. Mais si mes sens sont trompeurs, mes pensĂ©es peuvent aussi lâĂȘtre doute quant aux vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Comme celles-ci ne procĂšdent pas de lâexpĂ©rience et sont dans mon esprit, il faut bien quâun ĂȘtre les y ait mises. Douter de ces vĂ©ritĂ©s, câest donc nĂ©cessairement poser lâhypothĂšse de lâexistence dâun Dieu qui ne cesserait de me duper. DâoĂč lâhypothĂšse de lâexistence dâun malin gĂ©nie. DĂ©but de la conclusion je puis douter de toute mais pour douter il faut que je pense et pour penser il faut que je sois je pense, je suis. DĂšs que je pense et aussi longtemps que je pense, je suis. Lâunique certitude qui rĂ©siste au doute je pense donc je suis ». Mais cette vĂ©ritĂ© affirme le fait que jâexiste, elle ne me dit pas la nature de ce que je suis. Etre conscient dâexister ne mâinforme pas sur lâidentitĂ© de cet existant. La conscience peut-elle ĂȘtre objet de connaissance ? II La Conscience est une activitĂ© La conscience une activitĂ© qui accompagne mes reprĂ©sentations Kant Logique intro 1800 Contrairement Ă Descartes qui dĂ©finit la conscience comme une chose, Kant la prĂ©sente comme une activitĂ©. La conscience est une fonction nĂ©cessaire de la pensĂ©e mais ne me donne pas la connaissance de ce je que je suis. Pour identifier ce moi, il est nĂ©cessaire que le pouvoir dâindentification soit initialement dans la conscience, pouvoir dâidentification qui permet dâĂ©tablir la relation entre sujet et objet. Kant distingue la reprĂ©sentation » de la connaissance », la matiĂšre » de lâ intuition », la sensibilitĂ© », la forme », lâ entendement ». Selon Kant, la connaissance procĂšde de deux sources la sensibilitĂ© et lâentendement sans la sensibilitĂ© l'entendement est vide, sans lâentendement, la sensibilitĂ© est aveugle. cf. La Critique de la Raison Pure SensibilitĂ© facultĂ© par laquelle les objets me sont donnĂ©s rĂ©ceptivitĂ©, sensation. Entendement facultĂ© intellectuellepar laquelle les objets sont pensĂ©s facultĂ© de connaitre. FacultĂ© intellectuelle qui produit les concepts Ă partir desquels des intuitions sensibles sont reliĂ©es entre elles et ordonnĂ©es car subsumĂ©es. Subsumer » ranger une intuition sensible sous un concept, donc identifier, connaitre. Ex celui qui voit une maison pour la premiĂšre fois simple intuition. Celui qui voit une maison et qui a dĂ©jĂ dans son entendement le concept de maison en a la reprĂ©sentation. Le je » accompagne toutes mes reprĂ©sentations et les unifie. La conscience, le je » est originaire. Il est ce qui permet cette unification et la conscience de soi procure aux reprĂ©sentations leur cohĂ©rence. Pour que les reprĂ©sentations soient unifiĂ©es, il faut admettre ce pouvoir unificateur comme ce qui permet la connaissance, donc le penser comme originaire. La conscience est donc une activitĂ©, elle est un pouvoir de synthĂšse. Le sujet ne peut prendre conscience de lui-mĂȘme quâĂ travers cette activitĂ©. Comme, la conscience de soi ne peut apparaitre que lorsquâelle se rĂ©alise, elle ne peut pas ĂȘtre une connaissance de soi car elle est ce qui permet la connaissance. La conscience, lorsquâelle se prend elle-mĂȘme pour objet de pensĂ©e ne peut se penser Ă vide. Elle se pense Ă partir des contenus de pensĂ©e qui lâinvestissent. La conscience prĂ©sente ainsi un caractĂšre paradoxal, elle est ce qui permet la connaissance de lâobjet, mais elle ne peut ĂȘtre elle-mĂȘme objet de connaissance. La conscience immĂ©diate et la conscience rĂ©flĂ©chie, la connaissance du monde, la connaissance de soi. La conscience de soi se dĂ©finit comme la possibilitĂ© pour le sujet de prendre pour objet de connaissance ses Ă©tats de conscience la conscience se retourne sur elle-mĂȘme pour penser ses contenus de pensĂ©e. La conscience participe ainsi de deux mouvements La conscience immĂ©diate elle est celle qui accompagne les actes du sujet avoir conscience de quelque chose La conscience rĂ©flĂ©chie celle dans laquelle le sujet se pense lui-mĂȘme comme conscient de quelque chose. Exemple Kant le passage de la simple conscience de soi Charles veut manger » Ă je veux manger » la conscience de soi Kant Avant il se sentait, maintenant il se pense » Les deux mouvements fonctionnent ensemble toute conscience est toujours conscience de quelque chose et je ne peux prendre conscience de ce que je suis quâen me regardant au travers des actes accomplis la conscience rĂ©flĂ©chie prĂ©suppose la pensĂ©e immĂ©diate. De la mĂȘme façon, le sujet ne peut avoir conscience de quelque chose que parce quâil sây sait prĂ©sent je nâai conscience du monde que pace que je suis conscient dây ĂȘtre la conscience immĂ©diate prĂ©suppose la conscience rĂ©flĂ©chie. Elles sont donc inscrites dans une activitĂ©, dans un mouvement, donc dans une temporalitĂ© qui entrelace la conscience immĂ©diate et celle rĂ©flĂ©chie sans pour autant les faire coĂŻncider. Cette absence de coĂŻncidence avec soi clairement chez Bergson. Cette non coĂŻncidence apparait avec la notion de durĂ©e. Le mouvement effectuĂ© inscrit la conscience dans la durĂ©e. La conscience Ă©tablit une relation entre le passĂ©, le prĂ©sent et lâavenir. III La conscience et la temporalitĂ© Texte de Bergson lâĂ©nergie spirituelle La conscience est conservation du passĂ©. La conscience est mouvement vers lâavenir. Donc la conscience est un lien entre le passĂ© et lâavenir car câest le rapport Ă la mĂ©moire et au projet qui caractĂ©rise la conscience. Bergson lie le savoir Ă la mĂ©moire et Ă lâanticipation. La mĂ©moire est une fonction du passĂ©. La conscience est attention portĂ©e au prĂ©sent. Elle est donc fondamentalement pratique. La conscience chez Bergson est une chose concrĂšte, câest-Ă -dire une rĂ©alitĂ© dont nous faisons lâexpĂ©rience Ă chaque instant. Elle apparait dâautant plus clairement quâelle se rĂ©alise Ă chaque rapport au monde car elle accompagne chacune de nos perceptions et chacun de nos actes. La conscience se caractĂ©rise par la mĂ©moire une conscience sans mĂ©moire serait une conscience inconsciente », une conscience sans conscience dâelle-mĂȘme une conscience qui ne pourrait jamais rien identifier et serait ainsi confrontĂ©e Ă un perpĂ©tuel inconnu. Or la conscience est le lieu dans lequel les Ă©vĂ©nements sâimpriment. Elle se dĂ©finit dâabord par la perception des objets qui nous environnent et cette perception implique la mĂ©moire percevoir, câest se souvenir » Bergson Etre conscient », signifie ĂȘtre capable dâeffectuer le lien entre un Ă©vĂ©nement prĂ©sent et un Ă©vĂ©nement passĂ© afin que celui prĂ©sent puisse ĂȘtre identifiĂ©, reconnu et que je puisse agir dans le monde et donc y vivre. La conscience est aussi tension vers lâavenir, anticipation car agir dans le prĂ©sent signifie nĂ©cessairement sâengager dans ce que ce prĂ©sent va devenir. Si la conscience rapporte lâĂ©vĂ©nement prĂ©sent Ă celui passĂ© pour pouvoir identifier celui prĂ©sent, si la conscience est relation Ă lâĂ©vĂ©nement prĂ©sent Ă partir de lâavenir quâil annonce, quelle relation la conscience peut-elle avoir avec le prĂ©sent ? Si la conscience est en relation avec ce qui nest plus le passĂ©, et ce qui nâest pas encore lâavenir quelle relation a-t-elle avec ce qui est lâinstant prĂ©sent ? Lâinstant prĂ©sent est par nature fugace, fugitif commencer Ă percevoir lâinstant prĂ©sent signifie quâil nâest dĂ©jĂ plus du prĂ©sent mais dĂ©jĂ du passĂ© car la pensĂ©e sây applique lâinstant est alors dĂ©jĂ un souvenir. De la mĂȘme façon, anticiper le prĂ©sent est impossible. Lâinstant nâexiste pas dĂšs quâil apparait, il nâest dĂ©jĂ plusil est dĂ©jĂ du passĂ©, aussi longtemps quâil est attendu, il nâest pas câest de lâavenir. DĂšs lors, le prĂ©sent nâest quâune durĂ©e participĂ©e par le passĂ© immĂ©diat et lâavenir imminent. Le prĂ©sent, câest quelque chose qui dure. LĂ oĂč Descartes voyait la conscience comme une chose qui pense, Bergson voit une chose qui dure, qui sâĂ©coule. Pour Bergson, la conscience est progrĂšs et son inspiration dans la durĂ©e fait que lâhomme est ce quâil fait et fait ce quâil est. Si la conscience est happĂ©e par le passĂ© et tendue vers lâavenir, la conscience est mouvement, visĂ©e. IV Toute conscience est conscience de quelque chose » Husserl. Tout cogito porte en lui son cogitatum auquel elle se relie et dont il se distingue. La conscience est toujours relation avec autre chose quâelle-mĂȘme. Il y a toujours une distance entre la conscience et lâobjet quâelle vise. MĂȘme lorsque la conscience prend pour objet de pensĂ©e ses contenus de pensĂ©e ex ses souvenirs ⊠elle ne parvient pas Ă les penser tels quâils Ă©taient au passĂ© parce quâelle ne peut les apprĂ©hender que relativement au prĂ©sent dans lequel elle est. La conscience est projet, visĂ©e du monde, elle est intentionnalitĂ© ». IntentionnalitĂ© visĂ©e, projection vers le monde. La conscience nâest plus lue comme une intĂ©rioritĂ© close sur elle-mĂȘme, elle est visĂ©e, projection. Avant dâĂȘtre rĂ©flexive, retour sur elle-mĂȘme, la conscience est initialement relation au monde en tant que je suis un ĂȘtre qui dĂ©sire, qui agit et qui anticipe. Parce quâelle sâanticipe, la conscience est donc toujours dĂ©jĂ au-delĂ dâelle-mĂȘme, elle est visĂ©e dâun ailleurs pour orienter son agir dans le monde. La conscience est donc donatrice de sens, de signification. La signification nâest pas dans la chose, câest la conscience qui donne leur sens aux choses quâelle vise et quâelle perçoit. Mais si la conscience est donatrice de sens, si elle ne se rĂšgle plus sur lâobjet pour le connaĂźtre mais fournit un sens Ă lâobjet, alors la conscience ne peut plus ĂȘtre pensĂ©e comme le lieu dâune vĂ©ritĂ© unique, absolue. Il apparait alors lĂ©gitime de se poser la question suivante penser la conscience comme prĂ©valant sur la conscience, est-ce une vĂ©ritĂ© ou une simple interprĂ©tation ? V La mise ne doute de la suprĂ©matie de la conscience sur le corps. Texte de Nietzsche Aurore » 1880 La conscience nâest que le simple Ă©cho du corps qui la porte au monde. Plus que cela, ne serait-ce pas une simple interprĂ©tation que lâon aurait posĂ©e comme vĂ©ritĂ© pour des raisons morales, pratiques ? Si la conscience est donatrice de sens, penser la conscience comme supĂ©rieure au corps, nâest-ce pas une simple interprĂ©tation plutĂŽt quâune vĂ©ritĂ©, une croyance et non un Ă©tat de fait ? Avec le cogito, Descartes avait signalĂ© la sĂ©paration de lâĂąme et du corps. Cependant, Descartes, affirmant par la suite que je ne suis seulement logĂ© dans mon corps ainsi quâun pilote en son navire », il finit par rĂ©unir lâĂąme et le corps car lâexpĂ©rience de la faim et de la douleur physique montre que le corps peut troubler la pensĂ©e. Et cette rĂ©union nâest pas sans consĂ©quences car elle conduit nĂ©cessairement Ă sâinterroger sur lâinfluence du corps sur la conscience et de la conscience sur le corps. Cette interrogation est fondamentale dans lâĆuvre de Nietzsche. La conscience selon Nietzsche Traditionnellement, la mĂ©taphysique et la philosophie ont toujours pensĂ© la conscience comme ontologiquement supĂ©rieure au corps. Ceci nâest quâun postulat avancĂ© pour des raisons pratiques et morales elles servent Ă responsabiliser lâhomme quant Ă ce quâil est et ce quâil fait, Ă le rendre coupable et justifie ainsi le chĂątimentâŠ. Avant cela, la mĂ©taphysique avait dĂ©jĂ posĂ© tout ce qui est immatĂ©riel comme ontologiquement supĂ©rieur au sensible lâĂąme, lâesprit, la conscience sont donc valorisĂ©s et le corps, le sensible dĂ©prĂ©ciĂ©. Nietzsche opĂšre un reversement de cette hiĂ©rarchie il pose la conscience comme dĂ©rivative du corps la conscience est une Ă©volution derniĂšre et tardive du systĂšme organique ». Selon Nietzsche, le corps est premier, il est pluralitĂ© de forces, de pulsions qui luttent les unes contre les autres, les unes avec les autres. Ces forces constituent ce que Nietzsche appelle la volontĂ© de puissance » force qui cherche son propre accroissement, qui est toujours en devenir⊠Le Moi est donc multiple et lâindividu vit une pluralitĂ© de sensations, dâidentitĂ©s, de rĂŽles. RĂ©duire la conscience Ă une unitĂ©, câest vouloir enfermer lâhomme dans une identitĂ© unique, câest vouloir le rĂ©duire Ă un seul rĂŽle et ce rĂŽle est dĂ©fini par la philosophie comme celui de lâ animal rationnel ». Or, selon Nietzsche Tout acte de volontĂ© comporte premiĂšrement une pluralitĂ© de sentiments ». LâunitĂ© du je pense » nâest donc quâun prĂ©jugĂ©, une illusion de la grammaire qui laisse croire que le je » dĂ©cide de la pensĂ©e alors quâen fait le je » nâest que la consĂ©quence dâune multitude de luttes continuelles entre les diffĂ©rentes forces qui animent le corps. LâunitĂ© de la conscience est donc une illusion pratique car face Ă la pluralitĂ© du monde, il est rassurant de se penser comme une unitĂ© plutĂŽt que de se penser comme pris dans un devenir permanent et donc dâĂȘtre toujours autre Ă soi-mĂȘme. PremiĂšre illusion de la conscience la conscience se pose comme cause dâelle-mĂȘme, elle se croit substance et se pense comme Ă©tant Ă lâorigine de ses pensĂ©es. Or, la conscience nâest pas ce qui donne des ordres mais qui ne fait quâobĂ©ir Ă ce que le corps impose les pensĂ©es viennent Ă moi quand elles le veulent et non quand je le dĂ©cide ». La conscience nâest que le simple Ă©cho du corps. La conscience nâa accĂšs quâĂ la surface des que lâon connait les raisons qui nous font agir, câest en fait se mĂ©prendre car ces raisons fondamentales sont en profondeur et Ă©chappent Ă la surface. La croyance en lâego nâest donc quâune illusion, le Moi rationnel nâest quâun mythe, une fiction mĂ©taphysique et la souverainetĂ© de la conscience sur le corps, un fantasme. On peut alors comprendre le sens du cogito brisĂ© » chez Ricoeur le moi nâest pas transparent Ă lui-mĂȘme. Le Moi nâest pas une identitĂ© qui est donnĂ©e de façon dĂ©finitive au dĂ©part, une fois pour toutes ; mais une identitĂ© qui ne cesse de se construire au fur et Ă mesure ce qu'il nomme identitĂ© narrative. La conscience se manifeste ainsi par une certaine opacitĂ© Ă elle-mĂȘme. Conclusion La conscience se dĂ©finit, certes, par son activitĂ© quant Ă la connaissance, mais aussi par ses lacunes, ses errances, son opacitĂ©. En approchant lâhomme relativement Ă cette opacitĂ© de la conscience, force est de constater que celle-ci nâest pas transparente Ă elle-mĂȘme. Il y a en elle des choses qui lui Ă©chappent et qui signalent que par-delĂ ce que la conscience affirme dâautres choses se disent. Penser la conscience signifie donc aussi penser ce quâelle ne maĂźtrise pas au sein du psychisme et qui peut la remettre en question quant Ă son autoritĂ©. Cette remise en question passera par Nietzsche par la volontĂ© de puissance, par Marx dans le domaine social pour aboutir au thĂšme de lâinconscient chez Freud, inconscient qui induira ce constat fatal Le Moi nâest pas maĂźtre en sa propre maison » DĂ©finitions particuliĂšres de philosophes sur la conscience / la subjectivitĂ© â Descartes âMa propre pensĂ©e ou conscienceâ Discours de la mĂ©thode â Rousseau âConscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et cĂ©leste voix guide assurĂ© d'un ĂȘtre ignorant et bornĂ©, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable Ă Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralitĂ© de ses actionsâ Emile ou de l'Education â Kant âLa conscience est une reprĂ©sentation qu'une autre reprĂ©sentation est en moiâ Critique de la raison pure â Kant âLa conscience est la raison pratique reprĂ©sentant Ă l'homme son devoir pour l'acquitter ou le condamner en chacun des cas oĂč s'applique la loiâ Critique de la raison pratique â Hegel âL'homme est un ĂȘtre douĂ© de conscience et qui pense, c'est-Ă -dire que, de ce qu'il est, quelle que soit sa façon d'ĂȘtre, il fait un ĂȘtre pour soiâ PhĂ©nomĂ©nologie de l'Esprit â Bergson âLa conscience est la puissance de choixâ L'Evolution CrĂ©atrice â Alain âLa conscience est le savoir revenant sur lui-mĂȘmeâ DĂ©finitions â Sartre âLa conscience est le refus d'ĂȘtre substanceâ L'Etre et le NĂ©ant â Rabelais âScience sans conscience n'est que ruine de l'Ăąmeâ Panagruel â Dante âPourvu que ma conscience ne me fasse pas de reproches, je suis prĂȘt Ă subir la volontĂ© de la fortuneâ La Divine ComĂ©die
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Laconscience de soi peut ĂȘtre conscience de l'illusion sur soi : ie, en prenant conscience que je ne suis pas ce que j'ai conscience d'ĂȘtre, je peux mieux me connaĂźtre (Ă une condition Ă©videmment : que je ne sois pas fatalement dĂ©termiĂ©n par mon inconscient, que celui-ci ne soit pas un "destin" -d'oĂč, encore, l'intĂ©rĂȘt de recourir Ă
/ 05/09/2018 Comment amĂ©liorez votre vie personnelle avec la conscience de amĂ©liorer votre conscience de soi, vous devez dâabord vous concentrer sur votre passĂ© et vos Ă©motions. Comment ĂȘtes-vous arrivĂ© lĂ oĂč vous ĂȘtes maintenant, et comment pouvez-vous arriver lĂ oĂč vous voulez ĂȘtre dans la vie? Tirer les ressources dans votre esprit vous aidera Ă devenir familier avec faire personne a besoin de savoir, et de se faire confiance avant de pouvoir faire confiance aux autres. Ne comptez pas sur le jugement des autres, utilisez plutĂŽt votre propre jugement et cela vous fera vous sentir comme une nouvelle personne. Vous devriez toujours vous arrĂȘter et rĂ©flĂ©chir, pour que vous appreniez Ă vous faire confiance et Ă savoir qui vous ĂȘtes. Avec le monde en Ă©volution rapide dans lequel nous vivons maintenant, vous mettez probablement beaucoup de choses de cĂŽtĂ©, et parce que vous nâavez pas le temps. Prenez le temps pour vous et rĂ©flĂ©chissez avant de le vous regardez en arriĂšre sur votre vie, cherchez les choses qui vous ont fait que vous soyez comme vous ĂȘtes aujourdâhui. Essayez de travailler sur une attitude positive afin de devenir complĂštement vous-mĂȘme et retrouver cette conscience de Ă faire des choses qui vous rendent heureux et qui vous ont rĂ©ussi. Apportez du bonheur Ă vous-mĂȘme et aux autres, cela vous fera vous sentir bien, et vous apportera de la joie dans votre vie. Lorsque vous ĂȘtes heureux, vous aurez aussi moins de de la le yoga et mĂ©ditez pour vous aider Ă vous dĂ©velopper. La mĂ©ditation demande beaucoup de pratique, alors soyez patient lorsque vous utilisez des pratiques de yoga, et ne vous attendez pas Ă ce que les rĂ©sultats se produisent pendant la vos de vous redĂ©couvrir en Ă©crivant un journal. Ăcrivez sur ce que vous ressentez, ce que vous voulez dans la vie; enregistrer tout cela. Ăcrivez les rĂ©sultats pour voir votre progression. Cela vous aidera Ă dĂ©cider ce qui est important et ce qui ne lâest pas. Savoir ce qui est important et ce qui ne lâest pas fera ressortir la valeur en vous. ConnaĂźtre vos valeurs dans la vie est la clĂ© de la conscience de soi, et votre croissance personnelle, et votre bonheur. Vos valeurs parieront mieux chaque des des objectifs et des Ă©chĂ©ances lorsque vous voulez les accomplir. Agissez immĂ©diatement pour vous permettre dâapprendre et dâĂȘtre flexible. Ayez une Ă©tude dâesprit ouvert et apprenez des autres personnes. Trouver quelquâun pour vous soutenir dans vos objectifs, et vous Ă©couter lorsque vous avez besoin de parler de lâendroit oĂč vous voulez aller, vous aidera Ă les rendre plus facilement devez changer la façon dont vous avez fait les choses dans le passĂ©. De ce fait, vous apprenez par des erreurs, et ces erreurs se reproduiront plus. Vous voulez de nouveaux rĂ©sultats ? Ne faites plus les mĂȘmes grandit toujours en tant que personne une fois quâon construit sa conscience de soi. Vous accepterez vous-mĂȘme et les autres. Vous deviendrez plus autonome et motivĂ©. Lorsque votre conscience de soi grandira, vous bĂ©nĂ©ficierez davantage en tant que personne, et vous aurez plus de succĂšs dans tout ce que vous voulez faire dans votre de sa maĂźtre de votre vie. Ne laissez pas votre vie prendre le dessus et vous contrĂŽler. En vous comprenant vous-mĂȘme et votre esprit, vous apprenez Ă vous retrouver, Ă savoir ce qui a mal tournĂ© et Ă le rĂ©parer. Garder votre vie dans lâĂ©quilibre est trĂšs important pour garder votre conscience de soi, lĂ oĂč elle doit ĂȘtre, afin dâĂȘtre heureux. Cela ne peut quâajouter de la valeur Ă votre vie pour vous sentir gens heureux sont gĂ©nĂ©reux, et mĂȘme trĂšs gĂ©nĂ©reux. Donnez autant de vous-mĂȘme que possible, et poussez-vous Ă donner plus. Plus vous donnez le meilleur, plus vous le sentirez, et vous serez en mesure dâoublier les moments difficiles. Pensez que quand NoĂ«l arrive, essayez de choisir un cadeau spĂ©cial, enveloppez-le Ă une personne qui nâa conscience de soi pdf, la conscience de soi dĂ©finition, la conscience de soi est elle trompeuse, conscience de soi psychologie, conscience de soi Descartes, la conscience de soi est elle une connaissance de soi, conscience de soi citation, conscience de soi Hegel
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